La situation politique et économique a continué de se dégrader, favorisant les violations massives des droits humains, les enlèvements et une violence généralisée. Les personnes qui défendaient les droits humains et les journalistes ont été exposés à des risques accrus, l’impunité est restée endémique et des dizaines de milliers de Haïtiennes et Haïtiens ont demandé une protection internationale.
Contexte
L’assassinat, en juillet, du président haïtien, Jovenel Moïse, a mis en évidence une situation de violations massives des droits humains et de violence généralisée qui minait le pays depuis des années.
À la suite du séisme qui a frappé le pays en août, quelque 800 000 personnes ont eu besoin d’une aide, selon les estimations de l’ONU. Le Département d’État américain a déconseillé, à partir du mois d’août, tout voyage en Haïti en mettant en avant les risques suivants : enlèvements, criminalité, agitation sociale et COVID-19.
Défenseur·e·s des droits humains et journalistes
Les défenseur·e·s des droits humains et les journalistes risquaient de plus en plus de subir des agressions et des violations des droits humains.
Peu de progrès ont été observés dans l’enquête sur les homicides du journaliste Diego Charles, qui travaillait pour Radio Vision 2000 et était le cofondateur du site internet Larepiblik Magazine, et d’Antoinette Duclaire, militante politique et des droits humains ouvertement critique envers le gouvernement et cofondatrice de Larepiblik Magazine. Ces deux personnes ont été assassinées une semaine exactement avant le président, Jovenel Moïse. Les autorités n’ont pas protégé leurs proches, qui ont fait l’objet de menaces de mort et de manœuvres d’intimidation.
Impunité
Des organisations de la société civile ont cette année encore dénoncé l’impunité chronique et les dysfonctionnements de la justice dans le pays.
En avril, l’Observatoire haïtien des crimes contre l’humanité et la Clinique internationale de défense des droits humains de la faculté de droit de Harvard ont publié un rapport faisant état de la complicité présumée des autorités haïtiennes dans trois massacres commis entre 2018 et 2020 dans des quartiers pauvres. Ce rapport présentait des éléments montrant que ces attaques, menées par des gangs, avaient été cautionnées par des acteurs étatiques, et suggérait que ces actes pourraient constituer des crimes contre l’humanité.
Droits des personnes réfugiées ou migrantes
Au cours de l’année, des dizaines de milliers de Haïtiennes et de Haïtiens ont pris la route sur le continent, en empruntant souvent des itinéraires dangereux, notamment avec la traversée de la jungle du Darién, pour rejoindre le Mexique et les États-Unis. Or, ces deux pays ont eu recours à des politiques et des pratiques qui restreignaient l’accès à la protection internationale, et ont continué de procéder à des arrestations massives et des renvois forcés illégaux vers Haïti, le Mexique et le Guatemala, mettant ainsi en danger l’intégrité physique et la vie de milliers de Haïtiennes et Haïtiens3. En septembre, des images ont été diffusées montrant des gardes-frontières états-uniens à cheval en train de maltraiter et de railler des Haïtiennes et Haïtiens. Ces agissements ont été très largement condamnés4. Pourtant, pour la seule période allant du 19 septembre au 10 novembre, le gouvernement des États-Unis a renvoyé dans leur pays d’origine près de 9 000 Haïtien·ne·s migrants ou en quête d’asile, la plupart du temps sans leur permettre d’accéder aux procédures d’asile et sans procéder à des évaluations visant à déterminer leurs éventuels besoins en matière de protection, ce qui a accentué la crise5.
En septembre, plusieurs organes des Nations unies ont conjointement appelé les États du continent américain à adopter une approche régionale exhaustive concernant les personnes haïtiennes en mouvement et à leur accorder des mesures de protection, notamment l’asile ou d’autres solutions pour un séjour légal afin de permettre un accès plus effectif aux voies de migration régulières.
En octobre, la Commission interaméricaine des droits de l’homme a adopté une résolution soulignant la nécessité, à l’échelle de la région, d’améliorer la protection des personnes haïtiennes en mouvement. Malgré ces appels, au cours de l’année les États de la région n’ont généralement pas pris les mesures nécessaires pour protéger les personnes haïtiennes contre les nombreuses violations des droits humains qu’elles subissaient dans les pays d’accueil (arrestations et renvois forcés illégaux, chantage, racisme envers les personnes noires, violences liées au genre commises par des groupes armés, ou encore manque total de moyens de subsistance, entre autres) et un grand nombre de Haïtiennes et Haïtiens n’avaient qu’un accès restreint à des mesures de protection telles que l’asile6 et étaient en danger où qu’ils aillent.
Mexique. Les expulsions massives doivent cesser (AMR 41/4790/2021), 30 septembre