L’espace accordé à la liberté d’expression et à l’opposition était de plus en plus restreint. L’impunité dont bénéficiaient les groupes islamistes avait un effet paralysant sur la société civile et les voix d’opposition.
Contexte
L’archipel demeurait sensible au changement climatique et était confronté à un nombre croissant d’inondations, de pénuries d’eau douce et de phénomènes d’érosion. Le gouvernement s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2030, à condition de recevoir le soutien technique et financier nécessaire de la part de la communauté internationale. Les Maldives étaient l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique, ce qui allait avoir des conséquences sur les droits de ses habitant·e·s.
Liberté d’expression et de réunion
Tout au long de l’année, les forces de l’ordre ont régulièrement réprimé des manifestations, notamment celles de groupes d’opposition politique. Les journalistes qui couvraient ces manifestations ont aussi fait l’objet d’attaques et de harcèlement de la part de la police. Celle-ci a dispersé les manifestations au nom de la Loi de 2016 relative à la liberté de réunion pacifique et des consignes sanitaires liées à la pandémie de COVID-19.
Un nouveau projet de loi relative à la preuve incluait une disposition préoccupante qui obligerait les journalistes à révéler leurs sources, en violation des règles de déontologie des médias et du droit à la liberté d’expression.
Le 6 mai, l’ancien président Mohamed Nasheed a été visé par un attentat à l’explosif devant son domicile. Devenu président du Parlement maldivien, Mohamed Nasheed s’était élevé contre la corruption présumée et contre des groupes extrémistes opérant aux Maldives. Lui et quatre autres personnes ont été grièvement blessés dans l’explosion. D’après les médias, la police a déclaré que l’attentat avait été orchestré par des « sympathisants de l’État islamique ».
Une enquête était toujours en cours à propos du Réseau des Maldives pour la démocratie (MDN), une ONG très respectée qui a perdu son agrément et été interdite par les autorités en novembre 2019, et dont les comptes bancaires ont été fermés en 2020. Cette enquête portait sur des allégations de blasphème contre l’islam, en lien avec un rapport publié par l’organisation en 2016. Aucune enquête exhaustive, impartiale et transparente n’avait encore été menée à la fin de l’année à propos de la fermeture forcée du MDN.
Le gouvernement n’avait toujours pas réagi aux attaques commises en avril 2020 par des groupes extrémistes contre l’organisation de défense des droits de femmes Uthema. Ces groupes appelaient à interdire Uthema, qu’ils accusaient d’être « anti-islam ». Malgré les appels lancés par Uthema au gouvernement pour qu’il facilite la mise en place d’un dialogue entre elle et les groupes opposés à son travail, les autorités ont persisté dans leur inaction.
Liberté de religion
Une proposition de loi visant à punir pénalement les discours de haine a été présentée au Parlement en mai. Les médias ont affirmé que ce texte visait les groupes musulmans conservateurs et que la députée qui l’avait proposé avait reçu des menaces de la part de ces groupes.
Droit à la vérité, à la justice et à des réparations
Le 15 janvier, le président Ibrahim Mohamed Solih a nommé un médiateur en chef et deux médiatrices au Bureau du médiateur pour la justice de transition, mis en place en application de la Loi de 2020 sur la justice de transition. D’après la présidence, cette loi visait à mettre un terme à la culture de l’impunité, à renforcer l’état de droit, à empêcher de futurs abus de pouvoir, à garantir l’obligation de rendre des comptes et à apporter réparation aux victimes des violations commises entre le 1er janvier 1953 et le 17 novembre 2018.
Le 24 avril, des manifestant·e·s se sont réunis pour exprimer leur inquiétude au sujet du nombre croissant de cas de harcèlement et de violence contre des femmes et des enfants dans le pays. Ils dénonçaient l’incapacité des autorités à protéger les femmes et les enfants et à enquêter correctement sur les cas de harcèlement et de violence à leur encontre. Des manifestant·e·s ont déclaré avoir été menacés d’arrestation par la police.
En avril, sept ans après la disparition du journaliste Ahmed Rilwan, la Commission présidentielle d’enquête sur les meurtres et les disparitions forcées (DDCom) a annoncé que de nouveaux éléments allaient être transmis au parquet général dans cette affaire.
Le procès de six hommes accusés du meurtre du blogueur Yameen Rasheed en 2017 a subi de graves retards.
En février, la famille de Yameen Rasheed s’est inquiétée du manque de rigueur et de la négligence dont faisait preuve le parquet dans sa gestion du procès. En avril, la DDcom a appelé les autorités à accélérer la procédure.
Aucune enquête exhaustive, transparente, impartiale et indépendante n’avait été menée à la fin de l’année sur la mort du détenu Mohamed Aslam, survenue le 13 septembre à la prison d’Hulhumalé, ni sur les actes de torture qu’aurait subis Ahmed Siraj en garde à vue en 2020.