Albanie - Rapport annuel 2021

carte Albanie rapport annuel amnesty

République d’Albanie
Chef d’État : Ilir Meta
Chef du gouvernement : Edi Rama

Le Parti socialiste a été reconduit pour un troisième mandat à la tête du pays lors des élections législatives du mois d’avril. Le droit à la vie privée de quelque 900 000 personnes a été violé. Les femmes, les journalistes et les personnes LGBTI étaient toujours en butte à des violences. En l’absence d’organisme médical spécialisé, des décisions de la Cour européenne des droits de l’homme et de la Haute Cour n’ont pas pu être appliquées.

Droit Au respect de la vie privée

Début avril, quelques jours seulement avant les élections, l’existence d’une base de données illégale contenant les données personnelles de quelque 900 000 Albanais et Albanaises et utilisée par le Parti socialiste à des fins électorales a été dévoilée. Cent soixante-deux personnes ont porté plainte contre le Parti socialiste pour violation de la législation sur la protection des données. Deux autres bases de données ont été divulguées en décembre, ce qui a provoqué un tollé dans l’opinion publique. Celles-ci contenaient des données personnelles sur plus de 600 000 contribuables, notamment leur salaire, leur lieu de travail et le type de voiture qu’ils possédaient.

La Cour constitutionnelle a invalidé en juillet un certain nombre de dispositions de la Loi sur la police nationale, qui avait permis à celle-ci de se livrer à une surveillance de masse des citoyens et citoyennes sans autorisation préalable des tribunaux. Ces dispositions ont été considérées comme contraires à la Constitution, dans la mesure où elles imposaient des restrictions illégales au droit au respect de la vie privée.

Liberté d’expression

En avril, la Structure spéciale anticorruption a saisi la base de données contenant les données personnelles de 900 000 personnes (voir Droit au respect de la vie privée) que s’était procurée le site d’informations Lapsi.al, qui l’avait rendue publique. Cette mesure a suscité certaines inquiétudes quant à la liberté d’expression, à la protection des sources et à l’intimidation des journalistes. La Cour européenne des droits de l’homme a pris une mesure provisoire, ordonnant aux autorités de s’abstenir de saisir toute donnée qui était en possession de ce site d’informations.

Alors qu’il filmait une opération de police, au mois de juillet, le journaliste Ergys Gjencaj a été agressé par plusieurs agents. Il a été arrêté et son téléphone a été confisqué.

Traitements cruels, inhumains ou dégradants

À la suite de l’arrêt rendu par la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire Strazimiri c. Albanie, la Haute Cour a ordonné le transfert d’Arben Strazimiri depuis la prison où il se trouvait vers une institution médicale spécialisée, afin de mettre un terme au traitement inhumain et dégradant qui lui était infligé.

Droit à la santé

Le ministère de la Santé a décrété en août la vaccination obligatoire contre le COVID-19 pour les catégories les plus à risques, telles que le personnel médical, les enseignant·e·s et les étudiant·e·s.

Selon les services de la défenseure des droits, les personnes contaminées par le virus sont loin d’avoir toutes pu bénéficier du remboursement forfaitaire des soins médicaux auquel elles avaient droit. Les patient·e·s diagnostiqués entre mars et novembre 2020, ainsi que les personnes testées positives par des organismes de santé privés, n’ont pas pu prétendre à un remboursement de leurs médicaments.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexes

Les personnes LGBTI étaient toujours victimes de harcèlement et de discrimination. Une femme transgenre a été rouée de coups dans la rue. En juin, les services de l’état civil ont refusé d’enregistrer la parentalité de deux lesbiennes vivant en couple.

Violences faites aux femmes et aux filles

Lors de la campagne électorale du mois de mars, des candidates ont été la cible de discours de haine.
Les violences faites aux femmes ont suscité un tollé dans l’opinion publique. Début décembre, 2 754 ordonnances de protection avaient été prises, mais leur application laissait à désirer. Selon la police nationale, 30 % des meurtres commis en 2021 l’ont été par des hommes sur leur partenaire. À la fin de l’année, 16 femmes avaient été tuées par leur partenaire. Une femme a été tuée en mai au sein même du tribunal de district d’Elbasan, juste après une audience concernant son divorce.

Droit à un procès équitable

La réforme de la justice s’est poursuivie avec lenteur. La Cour européenne des droits de l’homme a confirmé la légitimité de la procédure de contrôle dans l’affaire d’une juge constitutionnelle démise de ses fonctions, après avoir examiné la requête formulée par celle-ci, qui estimait que ses droits à un procès équitable et à la vie privée avaient été bafoués.

Droits des personnes réfugiées ou migrantes

Le Premier ministre a annoncé en août que l’Albanie allait accueillir temporairement 4 000 personnes originaires d’Afghanistan. En octobre, 866 étaient arrivées et avaient officiellement obtenu une protection provisoire pour un an.

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