De nouveaux cas de renvoi forcé illégal (pushback) de personnes réfugiées ou migrantes ont été signalés. Une association majeure de lutte contre le racisme a été menacée de dissolution. La police a fait usage d’une force excessive contre des manifestant·e·s anticorruption.
Contexte
Aucun progrès n’a été réalisé lors des pourparlers qui se sont déroulés en avril à Genève entre les autorités chypriotes grecques et turques concernant la reprise de négociations formelles en vue de résoudre le problème chypriote (conflit persistant au sujet de l’administration de l’île).
Droits des personnes réfugiées ou migrantes
Cette année encore, des informations ont fait état de cas de renvois forcés illégaux en mer de personnes réfugiées ou migrantes vers le Liban, alors que ce pays a régulièrement renvoyé depuis 2019 des Syriens et Syriennes dans leur pays, où leurs vies étaient en danger. En août, il a été signalé que les autorités avaient intercepté deux embarcations transportant 89 personnes et les avaient renvoyées de force en Syrie, à l’exception de deux d’entre elles qui avaient besoin de soins médicaux et qui ont été séparées de leurs familles avant d’être transférées à
Chypre.
Plusieurs organes de défense des droits humains, entre autres, ont fait part de leurs inquiétudes concernant les conditions de vie dans les infrastructures d’accueil des personnes réfugiées ou migrantes et notamment les restrictions qui y ont été imposées en réponse à la pandémie de COVID-19.
En novembre, le président a demandé à l’UE une aide d’urgence pour la gestion des flux migratoires, notamment la suspension provisoire des demandes d’asile.
Liberté d’association
L’organisation antiraciste de premier plan KISA faisait toujours face à une procédure de dissolution à la suite d’un changement législatif ayant eu lieu en 2020. Ce changement avait entraîné la suppression de l’organisation du registre des associations en décembre de la même année en raison d’un léger retard pris par l’association pour se conformer aux nouvelles exigences de la loi. KISA a formé un recours devant la Cour suprême du pays. Pendant ce temps, le fonctionnement de l’organisation s’est trouvé sévèrement limité.
Violences faites aux femmes et aux filles
En septembre, la Cour suprême de Chypre a examiné le recours formé par une jeune fille britannique contre la décision d’un tribunal de district chypriote qui l’avait déclarée coupable de fausses déclarations concernant sa plainte pour un viol collectif subi en juillet 2019. Cette affaire a suscité de graves préoccupations en ce qui concerne les manquements signalés quant à l’enquête de la police, ainsi que l’équité du procès en première instance.
Recours excessif à la force
En février, la police aurait fait un usage illicite de la force contre des participant·e·s pacifiques d’une manifestation anticorruption à Nicosie. Une enquête a été ouverte par l’Autorité indépendante d’investigation des plaintes contre la police. Si l’enquête était semble-t-il achevée, ses conclusions demeuraient inconnues à la fin de l’année.
Liberté de réunion
Les autorités chypriotes ont maintenu de façon illégale et disproportionnée une interdiction générale de toutes les manifestations, qu’elles avaient introduite en mars 2020 dans le cadre de la lutte contre la pandémie de COVID-19.
Disparitions forcées
Au cours de l’année, le Comité des personnes disparues à Chypre a identifié les restes de 1 023 personnes (732 Chypriotes grecs et 291 Chypriotes turcs) dans le cadre de sa mission visant à établir les faits concernant les personnes qui ont été soumises à une disparition forcée pendant les affrontements intercommunautaires qui ont eu lieu en 1963 et 1964 et pendant les événements de 1974.