Oman - Rapport annuel 2021

Sultanat d’Oman
Chef de l’État et du gouvernement : Haitham bin Tariq

Cette année encore, les autorités ont arrêté et poursuivi des personnes qui critiquaient le gouvernement, des militant·e·s et des manifestant·e·s pacifiques. Les travailleuses et travailleurs migrants n’étaient toujours pas suffisamment protégés contre l’exploitation. Les femmes étaient toujours en butte à la discrimination dans la législation et dans la pratique. La peine de mort était maintenue.

Contexte

Les autorités ont poursuivi leur politique d’« omanisation » consistant à remplacer la main-d’œuvre étrangère par du personnel omanais. En mai, à la suite de manifestations contre le chômage, le sultan a annoncé des directives visant à créer jusqu’à 32 000 emplois dans le secteur public.

Oman, qui a été le plus lent des pays du Golfe à mettre en place la vaccination anti-COVID-19, a accéléré sa campagne de vaccination en juin. Le ministère de la Santé a annoncé que les personnes en situation de handicap pourraient se faire vacciner à domicile.

Le gouvernement a prolongé le système d’amnistie autorisant les travailleuses et travailleurs migrants en situation irrégulière à quitter librement le pays jusqu’à fin août, faute de quoi leur responsabilité pénale et financière pourrait être engagée.

Liberté d’expression

La liberté d’expression restait soumise à d’importantes restrictions. En février, le Service de sécurité intérieure (SSI) a arrêté quatre militants écologistes (Ahmed Issa Qatan, Salem Ali al Maashani, Amer Bait Saeed et Salem Tabuk) qui avaient publié sur Twitter des commentaires hostiles à une décision gouvernementale interdisant le pâturage des chameaux dans la plaine du gouvernorat du Dhofar, en vue de la construction de complexes immobiliers. Le tribunal de première instance de la ville de Salalah a condamné Salem al Maashani à un mois de prison avec sursis assorti d’une amende, Ahmed Qatan à six mois de prison avec sursis assortis d’une amende et Salem Tabuk à deux mois de prison assortis d’une amende, pour « publication d’informations portant atteinte à l’ordre public ». Amer Saeed a été acquitté.

En mars, Oman a bloqué l’application de réseau social Clubhouse, invoquant un « défaut de licence en bonne et due forme ». Cette application avait gagné en popularité pendant le confinement, en particulier chez les militant·e·s.

En juillet, les forces de sécurité ont arrêté le militant en ligne Gaith al Shebli, qui avait lancé des débats sur Twitter au sujet de l’athéisme, de la religion et de la liberté d’expression. Au moins deux autres personnes, un homme et une femme, ont été arrêtées pour avoir échangé avec lui sur Twitter. Elles ont finalement été libérées après s’être engagées par écrit à mettre fin à cette activité. Khamis al Hatali a été arrêté en août pour avoir publié une vidéo en ligne critiquant le sultan et le qualifiant d’« oppresseur ».

En décembre, le ministère de l’Information a imposé l’arrêt de l’émission de radio « Toutes les questions » après la diffusion d’une interview d’un membre du Conseil consultatif, qui avait critiqué le travail du président du Conseil.

Liberté de réunion

En réponse aux manifestations contre le chômage et la détérioration de la situation économique en mai et juin, les autorités ont procédé à des arrestations et ont eu recours à la force. En mai, des manifestations se sont déroulées dans plusieurs villes, dont Sohar et Salalah. Sur des vidéos publiées en ligne, on a pu observer la forte présence des forces de sécurité et militaires, qui ont tiré du gaz lacrymogène sur les manifestant·e·s et ont procédé à des dizaines d’arrestations. De nombreuses personnes ont été libérées le jour même, mais d’autres sont restées en détention pendant plusieurs jours, notamment le militant Ibrahim al Baluchi. Elles ont été remises en liberté après avoir été contraintes de s’engager par écrit à ne pas participer à de futures manifestations.

En août, Talal al Salmani a été arrêté par les autorités après avoir déposé une demande d’organisation d’une manifestation en faveur de la fermeture des magasins d’alcool et publié en ligne une vidéo à ce sujet. Un tribunal de première instance l’a condamné en octobre à une peine de six mois d’emprisonnement avec sursis, à la suite de quoi il a été libéré.

Droits des femmes

Les femmes ne jouissaient toujours pas de l’intégralité de leurs droits, dans la législation comme en pratique.

En janvier, dans le cadre de l’EPU, Oman a rejeté les recommandations qui l’invitaient à lever ses dernières réserves concernant la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes [ONU], notamment celles sur les dispositions accordant aux femmes les mêmes droits que les hommes dans des domaines liés à la nationalité des enfants, au mariage, au divorce et à d’autres questions familiales. Le pays a aussi rejeté les recommandations lui enjoignant d’ériger le viol conjugal en infraction.

En outre, en 2021, selon l’indice de la Banque mondiale sur les femmes, l’entreprise et le droit, qui classait les pays selon les perspectives économiques des femmes, Oman se situait sous la moyenne mondiale, avec un score de 35,5 sur 100. La Banque mondiale a notamment observé que les femmes à Oman étaient particulièrement désavantagées sur le plan de la mobilité, du statut parental et du mariage.

Droits des personnes migrantes

Les travailleuses et travailleurs migrants faisaient toujours l’objet de violences et d’exploitation en raison d’une protection insuffisante. Ils étaient en particulier confrontés à de mauvaises conditions de vie, au travail forcé et à la traite des êtres humains. Les travailleuses et travailleurs domestiques, en majorité des femmes, devaient faire face à de longues journées de travail, à un confinement à domicile et à des salaires impayés.

Au cours de l’EPU, Oman a rejeté les recommandations l’invitant à ratifier la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille [ONU].

Le gouvernement a étendu sa campagne de vaccination anti-COVID-19 aux travailleuses et travailleurs migrants en juin. Auparavant, ceux-ci devaient payer leurs vaccins.

Peine de mort

Cette année encore, les tribunaux ont prononcé des condamnations à mort. Aucune exécution n’a été signalée.

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