La nouvelle Loi portant modification de la Loi relative aux ONG menaçait le droit à la liberté d’association. La police a fait usage d’une force excessive contre des manifestant·e·s pacifiques. Plusieurs personnes, dont des journalistes et des militant·e·s, ont été arrêtées et poursuivies en justice pour des publications sur les réseaux sociaux. Le Parlement a rejeté une proposition d’abolition de la peine de mort. Le gouvernement a pris des mesures pour endiguer une épidémie de choléra.
Liberté d’association
En mars, le Parlement a adopté une loi draconienne portant modification de la Loi relative aux ONG, alors même qu’une ordonnance judiciaire avait été rendue en 2018 contre l’examen de ce texte par les député·e·s au motif qu’il n’était pas conforme aux normes internationales relatives aux droits humains. Ce texte contenait des dispositions menaçant l’indépendance, l’existence et les activités des ONG. Il donnait notamment une définition restrictive du terme ONG, qui était susceptible d’empêcher l’enregistrement des « organisations n’étant pas d’intérêt public » et des « organisations d’intérêt commun » telles que les fédérations, les groupes de plaidoyer ou les institutions de recherche. Par ailleurs, il rendait obligatoire l’enregistrement des ONG ; accordait un pouvoir discrétionnaire excessif à l’autorité de tutelle officielle en lui permettant de suspendre, d’annuler et de révoquer cet enregistrement ; interdisait aux ONG « la propagande électorale et les manœuvres politiciennes » ; et prévoyait des sanctions pénales disproportionnées pour les organisations et les dirigeant·e·s d’organisations qui ne respecteraient pas les termes de cette nouvelle loi.
Recours excessif à la force
En mars, à Lilongwé, la capitale du pays, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur des centaines de personnes qui manifestaient contre la corruption présumée du gouvernement. Ces manifestations étaient menées par un groupe de la société civile dénommé Citoyen·ne·s contre l’impunité et la corruption (CAIC). En juillet, toujours à Lilongwé, la police a de nouveau utilisé des gaz lacrymogènes contre des personnes qui manifestaient pour dénoncer le coût de la vie et la façon dont la justice traitait les affaires de corruption. Elle a également arrêté plus de 70 manifestant·e·s, dont huit militants des Ambassadeurs des droits humains (HRA), l’organisation de la société civile qui avait organisé ces manifestations.
Liberté d’expression
Les menaces pesant sur le droit à la liberté d’expression se sont accrues, avec une augmentation des cas de surveillance illégale par la police, notamment d’interception de conversations privées, ayant entraîné des arrestations arbitraires, des poursuites judiciaires et des condamnations. En avril, la police a arrêté le journaliste d’investigation Gregory Gondwe parce qu’il avait publié un article révélant des faits présumés de corruption au sein de la police, notamment le versement de sommes d’argent à une entreprise appartenant à un homme d’affaires lui-même accusé de corruption. Selon cet article, ces sommes, d’un montant s’élevant à plusieurs millions de dollars des États-Unis, ont été versées pour l’achat de canons à eau. Gregory Gondwe a été remis en liberté quelques heures après son arrestation, sans avoir été inculpé.
Le 1er mai, Chidawawa Mainje a été arrêté et inculpé de harcèlement en ligne au titre de l’article 86 de la Loi de 2016 relative aux transactions électroniques et à la cybersécurité. Il lui était reproché d’avoir insulté le président Lazarus McCarthy Chakwera dans une conversation sur WhatsApp.
Peine de mort
Le Parlement a rejeté en août un rapport de la Commission des affaires juridiques soutenant des propositions visant à abolir la peine de mort. Cette Commission avait précédemment indiqué que, à l’issue de ses vastes consultations de l’opinion publique, il apparaissait que plus de 90 % de la population du Malawi était favorable à l’abolition.
Droit à la santé
Le 3 mars, le ministère de la Santé a signalé la survenue d’une épidémie de choléra à la suite de la confirmation par un laboratoire d’un cas de cette maladie dans le pays. Le gouvernement a, avec l’aide de l’OMS et de l’UNICEF, mis en œuvre un plan national de lutte contre le choléra visant à renforcer le suivi de cette maladie, fournir un traitement médical aux malades, approvisionner les laboratoires, surveiller la qualité de l’eau et promouvoir l’éducation à la santé et à l’hygiène au sein des populations touchées et à risque. Malgré ces mesures, l’épidémie s’est propagée à la majeure partie du territoire, touchant 26 des 28 districts du pays. Au 31 décembre, 17 448 cas avaient été confirmés et 576 décès signalés.