Eswatini - Rapport annuel 2022

Eswatini - Rapport annuel 2022

Royaume d’Eswatini
Chef de l’État : Mswati III
Chef du gouvernement : Cleopas Dlamini

Les autorités ont réprimé les libertés fondamentales. Des militant·e·s politiques ont fait l’objet d’arrestations, d’actes de torture et d’autres mauvais traitements, et les forces de sécurité ont perquisitionné à leurs domiciles. Les forces de l’ordre ont violemment dispersé des manifestations pacifiques, et le gouvernement a nié ses responsabilités quant aux préoccupations en matière de droits humains soulevées par les rapporteurs spéciaux des Nations unies. Des centaines de personnes étaient toujours menacées d’expulsion forcée. Les personnes LGBTI étaient en butte à la discrimination, au harcèlement et à l’exclusion. Des organisations de défense des droits des femmes ont cette année encore dénoncé les violences liées au genre.

Torture et autres mauvais traitements

Les forces de sécurité ont continué d’intimider et de harceler les dissident·e·s. Le 31 janvier, un agent en civil du service des enquêtes criminelles a enlevé Colani Maseko, président de l’Association nationale des étudiants du Swaziland, en prétendant vouloir « l’interroger ». Colani Maseko a été libéré sous caution le 4 février, après avoir été inculpé de sédition et de dommages matériels. En mai, des soldats l’ont de nouveau enlevé devant l’Université d’Eswatini. Ils l’ont battu et l’ont emmené au poste de police de Matsapha, d’où il a ensuite été conduit à l’hôpital. Le 1er février, des agents de police ont enlevé Sakhile Nxumalo, un autre dirigeant d’association étudiante. Ils l’ont brutalisé, notamment au moyen de décharges électriques, avant de le remettre en liberté le même jour sans inculpation.

La police s’en est prise à Tibusiso Mdluli et Nontsetselelo Nkambule, du Mouvement démocratique populaire uni (PUDEMO), parce qu’elles s’étaient habillées aux couleurs de leur parti pour participer à une manifestation à Mbabane, le 23 mars. Elles ont été embarquées dans un véhicule de police, déshabillées, insultées et rouées de coups par plus de 40 agent·e·s de police, majoritairement des hommes, puis abandonnées dans la communauté urbaine de Mvutshini.
En août, le roi a publiquement félicité les forces de l’ordre et a encouragé les agent·e·s à appliquer la loi du talion.

Liberté d’expression et de réunion

Les autorités ont continué de recourir à la Loi de 1938 relative à la sédition et aux activités subversives et à la Loi de 2008 relative à la répression du terrorisme pour réduire au silence les personnes qui critiquaient le régime.

En juin, Zweli Martin Dlamini, rédacteur en chef de Swaziland News, l’un des rares journaux en ligne indépendants du pays, a été qualifié de terroriste au titre de la Loi relative à la répression du terrorisme.

En juillet, trois rapporteur·e·s spéciaux et d’autres représentants des Nations unies ont exprimé leurs préoccupations au sujet de multiples violations, en particulier concernant de « graves restrictions des libertés fondamentales » liées à la répression des manifestations de masse. Le gouvernement a nié toute responsabilité pour ces agissements.

Le 1er septembre, le gouvernement a interdit à Sicelo Mngomezulu, un ressortissant sud-africain, d’entrer sur le territoire national à la suite de ses remarques sur la Danse du roseau annuelle (un événement culturel). Cependant, cette interdiction pourrait avoir été motivée par son appartenance à l’équipe juridique des députés Mduduzi Bacede Mabuza et Mthandeni Dube. Ces députés ont été arrêtés en 2021 sur la base d’accusations forgées de toutes pièces fondées sur la Loi relative à la répression du terrorisme, et pour avoir enfreint les restrictions liées à la pandémie de COVID-19. Des agents des services correctionnels les ont violemment attaqués au matin du 22 septembre et ils n’ont pas eu accès à des soins médicaux pendant plus de 24 heures, jusqu’à ce que leur avocat présente une demande au tribunal.

La maison du président du PUDEMO, Mlungisi Makhaya, a été bombardée le 20 septembre. Selon nos informations, les responsables seraient des fonctionnaires de l’État. Sa famille et lui étaient absents, et personne n’a été blessé.

Expulsions forcées

En avril, une propriétaire terrienne a fait appliquer un ordre d’expulsion à l’encontre de plus de huit foyers à KaMbhoke, dans le district de Shiselweni. Les domiciles de plus de 30 personnes ont été détruits, et des manifestations violentes menées par des jeunes du voisinage ont évité d’autres démolitions. Aucune solution de relogement n’a été proposée.

En juillet, un propriétaire terrien a annoncé aux habitant·e·s de la ferme de Mbondzela, à Gege, qu’il avait déposé une demande auprès du tribunal pour les expulser de la terre qu’ils cultivaient. Dans l’attente de la réponse, on leur a ordonné de cesser leurs cultures, ce qui les exposait à un risque d’insécurité alimentaire. Cette affaire a touché environ 45 foyers.

Un projet de loi portant modification de la Loi sur le contrôle des personnes qui résident sur une exploitation agricole, visant à réglementer les relations entre les habitant·e·s et les propriétaires de fermes, était toujours en cours d’examen devant le Sénat.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexes
Les personnes LGBTI se sont cette année encore heurtées à la discrimination, au harcèlement et à l’exclusion. En avril, la Haute Cour a confirmé le refus du registre des sociétés d’inscrire en tant qu’organisation le groupe Minorités sexuelles et de genre, qui défendait les droits des personnes LGBTI. En septembre, une foule a harcelé un couple gay à Mbabane et s’est moquée d’eux en leur reprochant de « faire semblant d’être des femmes ».

Violences fondées sur le genre

Les violences fondées sur le genre étaient très répandues. Le 11 février à Nhlangano, une femme a été tuée par son ancien conjoint qui l’a poignardée à environ 40 reprises. L’agresseur est mort plus tard à l’hôpital, après avoir été roué de coups par la foule. Pour mettre fin à ces crimes, les organisations de défense des droits des femmes ont signé la Charte swazie sur les violences liées au genre et intensifié leurs appels à les qualifier d’urgence nationale. Décrite comme une « initiative populaire », cette charte a été notamment défendue par l’Association du barreau américain, en partenariat avec des groupes de la société civile et avec le gouvernement.

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