L’État a signé un accord de réparation avec des victimes de l’ancien régime militaire. Le pouvoir judiciaire manquait toujours d’indépendance. Les défenseur·e·s des droits humains ont cette année encore subi des menaces et des attaques. Les forces de l’ordre ont violemment réprimé des manifestations de producteurs et productrices de feuilles de coca et ont arrêté arbitrairement certains d’entre eux. Les peuples autochtones ont été particulièrement touchés par la déforestation et la contamination au mercure.
Impunité
Après avoir campé pendant plus de 10 ans devant le ministère de la Justice, des victimes du régime militaire en place dans le pays de 1964 à 1982 ont signé avec l’État un accord de réparation ouvrant la voie à l’indemnisation financière de plus de 1 700 personnes. Cependant, des milliers d’autres victimes attendaient toujours d’être reconnues comme telles par les autorités et d’obtenir réparation.
Les victimes des violations des droits humains et des crimes de droit international signalés pendant la crise politique de 2019, au cours de laquelle au moins 37 personnes ont trouvé la mort et des centaines d’autres ont été blessées, attendaient toujours justice, vérité et réparations à la fin de l’année.
Droit à un procès équitable
La rapporteuse spéciale des Nations unies sur l’indépendance des juges et des avocats s’est rendue dans le pays en février et a conclu que l’ingérence de l’État compromettait toujours l’indépendance du pouvoir judiciaire et que l’accès à la justice restait difficile.
Des membres et responsables de l’ancien gouvernement par intérim faisaient toujours l’objet de poursuites judiciaires, notamment pour « terrorisme », « sédition » et « conspiration ». L’ancienne présidente par intérim, Jeanine Áñez, et d’autres anciens membres des autorités étaient en détention provisoire depuis plus de 21 mois. Cela était aussi révélateur des problèmes structurels affectant l’administration de la justice, en conséquence desquels une proportion très élevée de personnes attendaient leur procès depuis une prison.
Défenseur·e·s des droits humains
Les autorités n’ont pas protégé les défenseur·e·s de l’environnement, qui, selon des organisations locales, ont été la cible d’au moins 200 attaques et menaces pendant l’année. Des enlèvements ont notamment eu lieu, et des campements collectifs où s’étaient installées nombre de ces personnes ont été incendiés.
Des défenseur·e·s des droits humains, comme Waldo et Franco Albarracín, ont cette année encore signalé des menaces proférées contre eux et leur famille, ainsi qu’une stigmatisation et un harcèlement persistants de la part des autorités. Waldo Albarracín a aussi fait l’objet de poursuites judiciaires ne respectant pas les garanties d’une procédure régulière.
Liberté d’expression et de réunion
Les forces de l’ordre ont soumis à une violente répression et, dans certains cas, à la détention arbitraire des producteurs et productrices de feuilles de coca qui manifestaient contre les mesures financées par les États-Unis visant à éradiquer la production locale. Des membres des forces de sécurité ont fait usage d’une force excessive contre certaines des personnes détenues.
Dégradations de l’environnement et droits des peuples autochtones
Malgré l’engagement de la Bolivie à maintenir sa couverture forestière et à combattre la déforestation illégale, plus d’un million d’hectares de terres ont été brûlés durant l’année, la plupart du temps pour permettre l’extension d’activités agricoles.
La contamination liée au rejet non réglementé de déchets de mercure dans les cours d’eau, provenant principalement des activités d’extraction d’or à petite échelle, a provoqué des maladies, en particulier chez des populations autochtones pauvres pratiquant la pêche. Le gouvernement a annoncé qu’il allait mettre en œuvre un plan de réduction de l’usage du mercure, mais n’en a pas révélé le contenu.
Droits des femmes
Les femmes victimes de violences liées au genre qui cherchaient à obtenir justice n’étaient pas suffisamment protégées contre les représailles. L’accès des femmes et des adolescentes à des contraceptifs modernes gratuits ou abordables était insuffisant, en particulier dans les zones rurales.