Des réfugié·e·s et des demandeurs·euses d’asile ont affirmé avoir fait l’objet de renvois forcés illégaux (pushbacks) vers le Liban. La Cour suprême chypriote a annulé la déclaration de culpabilité, prononcée en 2019, d’une étudiante britannique qui avait été condamnée pour « fausses » accusations de viol.
Contexte
Aucun progrès n’a été réalisé entre les dirigeants chypriotes grecs et turcs concernant la reprise des négociations en vue de résoudre le problème chypriote (conflit persistant au sujet de l’administration de l’île).
Droits des personnes réfugiées ou migrantes
L’ONG KISA a signalé des cas de violences et d’incitation à la haine lors de deux manifestations anti-migrant·e·s qui se sont tenues en janvier contre des réfugié·e·s syriens qui vivaient dans un complexe résidentiel dans le village de Chloraka. La police ne serait pas intervenue. L’ONG a également dénoncé les menaces et les injures racistes proférées contre Doros Polykarpou, membre de KISA, lors de la deuxième manifestation. Les conclusions de l’enquête menée sur ces événements par l’autorité indépendante chargée de traiter les plaintes contre la police n’avaient pas été rendues à la fin de l’année.
En juin, le Comité des droits de l’enfant [ONU] a fait part de ses craintes pour les enfants réfugiés, demandeurs d’asile et migrants, notamment quant aux conditions de vie déplorables dans les centres d’accueil et à l’accès insuffisant à l’éducation et aux soins de santé. Le Comité s’est également inquiété des renvois forcés illégaux et des retours forcés.
En août, plusieurs organisations de défense des droits humains ont dénoncé deux nouveaux cas de renvois forcés illégaux vers le Liban, dont celui de 52 survivant·e·s d’un naufrage en juillet. Des survivant·e·s ont indiqué que les autorités chypriotes les avaient retenus dans des conditions inhumaines et soumis à des mauvais traitements avant de les expulser. Dans une affaire en instance devant la Cour européenne des droits de l’homme, deux Syriens ont fait état de plusieurs violations de la part des autorités chypriotes, notamment leur renvoi sommaire vers le Liban, qui leur faisait courir le risque d’être ensuite renvoyés de force en Syrie.
En septembre, plus de 27 000 demandes d’asile étaient toujours en attente d’examen en première instance, contre 16 994 à la fin de l’année 2021.
Impunité
En septembre, un rapport remis au procureur général de Chypre a établi qu’Athanasios Nicolaou, un conscrit de l’armée mort en 2005, avait été victime d’un meurtre, et a identifié de graves lacunes dans l’enquête policière. En octobre, une nouvelle enquête de police a été ordonnée sur cette affaire. La famille d’Athanasios Nicolaou s’est inquiétée de ne pas avoir librement accès aux conclusions de ce rapport, ainsi que du manque de progression de la nouvelle enquête. En 2020, la Cour européenne des droits de l’homme avait jugé que Chypre avait violé la Convention européenne des droits de l’homme en ne menant pas d’enquête effective sur cette affaire.
Violences faites aux femmes et aux filles
En janvier, la Cour suprême chypriote a annulé la déclaration de culpabilité, prononcée en 2019, d’une étudiante britannique pour « fausses » accusations de viol, et a identifié de graves lacunes dans l’enquête menée par le ministère public sur la plainte initiale pour viol. Après que le procureur général a rejeté une demande de réouverture de l’enquête, une requête a été introduite devant la Cour européenne des droits de l’homme.
Disparitions forcées
Entre 2006 et décembre 2022, le Comité des personnes disparues à Chypre a identifié les restes de 1 028 personnes disparues (dont 736 Chypriotes grecs et 292 Chypriotes turcs) dans le cadre de sa mission visant à établir les faits et à retrouver les personnes qui ont été soumises à une disparition forcée pendant les affrontements intercommunautaires qui ont eu lieu en 1963 et 1964 et pendant les événements de 1974.