Malawi - Rapport annuel 2023

Les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique ont fait l’objet de restrictions. Des centaines de personnes réfugiées ou demandeuses d’asile ont été arrêtées et contraintes de s’installer dans des camps en abandonnant leurs moyens de subsistance. Les attaques violentes contre les personnes atteintes d’albinisme se sont multipliées. Les personnes LGBTI étaient en butte à la discrimination. Des cyclones ont fait des centaines de morts et contraint plus de 659 000 personnes à quitter leur foyer. Dans les camps de personnes déplacées, les femmes faisaient face à un risque accru de violences liées au genre. L’épidémie de choléra a montré des signes de régression.

Liberté d’expression et de réunion

L’ancien député Bon Kalindo a été arrêté le 30 août alors qu’il remettait une décision de justice au bureau du commissaire de district. Cette décision autorisait la tenue la semaine suivante d’une manifestation précédemment interdite par le conseil du district. Bon Kalindo a été remis en liberté le lendemain après qu’un tribunal eut suspendu le mandat d’arrêt le concernant. Le 7 septembre, il a pris la tête d’un cortège de manifestant·e·s pacifiques se rendant au siège de la Présidence pour déposer une pétition réclamant à la démission du chef de l’État. Lorsqu’un autre groupe de personnes s’est mis à lancer des pierres dans leur direction, la police a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser la manifestation.


Journalistes

En mai, le président a affirmé aux journalistes qu’il était déterminé à respecter la liberté d’expression, conformément à la Constitution. Deux semaines plus tard, Francis Mzindiko, un journaliste du groupe de presse Times Group, a été attaqué par des sympathisants du Parti du congrès du Malawi, la formation au pouvoir, après les avoir filmés en train de se battre avec des membres d’un autre parti à Blantyre.

Droits des personnes réfugiées ou migrantes

En mars, le gouvernement a ordonné à toutes les personnes réfugiées ou demandeuses d’asile ayant quitté le camp de réfugié·e·s de Dzaleka d’y retourner avant le 15 avril, sous peine d’y être ramenées de force. En mai, la police a arrêté des centaines de ces personnes à leur domicile ou sur leur lieu de travail à Lilongwe, la capitale, et les a réinstallées dans le camp. Des fonctionnaires de police ont saisi des biens ou exigé des pots-de-vin de certaines d’entre elles. Un grand nombre des personnes contraintes de regagner le camp ont par ailleurs dû abandonner leurs moyens d’existence. Le camp de Dzaleka, qui abriterait plus de 50 000 réfugié·e·s, avait une capacité d’accueil de 12 000 personnes ; quelque 8 000 autres vivaient juste en dehors du camp. Le HCR a déclaré que les services de soins de santé, l’approvisionnement en eau et les installations sanitaires y étaient inadaptés.

Discrimination

Personnes atteintes d’albinisme

Les infractions commises contre les personnes atteintes d’albinisme ont augmenté et des tentatives d’enlèvement, des agressions physiques et des profanations de tombes ont notamment été signalées. Ajasi Salim, un habitant du village de M’boola, dans le sud du pays, a été blessé lors d’une attaque perpétrée en mai. Dans le village de M’maliha, dans le district de Blantyre, la tombe de Tony Robert a été profanée en juin. La police et des habitant·e·s ont indiqué que le corps avait été démembré. Standing Voice, une ONG de défense des droits des personnes atteintes d’albinisme, a recensé trois tentatives d’enlèvement d’enfants de moins de 10 ans, dont une fillette âgée d’un an. Il a été procédé à une seule arrestation dans toutes ces affaires.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexes

En juillet, des responsables religieux ont organisé des manifestations, auxquelles ont participé des membres du gouvernement, afin de protester contre la dépénalisation des rapports sexuels consentis entre personnes de même sexe. L’élément déclencheur de ces manifestations était une affaire devant être examinée par la Cour constitutionnelle, saisie par Wim Akster et Jana Gonani, une femme transgenre, qui contestaient les dispositions du Code pénal érigeant ce comportement en infraction, et au titre desquelles Jana Gonani avait été condamnée en 2021. L’affaire a été ajournée en août. Aucune décision n’avait été rendue à la fin de l’année. L’organisation de défense des droits des personnes LGBTI Nyasa Rainbow Alliance (NRA) a déclaré que la participation de personnalités influentes aux manifestations avait entraîné une hausse de la discrimination liée à l’accès des personnes LGBTI aux services de base, notamment aux soins de santé. Une montée des discours incitant à la haine contre le personnel de la NRA et les personnes LGBTI a également été observée.

Droit à un environnement sain

L’état de catastrophe a été déclaré le 13 mars après le second passage du cyclone Freddy au Malawi en un mois. Au moins 679 personnes sont mortes et 659 278 ont dû quitter leur foyer en raison des fortes pluies, qui ont détruit des routes, des habitations et des cultures et provoqué la perte de bêtes d’élevage dans le sud du pays. Deux administrations, le Département de la gestion des catastrophes et le Département du changement climatique et des services météorologiques, ont pris des mesures pour sensibiliser davantage la population des zones sujettes aux inondations aux effets des fortes pluies. Le gouvernement a relogé les membres de foyers à risque dans des zones moins susceptibles d’être inondées.

Droits des femmes et des filles

Le chômage élevé, la pauvreté et les catastrophes naturelles rendaient les femmes plus vulnérables à la violence liée au genre, à l’exploitation sexuelle et à la traite. La Commission des droits humains du Malawi a recensé différentes atteintes commises contre des femmes et des filles déplacées dans des camps en raison du cyclone Freddy, dont 54 cas de violences fondées sur le genre, 23 cas d’exploitation sexuelle et 34 mariages d’enfants.
Le gouvernement a révélé en juillet que 18 femmes avaient été rapatriées au Malawi depuis Oman, où elles étaient plus de 300 à avoir été attirées par de fausses annonces d’emploi et où elles étaient victimes d’atteintes à leurs droits fondamentaux, y compris des viols, des actes de torture et plus généralement des conditions de travail épouvantables et de mauvais salaires.

Droit à la santé

Le gouvernement a pris des mesures pour endiguer l’épidémie de choléra et mis notamment en place une surveillance de la qualité de l’eau et des initiatives de sensibilisation en direction de la population. Il a déclaré en août qu’aucun nouveau cas n’avait été signalé en 14 jours dans les 26 districts frappés depuis mars 2022. Les chiffres au 15 décembre faisaient état de 59 114 personnes touchées par l’épidémie, dont 1 771 ont trouvé la mort.

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