Namibie - Rapport annuel 2023

Le droit à la liberté de réunion pacifique a cette année encore été menacé. La situation en matière d’assainissement était toujours critique et l’insécurité alimentaire aiguë a augmenté. Une décision de justice a reconnu les droits de certains couples de personnes de même sexe. Des peuples autochtones ont été privés de leur droit de participer à des négociations sur des réparations. Le droit à un environnement sain a été mis en danger.

Liberté de réunion pacifique

En mars, des manifestant·e·s ont bravé une décision de la Haute Cour interdisant un rassemblement de jeunes contre le chômage dans la capitale, Windhoek. Plusieurs militant·e·s et responsables politiques ont été arrêtés par la police alors qu’ils s’étaient rassemblés à la Maison des jeunes de Katutura pour cette manifestation. Les militants pour la justice sociale Michael Amushelelo et Dimbulukeni Nauyoma, ainsi que la députée Inna Hengari, figuraient parmi les personnes interpellées.

Droit à la santé

La situation en matière d’assainissement était catastrophique. Selon un rapport publié en mai par le Centre de journalisme d’investigation collaboratif (CCIJ), 50 % de la population n’avait pas accès à des toilettes sûres et hygiéniques. La situation était particulièrement critique dans les quartiers informels, où quelque 90 % des habitant·e·s ne disposaient pas d’un accès adéquat aux toilettes et étaient contraints de déféquer dehors, ce qui entraînait une contamination de l’environnement et une propagation rapide de maladies comme le choléra, la typhoïde et la diarrhée débilitante.

Droit à l’alimentation

Selon le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, l’insécurité alimentaire aiguë s’est fortement accrue entre juillet et septembre et concernait 22 % de la population (579 000 personnes contre 350 000 en 2022). Cette importante dégradation de la situation était attribuable à une grave sécheresse, à la diminution du rendement des cultures et de l’élevage, à la flambée des prix des denrées alimentaires, à la récession économique et à un taux de chômage élevé.

Discrimination

Personnes LGBTI

Dans un arrêt rendu en février annulant une précédente décision de la Haute Cour, la Cour suprême a reconnu le droit de personnes à régulariser leur statut migratoire en invoquant leur mariage conclu à l’étranger avec une Namibienne ou un Namibien de même sexe. Cependant, le Parlement a adopté en juillet une loi interdisant le mariage entre personnes de même sexe. Si ce texte était promulgué, il pourrait priver les couples de même sexe du droit de faire reconnaître leur mariage conclu au titre de la législation d’un autre pays. L’arrêt de février pourrait se trouver de ce fait vidé de sa substance, conformément à l’article 81 de la Constitution, en vertu duquel une décision de la Cour suprême pouvait être annulée si elle entrait en contradiction avec une loi adoptée par le Parlement et dûment promulguée.


Peuples autochtones

En février, sept rapporteuses et rapporteurs spéciaux de l’ONU se sont déclarés préoccupés par le fait que le gouvernement n’avait semble-t-il pas garanti une véritable participation des peuples autochtones nama et ovaherero aux négociations sur les réparations, ni pris des mesures de réparation effectives en leur faveur. Les Namas et les Ovahereros avaient été victimes d’un génocide perpétré par le régime colonial allemand. L’Allemagne a reconnu sa responsabilité en 2015 mais a refusé de verser directement des réparations aux victimes, préférant s’engager à financer des projets de développement. Les rapporteuses et rapporteurs spéciaux ont indiqué que les deux gouvernements n’avaient pas suffisamment consulté et informé les populations concernées, ce qui les avait empêchées de contribuer correctement aux termes de l’accord sur les réparations.

Droit à un environnement sain

Le ministre de l’Environnement a examiné en avril des recours concernant la compagnie pétrolière ReconAfrica, basée au Canada. Dans l’un de ces recours, des organisations locales des régions du Kavango-Est et du Kavango-Ouest faisaient valoir que ReconAfrica ne les avait pas consultées de manière adéquate sur ses activités de forage, qu’elle n’avait pas fourni suffisamment d’informations sur les conséquences environnementales et sociales et qu’elle n’avait pas obtenu leur consentement préalable libre et éclairé pour l’exploitation. ReconAfrica a contesté ces allégations, affirmant qu’elle avait consulté les habitant·e·s et obtenu leur consentement. En septembre, une enquête parlementaire aurait révélé que la compagnie n’avait pas respecté la législation nationale.

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