Honduras - Rapport annuel 2023

La militarisation de la sécurité publique et la violence à l’égard des défenseur·e·s des droits humains suscitaient de vives inquiétudes. Quelques progrès ont été faits sur le plan des droits sexuels et reproductifs, mais l’avortement restait illégal. Des personnes LGBTI ont subi des violences et des discriminations. Le gouvernement n’a pas pris les mesures nécessaires pour lutter contre le changement climatique.

Contexte

Après des semaines d’impasse, le Congrès a désigné en novembre un procureur général par intérim, qui a été vivement critiqué. Une commission internationale contre l’impunité était en cours de création, mais elle n’avait toujours pas vu le jour à la fin de l’année. En juin, le gouvernement a déployé la police militaire de l’ordre public pour surveiller les centres pénitentiaires après des heurts ayant fait 46 mortes dans une prison pour femmes. Des milliers de personnes ont dû quitter le pays face à l’ampleur de la violence, de l’impunité, de l’inégalité et de la pauvreté, dont les effets étaient encore accentués par le changement climatique.

Recours excessif et inutile à la force

À la fin de l’année, l’état d’urgence, qui permettait la militarisation et la restriction des droits dans plus de la moitié des municipalités du pays, était en vigueur depuis plus de 12 mois. Le commissaire national pour la protection des droits humains (CONADEH) a enregistré plus de 360 plaintes contre les forces de sécurité et a remis en cause la nécessité et la proportionnalité de cette mesure prolongée.

Le rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires s’est alarmé de l’ampleur de l’impunité, de l’insuffisance des capacités d’investigation et du manque d’enquêtes indépendantes et impartiales. Un policier a été déclaré coupable de négligence ayant entraîné la mort de Keyla Martinez, décédée en garde à vue en 2021. Le ministère public, des organisations de la société civile et la famille de Keyla Martinez ont rejeté cette qualification des faits, qui ne tenait pas compte d’éléments de preuve essentiels ni de la dimension de genre.

Défenseur·e·s des droits humains

Selon l’ONG Global Witness, le Honduras présentait le nombre d’homicides de défenseur·e·s des droits fonciers et environnementaux le plus élevé du monde, rapporté à sa population. La coordinatrice de l’Organisation fraternelle noire du Honduras a été la cible d’une tentative d’agression en septembre et trois hommes de la communauté de Guapinol ont été tués. En octobre, la Commission interaméricaine des droits de l’homme a accordé des mesures conservatoires à des membres du Comité municipal de défense des biens publics et communs et à leurs avocat·e·s. En décembre, la Cour interaméricaine des droits de l’homme a déclaré l’État du Honduras responsable de violation des droits collectifs d’une communauté garifuna. L’élaboration d’un protocole d’enquête sur les agressions contre les défenseur·e·s des droits humains, ordonnée par la Cour interaméricaine des droits de l’homme en 2018, n’était toujours pas achevée. À la fin de l’année, le Honduras n’avait pas signé l’Accord d’Escazú.

Droits sexuels et reproductifs

En mars, le gouvernement a autorisé l’utilisation et la vente de la pilule contraceptive d’urgence, mettant fin à 14 ans d’interdiction. Malgré le taux élevé de grossesses de fillettes et d’adolescentes, la présidente a mis son veto à la loi sur la prévention des grossesses, qui visait à proposer une éducation complète à la sexualité. L’avortement restait interdit en toutes circonstances.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexes
Les personnes LGBTI restaient en butte à la violence et à la discrimination, et le mariage entre personnes de même sexe était toujours interdit. À la fin de l’année, les autorités n’avaient pas adopté de procédure de reconnaissance de l’identité de genre des personnes non binaires, comme l’avait ordonné la Cour interaméricaine des droits de l’homme dans un arrêt de 2021.

Droit à un environnement sain

Le rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection des droits de l’homme dans le contexte des changements climatiques a souligné les effets dévastateurs des sécheresses prolongées, des inondations causées par des ouragans, de l’érosion du littoral et de l’élévation du niveau de la mer sur les populations les plus pauvres, en particulier sur leurs moyens de subsistance. Beaucoup ont ainsi dû fuir le pays. Le rapporteur a exhorté les autorités honduriennes à adopter des mesures de prévention, d’adaptation et d’atténuation pour protéger les droits de ces populations.

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