Contexte
Mohamed Muizzu, candidat de l’Alliance progressiste (une coalition entre le Parti progressiste des Maldives et le Congrès national du peuple), a remporté l’élection présidentielle du 30 septembre face au candidat du Parti démocratique maldivien, Ibrahim Solih. En août, la Cour suprême avait confirmé la décision de la Commission électorale des Maldives interdisant à l’ancien président Abdulla Yameen, du Parti progressiste des Maldives, de se présenter à l’élection à la suite de sa condamnation pour corruption en 2022.
Liberté de réunion pacifique
La police a régulièrement fait usage d’une force illégale pour interrompre des manifestations pacifiques et a procédé à l’arrestation arbitraire de manifestant·e·s. En janvier, neuf personnes ont été injustement arrêtées lors de manifestations pacifiques. Au mois de juin, la police a utilisé du gaz poivre contre une manifestation de l’opposition, faisant plusieurs blessés.
Des rassemblements ont été organisés pour protester contre l’influence de l’Inde aux Maldives, sous le slogan « India Out » (« l’Inde dehors ») ; les manifestant·e·s réclamaient le retrait des militaires indiens stationnés dans le pays. D’autres manifestations ont aussi été menées en faveur de la libération du leader de l’opposition et ancien président Abdulla Yameen, qui purgeait une peine de 11 ans de prison à la suite de sa condamnation en 2022. En mars, 12 manifestant·e·s ont été arrêtés, dont Adam Asif, l’un des avocats d’Abdulla Yameen.
Liberté d’expression
Journalistes
Au cours de l’année, quatre journalistes au moins ont été arrêtés par la police alors qu’ils couvraient des manifestations. Le 19 janvier, Mohamed Samah a été placé en résidence surveillée pendant un mois après avoir couvert une manifestation. Hussain Juman a été arrêté le 16 mars après un reportage sur un meeting du Parti progressiste, puis remis en liberté sans inculpation le jour suivant. Enfin, le 7 février, des policiers ont utilisé du gaz poivre sur deux journalistes et en ont projeté un au sol avec leurs boucliers, lui faisant perdre connaissance.
La nouvelle Loi relative à la preuve est entrée en vigueur en janvier ; elle permettait aux juges d’obliger les journalistes à révéler leurs sources sous peine de se voir infliger des amendes ou des peines de prison. Les journalistes faisaient de plus en plus l’objet de menaces et de harcèlement de la part de l’État et d’autres acteurs, notamment de menaces de mort, lorsqu’ils publiaient des articles traitant de la corruption ou de la religion. Ces faits n’ont donné lieu à aucune enquête de la part des autorités, et personne n’a été amené à rendre des comptes. Le 22 novembre, la Cour criminelle a abandonné les poursuites engagées contre les accusés dans l’affaire du meurtre du blogueur Yameen Rasheed en 2017.
Liberté d’association
Au mois de mars, la Cour civile des Maldives a confirmé la décision prise en 2019 par le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Participation locale de retirer son agrément au Réseau des Maldives pour la démocratie, qui se trouvait depuis dans l’incapacité de mener à bien ses activités.
Droits des femmes et des filles
Des militant·e·s des droits des femmes ont fait part de leur préoccupation quant au manque persistant de représentation politique des femmes. Les huit candidats à l’élection présidentielle de septembre étaient des hommes. Les femmes restaient largement sous-représentées dans la vie politique et ne constituaient que 4,6 % des parlementaires.
Défenseur·e·s des droits humains
En octobre, le Conseil des droits de l’homme [ONU] s’est inquiété du fait que la police n’avait pas enquêté sur les cas de harcèlement, d’intimidation et de menaces visant des personnes liées à l’organisation de défense des droits des femmes Uthema, après que celle-ci eut présenté un rapport au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes [ONU] en 2021.
L’affaire de la disparition, en avril 2014, du journaliste d’investigation et défenseur des droits humains Ahmed Rilwan n’avait toujours pas été résolue, un tribunal ayant abandonné le 22 novembre les poursuites engagées contre un homme accusé de l’avoir assassiné.
Droit à un environnement sain
Les Maldives demeuraient l’un des pays les plus exposés au changement climatique. L’élévation du niveau des océans a déjà fortement érodé certaines îles inhabitées du pays et a épuisé ses réserves d’eau douce.
En novembre, lors de la COP28, les États sont parvenus à un accord sur la mise en œuvre d’un fonds international pour les pertes et les préjudices, destiné à aider les pays les plus touchés par le changement climatique. Les Maldives ont appelé les États disposant de revenus plus élevés à contribuer à ce fonds essentiel.
Les derniers gouvernements maldiviens n’ont pas respecté les lois et réglementations environnementales et ont ignoré les préoccupations des populations locales concernant l’atténuation des effets négatifs des projets de développement, par exemple l’absence d’indemnisation en cas de perte de logement. Des groupes de défense de l’environnement ont signalé les dangers posés par le changement climatique pour les écosystèmes coralliens, les herbiers marins, les mangroves, les zones humides et les brise-vent insulaires, dont dépendaient les moyens de subsistance de nombreuses personnes, notamment dans les domaines du tourisme et de la pêche.