Allégations de mauvais traitements sur des réfugiés syriens

Les mauvais traitements dont auraient été victimes cinq mineurs syriens réfugiés qui affirment avoir été arrêtés, frappés et forcés à se déshabiller par des policiers grecs pour avoir porté des pistolets en plastique dans la rue est une affaire très inquiétante devant donner lieu à une enquête approfondie, a déclaré Amnesty International vendredi 30 septembre.

Ces mineurs, des garçons âgés de 12 à 16 ans, ont été appréhendés pour « soupçon d’appartenance à un groupe armé » alors qu’ils transportaient ces jouets, des accessoires pour une pièce de théâtre dans laquelle ils devaient se produire, dans le centre d’Athènes il y a quelques jours.

«  Le côté ridicule de l’affaire ne doit pas détourner l’attention de la nature extrêmement grave et inquiétante des allégations formulées contre des policiers grecs, qui sont accusés d’avoir commis des violations des droits humains contre des mineurs se trouvant en détention sous leur responsabilité lors d’un contrôle d’identité  », a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe à Amnesty International.

« Si ces allégations de violences et d’autres mauvais traitements sont confirmées, les autorités grecques doivent veiller à ce que des poursuites pénales et des procédures disciplinaires soient ouvertes. Elles doivent aussi déterminer si le profilage ethnique a pu jouer un rôle dans la décision de ces policiers d’infliger ces mauvais traitements à des mineurs. »

La police a indiqué à Amnesty International vendredi 30 septembre qu’elle avait ouvert une « enquête disciplinaire » afin d’« établir les faits dans cette affaire ».

Ces adolescents, qui devaient participer à une représentation théâtrale sur le conflit syrien dans un centre culturel local, portaient leurs costumes et des pistolets jouets dans un sac en plastique lorsqu’ils ont été arrêtés mardi 27 septembre dans l’après-midi.

Ils ont été interceptés et fouillés par quatre policiers à moto qui ont appelé des collègues en renfort, et ils ont ensuite été emmenés au poste de police d’Omonoia. Deux autres réfugiés syriens de leur groupe, âgés de 24 et 21 ans, ont aussi été transférés au poste de police avec eux.

L’avocate des mineurs, Electra Koutra, a déclaré à Amnesty International que les adolescents ont dit avoir été maltraités en garde à vue, insultés et forcés à se dévêtir par deux policiers.

Le plus jeune, âgé de 12 ans, dit avoir été jeté contre un mur après avoir refusé d’enlever ses sous-vêtements.

Un autre garçon, âgé de 14 ans, a dit qu’un policier l’a violemment secoué et l’a couvert de jurons lorsqu’il a demandé à voir sa mère. Le frère de celui-ci, qui s’était retourné pour voir ce qui se passait, a déclaré que l’autre policier lui a donné une grande claque sur la nuque.

Ces mineurs, qui vivent avec leurs parents dans un squat de réfugiés du centre d’Athènes, ont dit qu’ils n’avaient pas été autorisés à contacter leurs proches lorsqu’ils se trouvaient en garde à vue, et que lorsqu’ils ont demandé de l’eau, on leur a répondu de boire au robinet de toilettes crasseuses.

L’épreuve a pris fin lorsqu’un troisième policier est entré dans la pièce et a ordonné à ses collègues d’arrêter.

Les deux adultes du groupe ont subi un interrogatoire dans une autre pièce, avant qu’ils ne soient relâchés tous les sept sans inculpation plus tard dans la soirée.

La police a dans un premier temps manœuvré pour empêcher l’avocate d’intenter une action en justice pour les mauvais traitements infligés à ces jeunes gens, puis le garçon de 12 ans a été transféré dans un autre poste de police afin que ses déclarations soient recueillies.

Ni l’avocate ni le père du garçon n’ont cependant été autorisés à être présents, et pendant qu’il faisait sa déclaration, ce mineur a par ailleurs été confronté au policier qu’il avait accusé de mauvais traitements, ce qui est contraire aux règles en vigueur au sein de la police grecque.

« La gravité des allégations formulées contre la police mérite de faire l’objet d’une enquête approfondie, et si elles sont confirmées, des poursuites pénales et des procédures disciplinaires doivent être ouvertes contre les responsables présumés », a déclaré John Dalhuisen.

« La police doit veiller à ce que des faits tels que ceux qui ont été dénoncés n’aient jamais lieu. Une des principales questions qu’elle devrait se poser est : "cela serait-il arrivé si cinq mineurs grecs avaient été pris en possession de pistolets jouets dans la rue à Athènes" ? »

Amnesty International a recueilli de nombreux témoignages de réfugiés et de migrants affirmant avoir été maltraités par la police grecque ces dernières années.

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