Communiqué de presse

Bélarus : après avoir exécuté deux hommes, l’État refuse de révéler le lieu où se trouvent les corps

Il faut que les corps de deux hommes exécutés il y a un an au Bélarus soient remis à leurs familles afin que celles-ci puissent les inhumer, ou bien que les autorités révèlent le site où ils sont enterrés, a déclaré Amnesty International jeudi 14 mars.

Dimitri Konovalov et Vladislav Kovaliov ont été mis à mort en mars 2012 à Minsk, la capitale du Bélarus. Ils avaient été condamnés à la peine capitale le 30 novembre 2011 après avoir été déclarés coupables d’infractions en relation avec un attentat à la bombe ayant tué 15 personnes et blessé plus de 300 autres à Minsk en avril 2011.

Leur procès a été critiqué car les normes internationales d’équité n’auraient pas été respectées.

D’après l’acte de décès envoyé à sa mère, Vladislav Kovaliov est mort le 15 mars 2012. Le 16 mars, elle a reçu une lettre de la Cour suprême du Bélarus lui annonçant que son fils avait été exécuté.

« La peine de mort constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit, ainsi qu’une violation des droits humains. Ne pas rendre les corps de ces deux hommes à leurs familles ajoute à la cruauté de la peine capitale », a déploré David Diaz-Jogeix, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« La lettre envoyée à Lioubov Kovaliova est inhabituelle. Dans la plupart des cas, des semaines, voire des mois, s’écoulent avant que la famille ne soit officiellement notifiée de l’exécution. Le secret total entourant la peine de mort prive les familles de la possibilité d’enterrer leurs proches conformément à leurs traditions et convictions religieuses. »

L’article 175 du Code d’application des peines de la République du Bélarus autorise le gouvernement à ne pas communiquer aux familles l’endroit où sont inhumées les personnes exécutées.

« Il est inacceptable que les autorités du Bélarus ne révèlent même pas aux familles le lieu où ces personnes sont enterrées, et les privent de la possibilité de faire leurs adieux », a souligné David Diaz-Jogeix.

« L’article 175 est scandaleux et doit être immédiatement modifié. Le président Loukachenko doit par ailleurs décréter dans les plus brefs délais un moratoire sur les exécutions, en attendant l’abolition complète de la peine de mort. »

Le Bélarus est le seul pays d’Europe qui continue à prononcer des sentences de mort. Les condamnés sont exécutés d’une balle dans la nuque.

Ils ne sont avertis que quelques heures, voire minutes, à l’avance.

Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception.

Faits et chiffres sur la peine de mort au Bélarus

  • Le Bélarus est le seul pays de la région Europe et Asie centrale qui procède encore à des exécutions.
  • Il arrive que l’on torture les détenus afin de leur arracher des « aveux ».
  • Les condamnés n’ont pas accès à de véritables voies de recours judiciaires.
  • Ils sont exécutés d’une balle dans la nuque.
  • Ils n’apprennent qu’ils vont être exécutés que quelques heures, voire minutes, à l’avance.
  • Les familles, qui ne peuvent récupérer les corps de leurs proches, ne peuvent pas les inhumer, et n’apprennent jamais où ils sont enterrés.
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