Bosnie-Herzégovine. Pas de justice pour les victimes de viol

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI-
21 juillet 2009

La condamnation prononcée par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie à l’encontre de Milan et Sredoje Lukic pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité rend justice pour de nombreux homicides perpétrés durant la guerre de Bosnie-Herzégovine, mais passe sous silence la souffrance des victimes de violences sexuelles, a déclaré Amnesty International ce mardi 21 juillet 2009.

Les deux cousins, Bosno-serbes membres du groupe paramilitaire des Aigles blancs, ont été reconnus coupables le 20 juillet de plusieurs crimes, notamment de meurtre, de persécutions, d’actes d’extermination et d’actes de torture, contre la population civile dans la région de Visegrad, en Bosnie-Herzégovine, durant la guerre de 1992-1995. Milan et Sredoje Lukic ont été condamnés respectivement à la réclusion à perpétuité et à trente ans d’emprisonnement.

Amnesty International déplore vivement que le procureur n’ait pas enquêté sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité de nature sexuelle, notamment sur les viols, qui ont semble-t-il été commis, et que personne n’ait été inculpé par le tribunal pour ces crimes.

« Les femmes de Visegrad qui ont été violées méritent aussi que justice leur soit rendue. Les responsables présumés de ces crimes doivent rendre compte de leurs actes, a indiqué Nicola Duckworth, directrice du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Plus de dix ans après la guerre, ces femmes sont contraintes de vivre avec le souvenir de leur calvaire, sans être reconnues en tant que victimes ni se voir accorder de réparations. »

Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et la Cour d’État de Bosnie-Herzégovine ont recueilli des éléments crédibles prouvant que des jeunes femmes ont été enlevées, puis retenues, violées et soumises à d’autres crimes de violence sexuelle à l’hôtel Vilina Vlas, près de Visegrad. Ces éléments laissent à penser que les cousins Lukic auraient commis des viols et d’autres crimes de violence sexuelle. En outre, plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) ont recueilli des témoignages de victimes qui affirment avoir été violées par des membres du groupe paramilitaire placé sous le commandement de Milan Lukic. En 1993, Amnesty International a recensé deux affaires dans lesquelles des jeunes femmes ont assuré qu’elles avaient été violées à l’hôtel Vilina Vlas, semble-t-il par des membres des Aigles blancs, dont le commandant n’était autre que Milan Lukic.

Amnesty International demande au procureur de la Cour d’État de Bosnie-Herzégovine d’ouvrir une enquête sur les nombreuses allégations ayant trait à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité de nature sexuelle dont se seraient rendus responsables Milan et Sredoje Lukic dans la région de Visegrad.

INFORMATIONS GÉNÉRALES

Le viol et d’autres formes de violence sexuelle étaient monnaie courante durant la guerre qui a ravagé la Bosnie-Herzégovine de 1992 à 1995. Bien que le conflit ait pris fin il y a plus de treize ans, les gouvernements successifs n’ont marqué aucun empressement à traduire les responsables présumés en justice.

De nombreux auteurs de crimes de guerre de nature sexuelle continuent de vivre en toute impunité, souvent dans les mêmes quartiers que leurs victimes. Celles qui ont survécu souffrent de traumatismes et de problèmes psychologiques et physiques. Elles n’ont guère accès à un soutien psychologique et à des services de santé, particulièrement lorsqu’elles vivent dans des zones reculées. De nombreuses victimes sont au chômage, vivent dans la pauvreté et ne peuvent pas se payer de médicaments, même lorsqu’un médecin leur en prescrit.

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