Brésil. Le déni de justice pour les disparus de Rio met en évidence un système pénal « inadapté à sa mission »

"L’absence persistante d’enquête efficace sur les disparitions forcées de 11 jeunes gens dans une favela de Rio de Janeiro il y a 25 ans et sur l’assassinat de l’une des mères qui cherchaient à obtenir justice montre clairement l’état lamentable du système pénal brésilien", a déclaré Amnesty International ce vendredi 24 juillet.

Le 26 juillet 1990, huit enfants et trois jeunes gens de la favela d’Acari à Rio de Janeiro ont été enlevés par un groupe d’hommes qui ont dit être des policiers. On reste depuis sans nouvelles de ces onze personnes.

« La tragédie d’Acari résulte des problèmes profonds qui minent au Brésil les forces de police et le système pénal qui n’est pas à même d’accomplir sa mission. Le fait qu’un quart de siècle après ces disparitions forcées on ne sache toujours pas ce qu’il est advenu de ces 11 personnes en dit beaucoup sur l’état des droits humains au Brésil  », a déclaré Atila Roque, directeur d’Amnesty International Brésil.

Malgré les preuves solides pointant vers une implication dans ce crime de membres de la police militaire de Rio de Janeiro, l’enquête initiale a été close en 2010 faute de résultats. L’enquête avait révélé que la police avait menacé les jeunes d’Acari avant leur disparition forcée.

Depuis ces disparitions, les proches des disparus sont la cible d’agressions et de menaces incessantes. En 1993, Edméia da Silva Euzébio, la mère de l’une des victimes, a été assassinée dans un parking à Rio de Janeiro. Plus de 20 ans se sont depuis écoulés et la procédure engagée pour faire la lumière sur ce meurtre n’en est encore qu’à ses débuts, avec l’interrogatoire de sept policiers.

"En s’abstenant d’enquêter de manière adéquate et de déférer à la justice les responsables présumés de la disparition forcée des 11 jeunes d’Acari, les autorités ne font que prolonger cruellement les souffrances qu’endurent depuis des décennies les proches de ces jeunes gens. Il est grand temps que justice soit rendue dans cette affaire, et le système pénal du pays va ensuite devoir être révisé afin que cela ne puisse jamais se reproduire", a déclaré Atila Roque.

"La lenteur injustifiable et désolante de la procédure dans cette affaire montre à quel point la justice peut être sélective au Brésil, où les gens qui ont peu d’argent et de ressources voient rarement comparaître devant les tribunaux ceux qui ont bafoué leurs droits".

« Pour la plupart, les proches des disparus d’Acari n’ont pas reçu de certificat de présomption de décès jusqu’à présent. Sans ce certificat, ils ne peuvent pas recevoir une pension de l’État. Cette injustice supplémentaire doit être immédiatement réparée », a déclaré Atila Roque.

Voici la liste complète des personnes qui ont fait l’objet d’une disparition forcée à Acari ainsi que les noms de leurs mères, qui ont créé une association pour obtenir justice :

• Rosana Souza Santos, 17 ans – fille de Marilene Lima e Souza ;
• Cristiane Souza Leite, 17 ans – fille de Vera Lúcia Flores ;
• Luiz Henrique da Silva Euzébio, 16 ans – fils d’Edméia da Silva Euzébio, décédée ;
• Hudson de Oliveira Silva, 16 ans – fils d’Ana Maria da Silva ;
• Edson Souza Costa, 16 ans – fils de Joana Euzilar dos Santos ;
• Antônio Carlos da Silva, 17 ans – fils de Laudicena Oliveira do Nascimento ;
• Viviane Rocha da Silva, 13 ans – fille de Márcia da Silva ;
• Wallace Oliveira do Nascimento, 17 ans – fils de Maria das Graças do Nascimento ;
• Hédio Oliveira do Nascimento, 30 ans – fils de Denise Vasconcelos ;
• Moisés Santos Cruz, 26 ans – fils d’Ednéia Santos Cruz ;
• Luiz Carlos Vasconcelos de Deus, 32 ans – fils de Teresa Souza Costa.

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