Communiqué de presse

Cambodge. Le jugement rendu à l’issue du procès de deux Khmers rouges représente un pas vers la justice

crédit photo : Extraordinary Chambers in the Courts of Cambodia/Mak Remissa

La condamnation prononcée jeudi 7 août contre deux des anciens Khmers rouges les plus hauts placés du Cambodge pour crimes contre l’humanité par les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, soutenues par l’ONU, représente un pas important vers la justice, a déclaré Amnesty International.

Rupert Abbott, directeur adjoint d’Amnesty International pour la région Asie-Pacifique, a déclaré :

« Cette décision, attendue depuis longtemps, est un grand pas vers la justice pour les victimes de la période des Khmers rouges, et elle souligne l’importance de la lutte contre l’impunité.

« Cependant, le refus affiché auparavant par de hauts responsables du gouvernement cambodgien de fournir des éléments de preuve, tout comme les allégations d’ingérence politique dans d’autres affaires des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, sont inquiétants et soulèvent des préoccupations quant à l’équité des procédures et au respect du droit des victimes à connaître toute la vérité concernant les crimes présumés.

« Des procès équitables et efficaces sont essentiels si l’on veut que les Chambres extraordinaires laissent un héritage qui renforce le système judiciaire cambodgien, très fragile, et qu’elles contribuent à mettre fin à la culture profondément implantée de l’impunité.

« Les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens doivent aller au bout de toutes les affaires de façon équitable, dans des délais raisonnables et sans ingérence politique. Pour ce faire, cette juridiction a besoin du soutien total du gouvernement cambodgien et de la communauté internationale.

« Amnesty International se réjouit de la décision du tribunal d’approuver 11 projets de réparation pour les victimes et appelle à leur mise en œuvre pleine et entière. Toutefois, le gouvernement du Cambodge doit encore faire bien plus pour réparer le mal fait aux victimes. »

Les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, connues sous le nom de « tribunal des Khmers rouges », ont rendu leur jugement jeudi 7 août dans l’affaire 002/01, et condamné Nuon Chea, 88 ans, et Khieu Samphan, 83 ans, à la réclusion à perpétuité.

Nuon Chea, ancien numéro deux du régime des Khmers rouges, et Khieu Samphan, l’ancien chef d’État du régime, étaient poursuivis pour plusieurs chefs d’accusation, notamment pour les déplacements forcés de population de Phnom Penh et d’ailleurs et pour l’exécution de soldats de la République khmère, le régime renversé par les Khmers rouges.

Près de 4 000 victimes ont pu se constituer partie civile dans l’affaire 002/01 et bénéficier de tous les droits accordés aux parties dans une procédure judiciaire, y compris le droit à une représentation juridique, le droit de demander des actes d’enquête et le droit de citer et d’interroger des témoins. Avant les Chambres extraordinaires, aucun tribunal pénal international jugeant des crimes relevant du droit international n’avait accordé aux victimes un statut officiel durant les poursuites.

Reconnaissant que Nuon Chea et Khieu Samphan sont indigents, le tribunal a décidé de ne pas ordonner aux deux hommes de fournir réparation aux victimes. À la place, il a approuvé 11 projets de réparation ayant obtenu un financement externe. Deux autres projets n’ont pas été approuvés car les informations fournies et le financement externe étaient insuffisants.

La semaine dernière, la première audience de l’affaire 002/02, la deuxième concernant Nuon Chea et Khieu Samphan, a eu lieu devant les Chambres extraordinaires. Les deux hommes sont cette fois poursuivis pour des chefs d’accusation plus large, y compris des allégations de génocide.

Des enquêtes devraient être en cours dans deux autres affaires, impliquant au total quatre suspects, mais elles semblent avoir souffert de manœuvres d’obstruction et d’ingérence politiques qui ont retardé la justice et nui aux droits des suspects comme à ceux des victimes.

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