Communiqué de presse

Corée du Sud. Les autorités doivent mettre fin aux arrestations de dirigeants syndicalistes et respecter les droits des grévistes

Les autorités sud-coréennes doivent maîtriser les forces de police et respecter les droits des travailleurs en grève, a déclaré Amnesty International après que la police a effectué un raid important dans les locaux de la Confédération coréenne des syndicats (KCTU) à Séoul le 22 décembre.

« En effectuant ce raid, la police a bafoué les normes internationales relatives aux droits humains et au travail de nombreuses manières : elle a notamment arrêté des dirigeants syndicalistes en représailles à la grève et recouru à une force inutile et excessive qui a fait des blessés parmi les travailleurs, a indiqué Polly Truscott, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« Les autorités sud-coréennes doivent mettre fin aux descentes illégales de police et aux arrestations de syndicalistes, et respecter les droits des travailleurs en grève. »

Quelque 130 syndicalistes ont été arrêtés le 22 décembre lorsque des milliers de policiers ont effectué une descente au siège de la KCTU, en réaction à une grève des ouvriers du rail qui craignent des licenciements massifs imminents. Plusieurs ouvriers ont été blessés lorsque la police a utilisé des aérosols de gaz poivre.

Il s’agissait du premier raid de la police au siège de la Confédération coréenne des syndicats, mené sans mandat de perquisition, depuis qu’elle s’est vue accorder un statut juridique en 1999.

La grève a démarré le 9 décembre pour protester contre la décision de Korea Railroad (KORAIL) de fonder une société distincte pour gérer une nouvelle ligne de train à grande vitesse. Le Syndicat coréen des ouvriers du rail (KRWU), qui fait partie de la KCTU, craint que cela ne conduise à la privatisation de KORAIL et à des licenciements massifs.

Lors de précédentes descentes de police dans deux bureaux du Syndicat coréen des ouvriers du rail à Séoul le 17 décembre, une trentaine de policiers ont saisi des disques durs et des documents confidentiels. Deux jours plus tard, la police a saisi de nouveaux disques durs et des documents lors de raids simultanés dans quatre sièges régionaux du KRWU à Daejeon, Busan, Suncheon et Yeongju.

Le 18 décembre, le Premier ministre Chung Hong-won aurait qualifié la grève des ouvriers du rail d’« illégale » et déclaré que le gouvernement répondrait à cette action industrielle par des mesures strictes.

KORAIL a par la suite suspendu 7 927 ouvriers grévistes, à titre de sanction disciplinaire. Les mandats d’arrêt émis contre 28 représentants syndicaux se fondaient sur les charges pénales d’« obstruction de l’activité économique » et deux dirigeants syndicalistes ont été arrêtés. KORAIL a également intenté une action en dommages-intérêts pour pertes estimées à 7,7 milliards de wons (environ 5 314 000 euros) contre le KRWU et ses 186 dirigeants. Ces décisions sont en contradiction directe avec les normes du travail reconnues au niveau international.

« Il s’agit d’une manœuvre des autorités coréennes visant à priver de leurs droits les grévistes et à paralyser le travail légitime des syndicats – et ce en violation flagrante des normes internationales », a estimé Polly Truscott.

Amnesty International a averti les autorités sud-coréennes que, même lorsque l’intervention de la police devient nécessaire parce que les agissements des grévistes présentent un risque important de violence envers des personnes ou de graves dégâts, la police doit respecter les normes internationales, notamment le Code de conduite pour les responsables de l’application des lois, qui souligne que le recours à la force doit rester exceptionnel et précise que les responsables de l’application des lois peuvent recourir à la force seulement lorsque cela est strictement nécessaire et dans la mesure exigée par l’accomplissement de leurs fonctions.

Complément d’information

Amnesty International craint que le conflit actuel ne se traduise par des violations des droits des travailleurs, comme ce fut le cas lors d’une grève des ouvriers du rail en2009, situation qui avait été vivement critiquée par le Comité de la liberté syndicale de l’Organisation internationale du travail (OIT) en novembre 2012.

Lors de cette grève, près de 200 représentants syndicaux ont été licenciés et 15 000 syndicalistes ont fait l’objet de sanctions disciplinaires. Le Comité de la liberté syndicale a demandé « l’abandon immédiat des inculpations (amendes et peines de prison) prononcées au titre de l’article 314 du Code pénal (« obstruction de l’activité économique ») contre des représentants et des membres » du KRWU qui avaient participé à la grève, la « réintégration immédiate » des membres licenciés du KRWU et la levée de toutes les mesures disciplinaires.

À ce jour, le gouvernement n’a pas mis en œuvre les recommandations de l’ OIT dans cette affaire.

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