Des manifestants abattus par des policiers

Les autorités népalaises doivent mener sans délai une enquête sur les membres des forces de sécurité qui ont ouvert le feu sur des manifestants dans le district de Saptari, dans les plaines du Teraï (sud du Népal), tuant trois personnes et en blessant 16 autres, a déclaré Amnesty International mardi 7 mars.

«  Il s’agit d’une utilisation illégale de la force meurtrière. Une enquête efficace et impartiale doit être menée sans délai, et les personnes responsables doivent rendre compte de leurs actes », a déclaré Aura Freeman, chargée de campagne Népal à Amnesty International.

Lundi 6 mars, des sympathisants du Samyukta Loktrantrik Madhesi Morcha (SLMM) se sont rassemblés pour manifester contre un rassemblement électoral du parti Union marxiste-léniniste. Le SLMM, une alliance de partis basés dans le Madhes, boycotte les élections pour protester contre le fait qu’aucune modification n’a été apportée à la Constitution. Des affrontements ont eu lieu entre les manifestants et les forces de sécurité chargées de maintenir l’ordre lors du rassemblement. Certains manifestants auraient jeté des pierres et d’autres objets aux membres des forces de sécurité, qui ont riposté avec des grenades lacrymogènes et des armes à feu. D’après un représentant du gouvernement, les policiers ont d’abord tenté de disperser les manifestants avec des matraques et du gaz lacrymogène avant d’utiliser leurs armes à feu.

Aux termes du droit international, les policiers ne doivent pas utiliser d’armes à feu sauf pour se défendre contre une menace imminente de mort ou de blessure grave, et seulement si aucun autre moyen moins extrême n’est disponible. Les armes à feu ne doivent jamais être utilisées comme un outil tactique pour gérer les manifestations ou d’autres rassemblements publics, et ne sont pas appropriées pour contenir la violence généralisée. L’usage arbitraire ou excessif de la force ou d’armes à feu par des responsables de l’application des lois constitue une infraction pénale et doit être sanctionné.

« Ces morts ne sont pas un fait isolé. Elles ont lieu alors que les forces de sécurité népalaises ont systématiquement recours à l’utilisation illégale de la force meurtrière, a déclaré Aura Freeman. À l’approche des élections locales, alors qu’il est probable que d’autres manifestations aient lieu, les forces de sécurité doivent absolument s’abstenir d’utiliser une force excessive. »

Complément d’information

En 2015, au moins 50 personnes ont été tuées dans des affrontements entre des manifestants et des membres des forces de sécurité dans la région du Teraï, au Népal. Des Madheshis et d’autres groupes marginalisés de la région du Teraï manifestaient contre la Constitution de 2015 et les modifications qui y ont été apportées et qui étaient, d’après eux, discriminatoires à leur égard et les privaient d’une représentation politique équitable. Amnesty International a demandé à plusieurs reprises que les forces de sécurité chargées du maintien de l’ordre lors des manifestations fassent preuve de modération, et que le gouvernement népalais ouvre une enquête sur les cas d’utilisation disproportionnée, excessive et inutile de la force et sur les homicides survenus dans ces circonstances. À ce jour, personne n’a eu à répondre de ces actes devant la justice.

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