Halte à la torture des détenus en Syrie

Depuis 2011, des milliers de personnes sont mortes dans des centres de détention de Syrie. Des dizaines de milliers d’autres ont subi des actes de torture.

Des personnes meurent de faim, n’ont pas accès aux soins les plus élémentaires et meurent de coupures infectées et d’ongles incarnés. Nombreuses sont celles qui ont été frappées, violées ou ont reçu des décharges électriques, entre autres sévices, souvent dans le but de leur extorquer des « aveux » par la force.

Toute personne soupçonnée de s’opposer au gouvernement syrien est en danger. Les employés, les entrepreneurs, les étudiants, les blogueurs, les professeurs d’université, les avocats, les médecins et les journalistes. Les personnes qui viennent en aide à leurs voisins. Les militants qui défendent les minorités.

Ensemble, nous devons mettre fin à l’horreur qui sévit dans les prisons syriennes. Le gouvernement syrien doit laisser des observateurs indépendants enquêter sur ces centres de détention violents dès maintenant. Cela représenterait un premier pas décisif.

Un professeur d’arabe, proche de la trentaine, qui a subi des actes de torture, Syrie :

« La première chose dont la torture vous prive est votre dignité. Cela vous détruit. »

Des actes de torture inimaginables

Des anciens prisonniers parlent d’un cycle sans fin de passages à tabac : durant le voyage à la suite de l’arrestation, pendant les transferts entre les différents centres de détention, à l’arrivée dans la prison, et parfois chaque jour pour le moindre « manquement » aux règles, y compris le fait de parler ou de ne pas nettoyer sa cellule.

De nombreuses personnes à qui nous avons parlé ont affirmé qu’elles avaient été frappées avec des tuyaux en plastique, des barres en silicone et des bâtons en bois. Certaines ont été ébouillantées et brûlées avec des cigarettes. D’autres ont été immergées de force dans l’eau et ont reçu des décharges électriques.

Certaines techniques utilisées sont devenues si répandues qu’elles ont leur propre surnom. Il y a la technique du « tapis volant » : la personne est attachée sur le dos à une planche pliante dont les deux bouts se rejoignent progressivement. Ou la technique du « pneu », ou dulab, qui consiste à faire rentrer la personne de force dans un pneu, le front contre les genoux ou les chevilles, et à la battre.

Des femmes et des hommes ont été violés et harcelés sexuellement. Des femmes ont également été menacées d’être violées devant des membres de leur famille, dans le but de leur extorquer des « aveux ».

Un étudiant soumis à des décharges électriques :

« C’était comme si une partie de mon âme était morte… Après ça, je ne ressentais plus aucune joie, aucune envie de rire. »

Un ancien détenu décrivant la surpopulation carcérale :

« Lorsqu’ils m’ont fait entrer, ce ne sont pas des gens mais des vers que j’ai vus, grouillant et se mélangeant les uns aux autres. Je ne pouvais pas me tenir sur mes deux pieds, il n’y avait pas assez de place. »

Des conditions inhumaines

Certaines personnes souffrent de graves troubles mentaux à cause de la surpopulation et du manque de lumière naturelle. Des personnes ont affirmé qu’il pouvait parfois y avoir plus de 50 personnes dans une cellule de trois mètres sur trois. Les détenus n’ont que peu, voire pas du tout accès à des soins médicaux et, souvent, ils meurent des suites de problèmes de santé qui auraient parfaitement pu être évités.

Cette horreur sans nom vise à détruire la volonté et le moral des détenus. Les survivants souffrent de traumatismes psychologiques et de graves séquelles physiques. Ils ont souvent besoin de soins médicaux et d’un soutien psychologique importants pour reconstruire leur vie.

Dans la plupart des cas, le gouvernement syrien nie l’arrestation même de ces personnes par les forces de sécurité, ou refuse de donner des informations sur l’endroit où elles se trouvent. Ainsi, de nombreux détenus sont des « disparus » et ne sont pas protégés par la loi, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux atteintes aux droits humains.

Halte à la torture des détenus en Syrie

Des personnes sont enfermées au seul motif qu’elles ont aidé leurs voisins. Des avocats, des médecins et des journalistes ont été incarcérés et torturés simplement pour avoir fait leur travail. Il s’agit là de crimes contre l’humanité. Pourtant, les forces de sécurité syriennes demeurent impunies.

Alors que la communauté internationale tente de résoudre le conflit actuel, il est indispensable que les personnes en détention soient traitées de manière juste pour que les Syriens puissent croire en une paix durable. La Russie et les États-Unis exercent une influence considérable sur les négociations, en partie du fait de leur engagement militaire dans la région.

Ces pays doivent appeler le gouvernement syrien à autoriser des observateurs indépendants à mener des enquêtes approfondies sur les conditions dans ces centres de détention violents. Cela constituerait un premier pas pour mettre fin à l’horreur qui règne dans les prisons de Syrie, afin que plus personne dans ce pays ne soit soumis à des actes torture en détention.

Pour en savoir plus :

Notre rapport "It breaks the human" Torture, disease and death in Syria’s Prisons

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