HONDURAS. Le gouvernement hondurien doit prendre position contre l’assassinat de journalistes

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Index AI : PRE 01/142/2010

ÉFAI-29 avril 2010

Amnesty International appelle les autorités du Honduras à prendre des mesures immédiates pour protéger les représentants des médias après une série d’attaques répétées qui ont fait six morts en moins de huit semaines parmi les journalistes.

Ces assassinats surviennent après une année d’attaques violentes et de menaces à l’encontre de la profession. Les journalistes les plus visés sont ceux qui enquêtent sur le crime organisé ou les atteintes aux droits humains et ceux qui dénoncent le coup d’État de juin 2009, à la suite duquel le président José Manuel Zelaya Rosales a été contraint à l’exil.

«  Nous avons parlé à plusieurs journalistes qui, en raison de cette campagne incessante de menaces et de violences, ont été contraints d’interrompre leurs enquêtes sur certains sujets et se sont en fait autocensurés », a déclaré Esther Major, chargée de recherches sur l’Amérique centrale à Amnesty International.

Jorge Alberto Orellana, présentateur d’une émission d’informations, est la dernière victime en date ; il a été tué le 20 avril d’une seule balle dans la tête au moment où il quittait le studio de la chaîne à Tegucigalpa. Sa mort avait été précédée d’une série d’attaques similaires qui avaient débuté le 1er mars, avec l’assassinat de Joseph Hernandez Ochoa, étudiant et journaliste, abattu dans la capitale.

David Meza Montesinos, qui avait reçu des menaces de mort après avoir publié des articles sur le trafic de drogue, a été abattu à quelques mètres de chez lui, à La Ceiba, dans le nord du pays, le 11 mars.

Trois jours plus tard, Nahúm Palacios, journaliste et directeur des programmes d’une chaîne de télévision, a été assassiné à Tocoa, par des hommes armés d’armes automatiques AK-47 qui ont ouvert le feu sur sa voiture.

Ce journaliste avait été menacé à de nombreuses reprises alors qu’il couvrait un conflit foncier et des affaires liées au trafic de drogue. Victor Manuel Juárez et Jose Bayardo Mairena, journalistes de télévision ont été les quatrième et cinquième victimes le 27 mars ; ils ont été abattus alors qu’ils se rendaient par la route dans la région d’Olancho.

« Cibler ainsi des journalistes étouffe la liberté d’expression, prive la population hondurienne de l’accès à l’information et bafoue naturellement le droit à la vie des journalistes », a déclaré Esther Major.

« Les autorités honduriennes doivent condamner ces meurtres et actes d’intimidation contre des journalistes et s’engager publiquement et fermement à protéger les journalistes. Des enquêtes doivent être ouvertes immédiatement sur les meurtres qui ont été commis et les présumés responsables de ces homicides doivent être traduits en justice. »

Deux hommes circulant sur une moto non immatriculée ont suivi Ricardo Oviedo Reyes le 28 avril et ont été vus rôdant autour du domicile du journaliste de la chaîne de télévision Channel 40 à Colón. Plusieurs coups de feu ont été tirés près de sa maison et le 27 avril un homme lui a téléphoné pour lui dire « Tu vas mourir » avant de raccrocher.

Jorge Otts Andersen, artiste vivant à Colón et travaillant comme journaliste pour la chaîne Channel 40, craint pour sa vie après avoir reçu, en avril , alors qu’il était à l’antenne et venait d’évoquer l’histoire d’un jeune homme passé à tabac par des policiers, l’appel téléphonique d’un homme qui a lancé « On va venir te tuer ». Un mois auparavant, un homme avait déjà appelé pendant son émission pour lui dire « Ta tête est déjà mise à prix ».

« Le gouvernement doit prendre des mesures urgentes pour empêcher d’autres morts et offrir immédiatement une protection aux journalistes victimes de menaces ou qui risquent d’être assassinés. Il est inacceptable que des journalistes mettent aujourd’hui leur vie en danger simplement en essayant de faire leur travail », a déclaré Esther Major.

Complément d’information

Les autorités honduriennes ont pris des mesures de répression contre les médias immédiatement après le coup d’état du 28 juin 2009, date à laquelle le président hondurien José Manuel Zelaya Rosales a été contraint à l’exil par un groupe d’hommes politiques soutenus par l’armée et emmenés par Roberto Micheletti, alors président du Congrès national, qui ont pris le contrôle du pays.

Après le coup d’État du 28 juin 2009, les militaires ont fermé ou occupé les locaux de nombreux médias et des journalistes ont été attaqués physiquement.

Au cours de ces derniers mois, des journalistes, notamment ceux qui couvrent des affaires liées aux activités du crime organisé ou à des atteintes aux droits humains, ou ceux qui dénoncent le coup d’État, ont fait l’objet de menaces et d’actes d’intimidation. Amnesty International a rassemblé des informations sur des violations commises durant le coup d’État dans un rapport publié le 27 janvier 2010 et intitulé Honduras : Recommendations to the new Honduran government following the coup of June 2009 (Index : AMR 37/003/2010, disponible en anglais et en espagnol).

Un nouveau gouvernement, conduit par Porfirio Lobo, a pris ses fonctions le 27 janvier 2010.

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