Communiqué de presse

Indonésie. La fermeture d’un lieu de culte ahmadi est un nouvel exemple de la répression religieuse qui sévit dans le pays

La fermeture d’un lieu de culte ahmadi par les autorités locales de Java-Ouest constitue un acte à la fois inquiétant et arbitraire. Il s’agit du dernier exemple en date de la répression permanente frappant les minorités religieuses en Indonésie, a déclaré Amnesty International.

Le gouvernement du district de Ciamis (Java-Ouest), a fermé hier un lieu de culte ahmadi, en invoquant la nécessité de « maintenir l’harmonie religieuse » et d’arrêter la diffusion d’une « interprétation déviante de l’enseignement islamique ». Plus tôt dans la semaine, des centaines de partisans de groupes extrémistes islamiques avaient manifesté devant le bureau du chef de district pour exiger la fermeture de ce lieu de culte.

« Cette fermeture arbitraire constitue une violation flagrante du droit de toute personne à pratiquer sa religion. Ce lieu de culte doit être rouvert immédiatement, notamment du fait que le ramadan est proche. Au lieu de céder aux pressions de groupes extrémistes, les autorités locales doivent faire plus pour protéger les ahmadis et les autres minorités religieuses », a déclaré Papang Hidayat, spécialiste de l’Indonésie à Amnesty International.

« Malheureusement, ce n’est là que la dernière d’une série de tentatives visant à réprimer les ahmadis. Les membres de cette minorité risquent quotidiennement d’être attaqués ou harcelés. Loin d’empêcher ces attaques, les autorités ont adopté une législation discriminatoire et pris des mesures répressives, comme la fermeture de ce lieu de culte. »

En Indonésie, depuis des décennies, les ahmadis subissent des actes de harcèlement et de discrimination. Amnesty International a recensé de nombreux cas d’intimidation et de violence, imputables à des groupes islamistes radicaux, contre cette minorité. Il s’agit notamment d’attaques collectives, et d’incendies de lieux de culte et d’habitations, qui conduisent parfois à des déplacements de longue durée.

Les attaques contre les minorités religieuses en Indonésie se sont intensifiées au cours des dernières années et, souvent, le gouvernement n’offre pas de protection adéquate aux communautés exposées, ni ne poursuit les auteurs de ces violences.

Dans la plupart des cas, en effet, les auteurs de violences contre les minorités restent impunis et, en cas d’agression, les autorités tendent à reprocher aux minorités visées leurs « idées déviantes ».

À la veille de l’élection présidentielle du 9 juillet, Amnesty International exhorte les dirigeants politiques indonésiens à faire davantage d’efforts pour éliminer les discriminations et les répressions de nature religieuse.

« L’administration du président Susilo Bambang Yudhoyono n’a pas endigué la vague croissante de répression contre les minorités religieuses. Nous exhortons les deux candidats à l’élection du 9 juillet à s’engager clairement en faveur du respect et de la protection des droits humains de tous les Indonésiens, indépendamment de leur religion  », a déclaré Papang Hidayat.

Complément d’information

Les ahmadis sont un groupe religieux qui se réclame de l’islam, mais nombre de formations musulmanes traditionnelles considèrent leurs croyances comme déviantes.

Le gouvernement du district de Ciamis justifie la fermeture du lieu de culte par un décret ministériel conjoint de 2008 interdisant aux ahmadis de promouvoir leurs activités ou de diffuser leurs enseignements religieux.

Ce même texte a été invoqué pour fermer plusieurs lieux de culte ahmadis récemment, notamment deux dans la province de Java-Ouest, en décembre 2013 (Depok) et en mai 2014 (Bekasi). En octobre 2013, une foule a forcé la fermeture d’un lieu de culte ahmadi dans le district de Tasikmalaya (Java-Ouest).

Le décret ministériel conjoint de 2008 présente un grand nombre de défauts et doit être abrogé immédiatement. Il a été utilisé dans tout le pays pour nier les droits des ahmadis à la liberté de pensée, de conscience et de religion, ainsi qu’à la liberté d’expression, et pour justifier les attaques contre eux.

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