Interpellation de Theo Francken sur la crise migratoire

Ce jeudi, une délégation d’Amnesty International a rencontré le Secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Theo Francken, pour lui faire part de ses inquiétudes face à la politique menée par la Belgique pour faire face à la crise migratoire actuelle.

Cette rencontre intervient alors que les États sont en train de négocier le document final qui sera présenté lors d’une réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies sur la gestion des déplacements massifs de réfugiés et de migrants. La délégation d’Amnesty International a exposé ses appels concernant le pacte mondial et ses cinq propositions pour parvenir à un partage équitable des responsabilités. En vue de ce Sommet, l’organisation a également lancé une pétition en début d’année, qui a déjà récolté près de 33 500 signatures en Belgique.

A un moment où Theo Francken, tout comme la Commission européenne, se réjouit de voir de moins en moins de réfugiés rejoindre les portes de l’Europe grâce à l’accord entre l’Union européenne et la Turquie, Amnesty International a rappelé que cet accord, immoral et illégal, ne prévoit pas de véritable solution en matière de protection et de sécurité des réfugiés.

« En Grèce, des dizaines de milliers de personnes sont en effet bloquées dans des camps de tentes sordides, et en Turquie, les réfugiés vivent non seulement dans des conditions inhumaines mais risquent également d’être renvoyés en zone de conflit », explique Philippe Hensmans, Directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

Amnesty International appelle tous les pays européens à prendre, au plus vite, toutes les mesures nécessaires pour fournir des solutions légales et sans risques aux réfugiés en zone de conflit. Qu’ils se trouvent en Grèce, en Italie, en Turquie ou ailleurs hors de l’Union européenne, une partie importante de réfugies doit être réinstallée. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a d’ailleurs identifié un besoin immédiat de réinstallation pour près d’1,2 million de réfugiés vulnérables.

Lors de cet entretien, Amnesty International a également demandé à la Belgique de respecter ses engagements européens en matière de réinstallation et d’accueillir au plus vite davantage de personnes venant de Grèce et d’Italie. Si le pays a promis d’accueillir 3 724 personnes au total, un an après cette promesse, moins d’une centaine de personnes sont arrivées en Belgique.

La délégation d’Amnesty International s’est également montrée fortement préoccupée par les différents projets européens de coopération avec des pays tiers tels que la Libye, en vue de freiner les mouvements migratoires alors qu’un document récent fait état des atrocités commises par les garde-côtes libyens à l’égard des réfugiés, qui sont détenus et torturés. Ils ont attiré l’attention du Secrétaire d’État sur le fait que certains de ces pactes sont en train d’être convenus avec des dirigeants connus pour leurs responsabilités dans des violations massives des droits humains.

« Collaborer avec un criminel recherché par la Cour pénale internationale, en finançant son régime comme ce serait le cas avec le Soudan, ou tenter d’empêcher les Somaliens de fuir leur pays, au nom de la lutte contre les migrations, est totalement opposé aux valeurs et obligations que s’est données l’Union européenne ainsi qu’au droit international », souligne encore Philippe Hensmans.
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