Iran. Un an après, Mansour Ossanlu est toujours en prison et la répression contre les travailleurs se poursuit

DÉCLARATION PUBLIQUE

Index AI : MDE 13/093/2008 – ÉFAI

Il y a un an jour pour jour, Mansour Ossanlu (ou Osanloo), président du Syndicat des travailleurs de la compagnie des bus de Téhéran (Vahed), qui est affilié à la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF), était brutalement enlevé à bord d’un bus, à proximité de son domicile de Téhéran, par du personnel de sécurité non identifié. Cet incident s’est produit seulement trois semaines après que Mansour Ossanlu eut assisté à des réunions syndicales internationales organisées à Londres et à Bruxelles par l’ITF et la Confédération syndicale internationale (CSI).

Les protestations internationales ont pris de l’ampleur au fil des mois et abouti à une journée d’action mondiale le 6 mars 2008. Les manifestations se poursuivent à ce jour.

Le 5 juin 2008, Mansour Ossanlu a indiqué dans une déclaration qu’il avait été « violemment frappé, insulté et maltraité » lors de l’incident du bus. En prison, il subit un traitement très dur, probablement disproportionné, ainsi que de fortes pressions psychologiques.

Ces mauvais traitements ont des répercussions négatives sur sa santé. Nous déplorons le fait que Mansour Ossanlu reste incarcéré à la prison d’Evin malgré les appels répétés de ses médecins, qui demandent qu’il soit autorisé à recevoir des soins appropriés à l’extérieur pour un problème à l’œil dû à une agression antérieure. Nous sommes également préoccupés par des informations datant d’aujourd’hui et selon lesquelles Mansour Ossanlu, au lieu d’être conduit à une consultation prévue à l’hôpital, aurait été emmené au tribunal pour une nouvelle audience de mise en accusation. Nous n’en savons pas plus au moment où nous rédigeons ces lignes. Si ces informations sont vraies, elles ne peuvent que renforcer notre inquiétude de voir les autorités iraniennes déterminées à continuer leur répression contre le mouvement syndical indépendant tout en ne tenant aucun compte de la dignité humaine de Mansour Ossanlu.

Ce dernier a été condamné à cinq ans de prison sur la base d’accusations vagues motivées par des considérations politiques – « agissements contre la sécurité nationale » et « propagande contre l’État » – qui dans les faits ne constituent pas des infractions dûment reconnues par la loi.

Son emprisonnement est lié à ses activités à la tête du Syndicat des travailleurs de la compagnie des bus de Téhéran et de sa banlieue. Sa condamnation sert à réprimer le véritable mouvement des travailleurs en Iran, où les organisations officielles telles que la Maison des travailleurs et le Conseil islamique du travail ne sont pas représentatives des travailleurs depuis de nombreuses années.

Mansour Ossanlu et son syndicat continuent de mener des activités pacifiques et démocratiques. Nous estimons que Mansour Ossanlu est prisonnier d’opinion, détenu pour ses convictions profondes. En ce jour anniversaire, nous demandons une nouvelle fois sa libération immédiate et inconditionnelle.

Nous appelons également les autorités judiciaires iraniennes à libérer Gholamreza Gholamhosseini, membre du comité exécutif du même syndicat, qui a été arrêté le 24 juin pour s’être rendu au stade Shirodi à Téhéran afin d’y participer à un événement organisé pour la Journée de la femme iranienne. Le lendemain, le juge Hassan Dehghan Dehnavi l’a envoyé à la prison d’Evin. Il a déclaré : « Gholamhosseini n’est inculpé d’aucune infraction, mais il devrait rester en détention pour une durée indéterminée, le temps qu’une enquête soit menée sur son cas ». Cette décision est contraire à l’article 9-3 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), selon lequel « la détention de personnes qui attendent de passer en jugement ne doit pas être de règle ».

Nous demandons aussi au gouvernement iranien de reconnaître le syndicat Vahed comme une véritable organisation de travailleurs et de mettre fin à la répression qui vise cet organisme. Nous craignons que ceux qui ont été licenciés ou qui se sont vu interdire de reprendre leur travail à cause de leur participation présumée à la grève de janvier 2006 ne subissent de nouvelles sanctions dues à leurs activités syndicales pacifiques et à l’exercice de leur droit à la liberté d’expression et d’association. Les autorités iraniennes doivent faire cesser cette pratique et interdire les licenciements abusifs.

La CSI, l’ITF et Amnesty International saluent les efforts incessants des membres et du comité exécutif du syndicat Vahed pour défendre les intérêts des travailleurs des compagnies de bus de Téhéran. Malgré les obstacles dressés par la direction et les autorités, les membres du syndicat Vahed montrent par l’exemple que les droits syndicaux sont des droits humains.

Nous sommes très préoccupés par l’accélération de la répression contre le mouvement syndical indépendant en Iran. Outre les enlèvements et l’emprisonnement de responsables syndicaux, les arrestations massives se poursuivent sur les sites où un véritable syndicalisme se développe, comme nous l’avons constaté récemment avec l’arrestation de 20 ouvriers à l’usine sucrière de Taft Hapeh. Selon la Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de l’énergie, des mines et des industries diverses, 100 travailleurs de l’usine Kian Tyre, près de Chahardangeh, ont été agressés à coups de matraques électroniques et détenus pendant trente-six heures en avril. D’après l’Internationale de l’éducation, les syndicalistes enseignants sont de plus en plus souvent pris pour cible et victimes d’arrestation.

Nous exprimons notre profonde gratitude à toutes les personnes et organisations, en Iran et dans le monde entier, qui travaillent sans relâche pour faire libérer Mansour Ossanlu mais aussi pour promouvoir le mouvement syndical indépendant en Iran.

Nous publions cette déclaration à l’occasion du premier anniversaire de l’arrestation arbitraire de Mansour Ossanlu afin de réaffirmer notre soutien sans faille à ce dernier et au mouvement syndical indépendant en Iran. Nous devons tous unir nos forces pour atteindre notre objectif commun : faire en sorte que les travailleurs en Iran aient la possibilité de jouir des droits humains et syndicaux fondamentaux auxquels tous les travailleurs peuvent prétendre, quel que soit l’endroit où ils vivent. Les droits des travailleurs sont des droits humains.

Confédération syndicale internationale (CSI)
Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF)
Amnesty International

FIN

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