Communiqué de presse

Italie. Les poursuites contre un ancien agent de la CIA impliqué dans une « restitution » ne doivent pas être abandonnées

Le président italien Giorgio Napolitano doit rejeter la demande de grâce d’un ancien agent de la CIA pour un crime commis en Italie dans le cadre du programme de « restitutions » mené par les États-Unis, a déclaré Amnesty International vendredi 13 septembre.

Robert Seldon Lady, qui serait maintenant de retour aux États-Unis, a écrit au dirigeant italien mercredi 11 septembre pour demander d’être gracié. Un tribunal italien l’a condamné par contumace à une peine de neuf ans d’emprisonnement pour son rôle dans l’enlèvement d’Abu Omar, à Milan, en 2003.

« Voici quelqu’un qui reconnaît avoir pris part à une opération d’enlèvement ayant eu pour conséquence qu’un homme a été incarcéré en Égypte et torturé, a déclaré Julia Hall, spécialiste de la question des droits humains dans la lutte contre le terrorisme à Amnesty International. Cela fait dix ans que Robert Seldon Lady échappe à la justice. Il serait dangereux, en l’absolvant aujourd’hui, de laisser entendre que les responsables de disparitions forcées et de torture n’auront pas à assumer leurs responsabilités.  »

En février 2003, alors que Robert Seldon Lady dirigeait une cellule de la CIA, des agents américains et italiens ont enlevé le religieux égyptien Abu Omar, à Milan. Celui-ci a été illégalement transféré au Caire via l’Allemagne, il a été détenu au secret et a déclaré avoir été torturé pendant sa détention en Égypte.

Robert Seldon Lady fait partie de la vingtaine de fonctionnaires américains et italiens qui ont été reconnus coupables de cet enlèvement ; il a été condamné à la peine d’emprisonnement la plus lourde.

Selon des informations fournies par les médias italiens, dans sa lettre au président Napolitano, Robert Seldon Lady écrit qu’il a pris part à l’enlèvement d’Abu Omar sur ordre de ses supérieurs, avant d’ajouter : « je ne porte pas l’uniforme, mais en tant que soldat de la guerre contre le terrorisme je bénéficiais de l’immunité ». Il dit également que ses actes ont été « contrôlés par des hauts responsables », qui l’ont informé qu’ils étaient conformes au droit américain, italien et international.

L’ancien agent de la CIA a été arrêté au Panama en juillet 2013. Amnesty International a demandé qu’il soit extradé en Italie pour y faire face à ses obligations vis-à-vis de la justice. Au lieu de cela, il a été renvoyé aux États-Unis

« Les autorités américaines n’ont cessé de faire obstacle à toute action visant à établir la responsabilité de quiconque pour les violations des droits humains commises dans le cadre du programme de "restitutions" et de détentions secrètes de la CIA, a déclaré Julia Hall. Les personnes impliquées dans la "restitution" d’Abu Omar, parmi lesquelles Robert Seldon Lady, doivent être extradées en Italie pour répondre de leurs actes devant la justice. »

Le président Napolitano a déjà gracié cette année l’agent de l’armée de l’air des États-Unis Joseph Romano pour son rôle dans l’enlèvement d’Abu Omar. Amnesty International avait déclaré que cette décision complaisante à l’égard du gouvernement américain ne ferait qu’ouvrir la voie à l’impunité.

Les actes de torture et les disparitions forcées sont des crimes aux termes du droit international, et tous les États sont tenus d’enquêter sur ces agissements et, si les éléments à charge sont suffisants, d’en juger les responsables.

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