Caserne de Giwa : l’armée oppose de fausses déclarations au rapport d’Amnesty

L’armée oppose de fausses déclarations au rapport d’Amnesty International sur la caserne de Giwa
• Amnesty International n’a jamais été autorisée à entrer dans la caserne de Giwa
• Les conclusions du rapport ont été partagées avec les autorités nigérianes avant sa publication
• Le rapport présente des preuves irréfutables
• « Nous nous devons de le faire. » : le fait que le président Buhari reconnaisse la nécessité d’enquêter sur les conclusions d’Amnesty International est positif

La déclaration du général de brigade Rabe Abubakar selon laquelle Amnesty International a été autorisée à se rendre dans le centre de détention de la caserne de Giwa et qu’elle a « eu accès aux installations » est totalement fausse.

Amnesty International a sollicité à plusieurs reprises de pouvoir s’y rendre, sans jamais obtenir l’autorisation.

Elle a notamment formulé cette demande lors d’une rencontre avec le chef d’état-major des Armées en février 2016. Amnesty International a ensuite adressé des demandes écrites au procureur général, au conseiller à la sécurité nationale, au chef d’état-major de la Défense et, tout récemment, au chef d’état-major des Armées le 3 mars. À ce jour, l’organisation n’a reçu aucune réponse.

Aucun membre du personnel d’Amnesty International ne s’est vu autoriser l’accès ni n’a pu pénétrer dans la caserne.

Amnesty International souhaite vivement se rendre à la caserne de Giwa et serait ravie de recevoir une invitation accordant à ses chercheurs la permission de le faire.

Lorsque Christiane Amanpour, de CNN, lui a demandé le 12 mai s’il allait « accélérer l’enquête » sur les conditions à la caserne de Giwa, le président Buhari a répondu : « Nous nous devons de le faire. »

Amnesty International demande au président Buhari de ne plus perdre de temps : il doit ouvrir de toute urgence une enquête sur les morts en détention et fermer le centre de détention de la caserne de Giwa sans plus attendre.
Pour consulter le rapport intitulé, “If you see it, you will cry" : Life and death in Giwa barracks.

Complément d’information

L’armée a déclaré que le rapport d’Amnesty International fut « une surprise et un choc », alors que l’organisation avait partagé ses conclusions préliminaires avec les autorités nigérianes, sollicitant une réponse de leur part avant de publier son rapport.

Le 12 avril 2016, Amnesty International a ainsi écrit au chef d’état-major des Armées, lui demandant d’apporter une réponse aux preuves et autres informations faisant état de morts en détention.

Le 20 avril, celui-ci a répondu, redirigeant Amnesty International vers le bureau du procureur général. Les éléments de preuve présentés dans la lettre n’ont pas reçu de réponse. Le 27 avril, Amnesty International a écrit au procureur général et au chef d’état-major de la Défense. Elle a seulement reçu une lettre accusant réception de la part du bureau du procureur général le 13 mai, après la publication du rapport.

Amnesty International s’oppose également au rejet de ses conclusions par l’armée, qui les a qualifiées de « complètement injustifiées, infondées et ne reposant sur aucune source  ». Or, le rapport se fonde sur des récits vérifiés de témoins, dont 15 entretiens menés en 2016 par téléphone avec d’anciens détenus, leurs proches, des témoins oculaires, des militants des droits humains et des professionnels de santé.

Amnesty International a reçu 17 photos et vidéos montrant des cadavres de détenus déposés à la morgue par des soldats de la caserne de Giwa. Un expert médicolégal indépendant et des membres du personnel d’Amnesty International ont procédé à leur analyse. Amnesty International s’est procurée et a analysé des images satellite disponibles de la caserne de Giwa et du cimetière de Gwange afin de corroborer les récits des témoins.

Son rapport s’appuie sur des années de recherche menées sur la situation dans le nord-est du Nigeria grâce à des missions régulières à Maiduguri et dans la région.

Dans une transcription de l’interview de CNN (fournie par CNN), Christiane Amanpour demande : «  Donc, allez- vous faire avancer votre enquête, accélérer les investigations sur ce centre de détention précis, Maiduguri ? » Et le président Buhari répond : « Nous nous devons de le faire. »

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