Communiqué de presse

La France doit garantir la sécurité d’une figure de l’opposition kazakhe

Les autorités françaises doivent veiller à ce que la procédure d’extradition lancée contre Moukhtar Abliazov soit rigoureuse et équitable, et à ce qu’il ne soit envoyé dans aucun pays susceptible de le transférer vers le Kazakhstan, où il risque d’être victime de torture et d’un procès inique, a déclaré Amnesty International jeudi 1er août.

Le Kazakh Moukhtar Abliazov, banquier en fuite ayant obtenu le statut de réfugié et éminent opposant politique au président Noursoultan Nazarbaïev, a été appréhendé par la police française mercredi 31 juillet lors d’une descente effectuée dans une maison de Mouans-Sartoux, près de Cannes. Cette opération de police aurait fait suite à une demande d’extradition formulée par l’Ukraine, où Moukhtar Abliazov est accusé de délits financiers par les autorités.

Amnesty International pense qu’il est très probable, dans le cas d’une extradition vers l’Ukraine, que cet homme soit ensuite transféré vers le Kazakhstan, où il risquerait de faire l’objet d’un procès inique, ainsi que d’actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements.

« Les autorités kazakhes veulent récupérer Moukhtar Abliazov à tout prix », a indiqué John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Les autorités françaises doivent soigneusement examiner le cas Abliazov sous tous les angles, et veiller attentivement à ce que cet homme ne soit pas envoyé dans un pays où il serait en danger ou risquerait d’être ensuite mis dans un avion à destination du Kazakhstan. »

Le rapport intitulé Au nom de la sécurité, des personnes sont renvoyées en Asie centrale alors qu’elles risquent d’y être torturées, publié par Amnesty International en juillet 2013, décrit la coopération qui s’est établie entre la Russie, l’Ukraine et certaines républiques d’Asie centrale, dont le Kazakhstan, concernant les transferts de personnes vers ces pays d’Asie centrale, souvent au mépris de leurs droits fondamentaux.

Les autorités kazakhes ont pris pour cibles d’anciens associés et des membres de la famille de Moukhtar Abliazov dans divers pays européens au cours de l’année écoulée et semblent avoir obtenu le soutien d’alliés tels que les gouvernements ukrainien et russe dans cette entreprise. En mai, Alma Chalabaïeva, l’épouse de Moukhtar Abliazov, et leur fille de six ans ont été transférées en toute illégalité vers le Kazakhstan, après que des policiers aient effectué une descente dans une maison à Rome à la recherche, semble-t-il, de Moukhtar Abliazov.

Le gouvernement italien avait ensuite annulé l’expulsion face aux protestations de politiciens, de députés, ainsi que d’acteurs internationaux contre cette opération illégale et l’influence politique présumée du gouvernement kazakh sur les autorités italiennes.

« Le gouvernement italien a cédé aux pressions du Kazakhstan. Les autorités françaises doivent faire attention à ne pas commettre la même erreur. Il ne faut pas qu’elles se chargent des basses besognes du Kazakhstan – ou qu’elles donnent cette impression », a souligné John Dalhuisen.

Le Kazakhstan cherche actuellement à obtenir l’extradition d’autres collaborateurs de Moukhtar Abliazov, auprès de la Pologne, de l’Espagne et de la République tchèque.

« Les pays européens, notamment la France, doivent montrer l’exemple et garantir que les droits fondamentaux de Moukhtar Abliazov soient respectés et protégés. Faute de quoi, l’Europe deviendra profondément impliquée dans les violations des droits humains persistantes qui empoisonnent les républiques d’Asie centrale, pays où la torture et d’autres formes de mauvais traitements, ainsi que des procès d’une injustice flagrante, sont monnaie courante », a prévenu John Dalhuisen.

Moukhtar Abliazov a été auditionné par la cour d’appel d’Aix-en-Provence jeudi 1er août. Il sera maintenu en détention mais ses avocats vont continuer à essayer d’obtenir sa libération sous caution. La procédure d’extradition suivra son cours pendant le mois d’août.

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