Le Turkménistan prend des mesures rigoureuses contre les utilisateurs de téléphones portables et d’Internet


COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI -
23 décembre 2010 -
Index AI : PRE01/428/2010

Amnesty International demande aux autorités turkmènes de lever immédiatement la suspension des activités du principal opérateur de téléphonie mobile du pays jusqu’à ce que des dispositions puissent être prises pour fournir un service de remplacement permettant aux abonnés d’accéder aux sites Internet indépendants.

Mardi 21 décembre, les autorités ont suspendu les activités de Mobile TeleSystems (MTS), opérateur privé dont le siège se trouve à Moscou, privant soudainement quelque 2,5 millions de personnes, ce qui représente la moitié de la population et 80 % des usagers de téléphones mobiles, de la possibilité de se servir de leur portable ou de se connecter à Internet.

« En agissant de manière arbitraire, les autorités turkmènes restreignent sérieusement les communications à l’intérieur du pays et avec le monde extérieur, a déploré John Dalhuisen, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Cette mesure va entraver de manière illégale la correspondance de nombreuses personnes au Turkménistan et bafouer leur droit de recevoir ou communiquer des informations, en violation des normes internationales relatives aux droits humains. »

Des milliers de personnes dans des régions reculées du pays n’ont pas de téléphone fixe ni de connexion Internet chez elles. Beaucoup se servent en fait de téléphones mobiles.

Ces personnes risquent de se retrouver isolées et de ne pas être en mesure d’appeler de l’aide en cas d’urgence. Durant ces derniers jours, Amnesty International a tenté en vain de joindre ses contacts au Turkménistan.

Pendant ce temps, les usagers de MTS n’ont pas d’autre choix que de payer les services d’Altyn Asyr, opérateur public, qui bloque l’accès aux sites d’information indépendants et aux sites des groupes d’opposition.

Le président Gourbangouly Berdymoukhammedov est arrivé au pouvoir au Turkménistan en 2007, et a promis de respecter les droits humains. Pourtant, depuis trois ans, le gouvernement réprime sans relâche toute forme de dissidence pacifique.

En septembre 2010, le président a appelé les agents du ministère de la Sécurité nationale à lutter contre ceux qui « calomnient notre État laïc et démocratique fondé sur le droit et tentent de détruire l’unité et la solidarité de notre société ».

« Le risque est grand que les autorités se servent des opérateurs publics pour surveiller les conversations et empêcher les Turkmènes de communiquer via leur téléphone portable, a mis en garde John Dalhuisen.

« Dans un pays où le droit à la liberté d’expression est soumis à rude épreuve, la suspension d’un service qui permettait des échanges avec le monde extérieur semble de mauvaise augure. »

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