Communiqué de presse

Mauritanie : Treize personnes condamnées pour des actes de terrorisme soumises à une disparition forcée

Cela fait maintenant un mois que treize personnes condamnées pour des faits de terrorisme, certaines condamnées à mort, ont disparu à la suite de leur transfert de la prison civile de Nouakchott (la capitale) vers un lieu inconnu. Amnesty International s’inquiète du sort qui leur est réservé et demande aux autorités mauritaniennes de révéler l’endroit où se trouvent ces détenus.

Le 23 mai 2011, treize prisonniers détenus à la prison civile de Nouakchott ont été emmenés de nuit vers un lieu inconnu. L’état de santé de certains détenus nécessite un suivi médical et Amnesty International craint que ces personnes ne puissent avoir accès aux soins médicaux adéquats dans leur nouveau lieu de détention.

Un mois après leur disparition et malgré des demandes répétées, les familles de ces détenus n’ont toujours pas été informées de l’endroit où leurs proches ont été transférés ni des raisons de leur transfert. Le 8 juin 2011, les effets personnels des prisonniers tels que leurs livres, leurs matelas et leurs couvertures, ont été remis aux familles sans autre explication.
Amnesty International qui avait rencontré la plupart de ces détenus lors de sa dernière mission en Mauritanie en septembre 2010 a envoyé début juin 2011 un courrier aux autorités mauritaniennes demandant des informations quant au sort et au lieu de détention de ces personnes. Ce courrier est resté sans réponse.

L’arrestation, la détention, l’enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de l’État, suivi du déni de la reconnaissance de la privation de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne disparue ou du lieu où elle se trouve, la soustrayant à la protection de la loi, constitue une disparition forcée contraire au droit international. Une disparition forcée ne peut jamais être justifiée, y compris contre ceux qui ont été accusés ou condamnés pour avoir commis des atteintes aux droits humains.

Parmi le groupe de prisonniers disparus se trouvent des membres d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) : Sidi Ould Sidina et Mohamed Ould Chabarnou, condamnés à mort en 2010 pour l’attaque des touristes français à Aleg en décembre 2008, El Khadim Ould Semane également condamné à mort pour l’attaque contre des policiers mauritaniens ainsi que Mohamed Abdellahi Ould Ahmednah, condamné à mort pour le meurtre d’un citoyen américain en juin 2009.

Amnesty International rappelle que le droit de tout prisonnier de communiquer avec le monde extérieur et de recevoir des visites constitue une garantie fondamentale contre les atteintes aux droits humains telles que les actes de torture, les mauvais traitements et les disparitions forcées. Lors de différentes missions effectuées par Amnesty International en Mauritanie, l’organisation a pu constater que cette catégorie de détenus avait été systématiquement torturée lors de leur arrestation et que certains avaient fait l’objet de mauvais traitements en détention. Aucune enquête n’a, à la connaissance d’Amnesty International, été menée sur ces allégations.
Amnesty International demande donc instamment aux autorités mauritaniennes de respecter les droits des prisonniers conformément aux normes internationales en la matière et notamment d’assurer qu’ils puissent entrer en contact avec le monde extérieur, qu’ils ne soient pas soumis à des tortures ou mauvais traitements, qu’ils soient détenus dans un lieu de détention officiellement reconnu situé près de leur domicile de résidence.

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