Oman doit libérer ou inculper les manifestants détenus


COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Index AI : PRE 01/256/2011

ÉFAI

18 mai 2011

Les autorités omanaises doivent indiquer où et pourquoi elles détiennent au moins six personnes arrêtées au cours d’une récente manifestation pacifique à Mascate, a déclaré Amnesty International le 18 mai, alors que plus de 20 autres personnes étaient jugées pour des faits liés à des manifestations.

Quinze personnes ont été arrêtées par les forces de sécurité omanaises le 14 mai au cours d’une manifestation organisée à Mascate, la capitale d’Oman, pour réclamer la libération d’autres personnes arrêtées deux jours plus tôt lors de manifestations en faveur de réformes.

L’avocate Basma al Kiyumi a été libérée le 16 mai, et environ huit autres militants, dont Muhammad al Habssi et Ibrahim Said al Hajri, ont été remis en liberté le 17 mai. On ignore où se trouvent les six autres détenus – parmi lesquels figure Nabhan al Hanashi – et si d’éventuelles charges ont été retenues contre eux.

« Les autorités d’Oman doivent immédiatement fournir des informations sur le lieu où se trouvent tous les manifestants actuellement détenus et soit les inculper d’une infraction dûment reconnue par la loi, soit les libérer, a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.


« S’ils sont détenus uniquement pour avoir participé à une manifestation pacifique, ils doivent être libérés sans délai et sans condition.

Toute poursuite engagée doit être rendue publique, et les procès des personnes accusées doivent être conformes aux normes internationales d’équité. »

Amnesty International craint que les personnes toujours incarcérées depuis la manifestation à Mascate le 14 mai ne soient détenues au secret et exposées au risque de subir des actes de torture ou d’autres mauvais traitements.

Basma al Kiyumi a été inculpée de participation à un rassemblement illégal et remise en liberté sous caution dans l’attente de son procès à une date ultérieure. Amnesty International ignore si les autres manifestants libérés le 17 mai ont été inculpés ou non.

Un autre groupe de 27 hommes qui avaient participé à des manifestations en mars et avril ont comparu devant un tribunal de Mascate le 18 mai et ont été inculpés de diverses infractions, notamment de banditisme, d’incendie volontaire de bâtiments gouvernementaux et d’outrage à des représentants de l’État. Ils ont plaidé non coupable et l’affaire a été renvoyée jusqu’au 23 mai. Deux des prévenus, Khaled al Hantholi et Ammar al Hanii, n’ont pas obtenu leur libération sous caution et restent détenus à la prison centrale de Mascate.

Au moins trois personnes ont été tuées et d’autres ont été blessées au cours des récentes manifestations à Oman. Selon certaines allégations, les forces de sécurité auraient eu recours à une force excessive contre les manifestants. De nombreuses personnes ont été arrêtées, notamment plusieurs dizaines à Sohar (dans le nord du pays) le 29 mars.

Les revendications en faveur d’un changement politique à Oman ont été inspirées par les récents mouvements de protestation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, notamment en Tunisie, en Égypte, en Syrie et au Yémen, pays voisin d’Oman.

En février et mars, le chef d’État d’Oman, le sultan Qabous bin Saïd, a cédé à certaines demandes, parmi lesquelles la création d’emplois, l’augmentation des allocations de chômage et le renvoi de plusieurs ministres de son gouvernement.

Cependant, les manifestants continuent de réclamer que d’autres ministres soient amenés à rendre des comptes pour des abus de pouvoir présumés et que les autres réformes promises soient mises en œuvre, notamment l’assouplissement des restrictions très strictes de la liberté d’expression et de réunion.

« Le gouvernement d’Oman doit respecter et protéger le droit de manifester pacifiquement et mettre un frein aux attaques visant les personnes dont les opinions divergent des siennes », a ajouté Malcolm Smart.

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