Plus de 160 000 personnes appellent le président Obama à fermer Guantánamo

Par Zeke Johnson, responsable de la campagne Pas de sécurité sans droits humains à Amnesty International-États-Unis

Tous les matins, je regarde par la fenêtre de mon salon pour voir le temps qu’il fait et contempler l’espace vide entre les gratte-ciel et autres immeubles où s’élevaient autrefois les tours jumelles du World Trade Center.

Je me souviens alors de la peur, du doute et du chagrin que j’ai ressentis ce jour-là, et les images des tours s’embrasant, puis s’écroulant me reviennent en mémoire. Les attentats perpétrés ici à New York, à Washington D.C. et en Pennsylvanie ont constitué un crime contre l’humanité et, depuis dix ans maintenant, j’attends que tous les auteurs de ce crime soient traduits en justice.

Au lieu de cela, les autorités américaines se sont rendues coupables d’actes de torture, de placements en détention sans inculpation, de détentions secrètes, de procès pour l’exemple iniques, d’exécutions extrajudiciaires, de « disparitions », d’une guerre mondiale sans fin et d’autres violations des droits humains commises – sans ironie – au nom de la justice et de la sécurité.

Le 11 janvier 2012 a constitué le 10e anniversaire de Guantánamo, devenue l’une des prisons tristement célèbres de la « guerre contre le terrorisme » des États-Unis – prisons qui ont servi à détenir et à interroger des personnes en dehors de tout cadre juridique – et le symbole mondial des violations des droits humains commises par ce pays après les attentats du 11 septembre.

Pendant la campagne électorale en 2007, Barack Obama et John McCain ont déclaré qu’ils fermeraient Guantánamo. Cependant, après les élections, le sujet a été utilisé par des responsables politiques alarmistes pour marquer des points sur l’échiquier politique, et le président a fait machine arrière.

Aujourd’hui, un jour après l’anniversaire de la signature par le président Obama d’un décret prévoyant la fermeture de Guantánamo, Amnesty International va remettre à la Maison-Blanche les 164 058 signatures qu’elle a recueillies dans le cadre d’une pétition mondiale contre Guantánamo et les atteintes aux droits fondamentaux que ce centre pénitentiaire représente.

Les manifestations du militantisme de diverses tendances politiques comme de tous les milieux sociaux ont été impressionnantes. Des membres des groupes d’indignés, des libertaires, des conservateurs, des soldats, des proches des victimes du 11 septembre, des chrétiens, des juifs et des musulmans se sont tous entendus pour combattre l’idée selon laquelle la classe politique pouvait confisquer nos droits humains.

Avec l’adoption l’année dernière de la Loi de prérogatives de la défense nationale, dont les dispositions pérennisent la détention illimitée, entre autres violations des droits humains, la prison de Guantánamo ne semble pas prête d’être fermée mais risque plutôt d’être agrandie.

Cependant, aux États-Unis et ailleurs dans le monde, des voix se sont élevées pour crier haut et fort : « Pas en mon nom ! » De Washington D.C. à Tripoli, en passant par Chicago, Dallas, Paris ou Londres, des hommes et des femmes ont exigé que le gouvernement américain change de cap dans le domaine des droits humains à l’occasion du 11 janvier, date anniversaire de Guantánamo.

Demain, Barack Obama prononcera son discours annuel sur l’état de l’Union. Il est peu probable que le président ou d’autres responsables politiques abordent la situation des droits humains aux États-Unis – mais nous, citoyens du monde entier, le ferons.

Plus de dix années après la catastrophe du 11 septembre et les mesures tragiques prises par le gouvernement américain, c’est le moins que nous puissions faire.

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