Communiqué de presse

Soudan du Sud. Les pays voisins doivent appeler les Nations unies à imposer un embargo sur les armes

Le groupe régional doit intervenir pour que l’afflux d’armes cesse

Les pays voisins du Soudan du Sud doivent appeler de façon urgente le Conseil de sécurité des Nations unies à mettre en place un embargo sur les armes pour porter un coup d’arrêt aux violations extrêmes commises au cours du conflit qui fait rage dans le pays, ont déclaré plus de 50 organisations humanitaires ou de défense des droits humains, internationales ou du Soudan du Sud, qui ont présenté une pétition aux dirigeants de la région. Les attaques constantes contre les civils contribuent à l’existence d’une crise humanitaire, ont déclaré les organisations.

Des dirigeants régionaux, notamment les présidents du Kenya, de l’Ouganda et de l’Éthiopie, vont se réunir le 6 novembre 2014 à Addis-Abeba pour débattre de la situation au Soudan du Sud lors d’un sommet de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), un organisme régional.

«  Les civils sud-soudanais sont dans une situation terrible et ils ont besoin que les dirigeants régionaux prennent des mesures fermes pour assurer leur protection, a déclaré Geoffrey Duke, du secrétariat de South Sudan Action Network on Small Arms. L’arrivée de nouvelles armes entraînera une recrudescence d’attaques contre ces civils : homicides, viols, incendies, pillages. C’est maintenant qu’il faut agir. »

Les dirigeants régionaux doivent, à l’issue du sommet du 6 novembre, présenter au Conseil de sécurité des Nations unies une demande claire visant à imposer au Soudan du Sud un embargo complet sur les armes, ont déclaré les organisations.

Les groupes de défense des droits ont également appelé l’IGAD à publier les rapports émanant de ses observateurs du cessez-le-feu au Soudan du Sud, où figurent des allégations de crimes de guerre commis par les forces en présence.

L’IGAD a enclenché des pourparlers de paix en décembre 2013, en Éthiopie, peu après le début du conflit au Soudan du Sud. Un accord de cessation des hostilités négocié en janvier par les médiateurs régionaux a été enfreint en de nombreuses occasions tant par les forces gouvernementales du Soudan du Sud que par l’opposition.

Depuis que le conflit a commencé, en décembre 2013, des dizaines de milliers de personnes, dont un grand nombre de civils, ont perdu la vie et 1,8 million d’hommes, de femmes et d’enfants ont été forcés de fuir leur foyer. Les parties au conflit ont utilisé des armes légères et de petit calibre ainsi qu’une large gamme d’autres armes classiques et d’équipement militaire. Les enquêtes menées par des organisations indépendantes concluent que les belligérants ont commis l’un et l’autre des crimes de guerre et peut-être des crimes contre l’humanité.

Les dirigeants de la région et les médiateurs régionaux ont menacé les parties au conflit d’une action vigoureuse à leur encontre, face à la poursuite des affrontements et des attaques contre des bâtiments civils, des églises, des hôpitaux et des bases des Nations unies.

« Certes, il y a eu des menaces, mais l’action n’a pas suivi, et l’on a vu les belligérants bénéficier d’une deuxième chance, puis d’une troisième, puis d’une quatrième, au détriment des civils, a déclaré James Ninrew, directeur général d’Assistance Mission for Africa. La saison sèche est imminente et, dans toute la zone du conflit, les habitants craignent de subir de nouvelles attaques ».

L’IGAD a mis en place au Soudan du Sud un organe de surveillance chargé d’enquêter sur les violations du cessez-le-feu, et en particulier de l’accord conclu par les deux parties proscrivant les attaques contre les civils ou leurs biens, lesquelles pourraient constituer des crimes de guerre au regard du droit international. Mais, à l’exception de quelques informations limitées publiées au mois d’août, les médiateurs ont conservé à leurs rapports d’observation un caractère confidentiel, bien que différents groupes, dont les groupes de défense des droits, leur aient demandé à de nombreuses reprises de publier ces rapports, surtout ceux qui portent sur des crimes graves.

« Les observateurs ont une tâche importante car ils peuvent contribuer à la réduction des violations contre les civils en montrant aux forces armées qui commettent des violences que leurs actes n’échappent pas aux regards, a déclaré Angelina Seeka, directrice régionale de End Impunity Organization. « Mais il est inutile de surveiller les attaques si les rapports restent enfermés dans une enveloppe ».
La pétition est disponible ici

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