Communiqué de presse

Sri Lanka. Des militants s’exposent à des risques de représailles à l’approche de la session du Conseil des droits de l’homme

Le gouvernement sri-lankais continue de prendre pour cibles ses détracteurs dans des proportions alarmantes, la surveillance et le harcèlement s’étant accrus à l’approche de la session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU prévue au mois de mars, écrit Amnesty International dans une nouvelle synthèse publiée mercredi 26 février.

Intitulé Suppressing calls for justice (voir ci-dessous), ce document se penche sur les attaques visant les détracteurs et l’intolérance visant la dissidence dont ont fait preuve les autorités sri-lankaises au cours des six dernier mois, directement ou par l’entremise des forces de sécurité, de partisans de groupes nationalistes bouddhistes et même des services de l’immigration.

« La politique alliant harcèlement, surveillance et attaques contre les opposants est très inquiétante et ne montre aucun signe d’essoufflement, a déclaré Polly Truscott, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« La répression s’intensifie généralement dès que la communauté internationale s’intéresse à la situation des droits humains au Sri Lanka, et l’histoire se répète à l’approche de la session du Conseil des droits de l’homme prévue au mois de mars. »

Depuis la fin du conflit armé qui a opposé jusqu’en 2009 les Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE) aux forces gouvernementales, le gouvernement de Mahinda Rajapakse mène une répression contre ceux qu’il considère comme des opposants.

Les opposants politiques, les défenseurs des droits humains, les journalistes, les avocats, les syndicalistes et bien d’autres sont harcelés, menacés, violemment agressés, voire tués par le gouvernement, ses partisans ou les forces de sécurité.

Cette tendance se durcit lors d’événements internationaux de haute volée qui braquent les projecteurs sur la situation des droits humains au Sri Lanka.

La période qui précède le Conseil des droits de l’homme en mars, où les États membres devront se prononcer sur une résolution demandant la tenue d’une enquête internationale sur les crimes de guerre présumés au Sri Lanka, ne fait pas exception.

Comme le montre la synthèse, Amnesty International continue de recevoir des informations crédibles relatives à des militants en butte à la surveillance et au harcèlement.

« Le climat de peur est bien réel au Sri Lanka. Nombreux sont ceux qui ont trop peur pour parler. Toutefois, des militants très courageux continuent de dénoncer les violations en dépit du risque de représailles, a déclaré Polly Truscott.

« Certains osent même participer à des rencontres internationales susceptibles d’apporter des améliorations à la situation. L’ONU doit tout faire pour garantir leur protection. »

La visite au Sri Lanka en août 2013 de Navi Pillay, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, et la réunion des chefs de gouvernement des pays du Commonwealth trois mois plus tard, ont été émaillées par des actes de harcèlement et des menaces ciblant les défenseurs des droits humains.

Cette pratique inquiétante a pu aussi être constatée lors des précédentes sessions du Conseil des droits de l’homme en 2012 et 2013, lors de l’examen du bilan du Sri Lanka en termes de droits humains.

Les foudres du gouvernement s’abattent tout particulièrement sur ceux qui réclament qu’une enquête internationale soit menée sur les crimes de guerre qui auraient été commis durant le conflit armé ; selon les estimations de l’ONU, plus de 40 000 personnes sont mortes durant les derniers mois de ce conflit sanglant.

Les militants qui réclament que soit mis fin aux disparitions forcées imputables aux forces de sécurité ont reçu des visites et des appels téléphoniques menaçants et, à plusieurs reprises, la police s’est abstenue d’intervenir lorsque des foules attaquaient des manifestants pacifiques réclamant l’obligation de rendre des comptes.

« Le Sri Lanka fait tout ce qui est en son pouvoir pour soustraire ses forces de sécurité à l’obligation de rendre des comptes pour les atrocités commises durant le conflit armé, a déclaré Polly Truscott.

« Nous exhortons les États membres de l’ONU à adopter lors de la session du Conseil des droits de l’homme une résolution ferme avalisant une enquête internationale indépendante sur les crimes de guerre présumés. Il est tout aussi crucial que le monde ne perde pas de vue les attaques très inquiétantes menées aujourd’hui encore contre la dissidence au Sri Lanka. »

Selon Amnesty International, la justice et la réconciliation ne peuvent être mises en œuvre, puisque les dirigeants politiques mènent une offensive intense contre les détracteurs et exploitent les tensions religieuses, générant des violences contre les minorités. Ils orchestrent des campagnes de menaces et de diffamation contre les défenseurs des droits humains, les opposants issus des minorités et les visiteurs étrangers qui prônent la responsabilisation au Sri Lanka.

Par ailleurs, le Sri Lanka s’appuie de plus en plus sur les services de l’immigration pour faire taire les voix dissidentes. Les autorités ont expulsé plusieurs étrangers participant à des rencontres axées sur les droits humains et se servent des responsables de l’immigration pour faire pression sur d’autres, notamment sur les médias étrangers et sur les militants et les personnalités politiques en visite dans le pays.

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