Communiqué de presse

Sri Lanka. Élu à l’issue d’une élection globalement pacifique, le nouveau gouvernement doit faire des droits humains sa priorité

Le nouveau gouvernement du Sri Lanka doit sans attendre prendre en compte l’héritage laissé par son prédécesseur s’agissant de plusieurs questions essentielles relatives aux droits humains, a déclaré Amnesty International.

Le président sortant Mahinda Rajapaksa a aujourd’hui reconnu sa défaite et la victoire du candidat de l’opposition Maithripala Sirisena, qui a remporté l’élection en obtenant 51,3 % des voix, selon les résultats officiels.

« Si la campagne a été marquée par l’intimidation et les attaques, ciblant surtout des militants de l’opposition, il est encourageant de constater que la journée de l’élection s’est globalement déroulée sans violence, ce qui est à mettre au crédit des milliers d’observateurs courageux qui ont veillé à ce que tous les Sri-Lankais puissent exercer leur droit à la participation politique, sans peur », a déclaré David Griffiths, directeur adjoint du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« Le nouveau gouvernement a aujourd’hui l’occasion d’inaugurer une nouvelle ère axée sur le respect des droits fondamentaux, et il ne doit pas la laisser passer. »

Dans un programme des droits humains destiné aux candidats à la présidence, Amnesty International a mis en lumière sept domaines clés dont le nouveau gouvernement doit faire sa priorité.

Il s’agit notamment de l’abrogation du 18e amendement de la Constitution, qui sape l’indépendance de la justice et compromet les garanties relatives aux droits humains, en plaçant des institutions étatiques majeures entre les mains du président, et de l’abrogation de la Loi relative à la prévention du terrorisme (PTA), qui confère aux forces de sécurité des pouvoirs étendus susceptibles de piétiner les droits humains.

Dans ce programme relatif aux droits humains, Amnesty International demande au gouvernement de garantir la liberté d’expression et de mettre fin au climat répressif envers les journalistes et les défenseurs des droits humains, et de ne plus tolérer aucune attaque contre les minorités religieuses.

« L’abrogation du 18e amendement de la Constitution doit figurer en tête des mesures à prendre et il est encourageant que Maithripala Sirisena s’y soit engagé dans le cadre de sa campagne. Cet amendement a remis la justice et des organes majeurs entre les mains du président et supprimé des garanties essentielles en termes de droits humains », a déclaré David Griffiths.

Une commission chargée par les Nations unies d’enquêter sur les crimes de guerre présumés commis par les deux camps durant le conflit armé qui a ravagé le Sri Lanka doit présenter ses conclusions devant le Conseil des droits de l’homme en mars 2015.

« L’absence d’obligation de rendre des comptes pour les violations des droits humains commises par le passé est la norme au Sri Lanka depuis 10 ans. Des dizaines de milliers de victimes et de proches attendent toujours que justice leur soit rendue et le nouveau gouvernement doit s’atteler à cette tâche », a déclaré David Griffiths.

« Le Sri Lanka a résisté pendant des années à toutes les initiatives internationales visant à enquêter sur les années de conflit, préférant s’en remettre à des organismes nationaux d’enquête qui ont suivi la ligne du gouvernement. Il est temps de prendre une nouvelle direction : le gouvernement doit coopérer pleinement avec l’enquête de l’ONU. »

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