Communiqué de presse

Taïwan. Six prisonniers exécutés à la suite d’une décision motivée par des considérations politiques

L’exécution de six prisonniers à Taiwan vendredi 5 juin 2015 est une décision régressive qui ne sert pas la justice, a déclaré Amnesty International.

Les six hommes ont été fusillés dans quatre prisons de Taïwan le 5 juin. Tous avaient été déclarés coupables de meurtre.

Ces exécutions ont eu lieu dans le contexte de l’indignation suscitée parmi la population par le meurtre d’une fillette de huit ans à Taipei, la semaine dernière.

« L’indignation de la population face au meurtre d’une écolière innocente est tout à fait compréhensible et il faut traduire en justice les auteurs présumés de ce type de crimes odieux, mais la peine de mort n’est jamais la réponse, a déclaré William Nee, chercheur à Amnesty International.

« La décision de procéder à des exécutions sent le calcul politique de la part d’un gouvernement qui tente d’engranger des points en apaisant la colère publique. Il a témoigné aujourd’hui de son absence de direction politique. »

Voici les noms des six hommes fusillés par un peloton d’exécution : Cheng Chin-wen, Wang Hsiu-fang et Tsao Tien-shou dans une prison de Taipei ; Wang Chun-chin dans une prison de Tainan ; Wang Yu-lung dans une prison de Kaohsiung, et Huang Chu-wang à Taichung.

À Taïwan, les exécutions sont entourées de secret, les familles et les avocats des condamnés étant rarement informés à l’avance de la date de l’exécution.

En 2014, Taïwan a procédé à cinq exécutions et a prononcé une nouvelle condamnation à mort. À chaque fois, les personnes concernées avaient été déclarées coupables de meurtre.

Taïwan compte parmi les 22 pays qui ont procédé à des exécutions en 2014, alors qu’ils étaient 41 il y a 20 ans. Au total, 140 États ont aujourd’hui aboli la peine de mort en droit ou en pratique.

« Ces exécutions vont à l’encontre de l’objectif affiché depuis longtemps par le gouvernement d’abolir la peine de mort. Il doit cesser de se servir des exécutions à des fins politiques et instaurer un moratoire officiel sur les exécutions, en vue de parvenir à l’abolition. »

Aucun élément convaincant ne prouve que la peine de mort enraye la criminalité plus efficacement que d’autres châtiments. D’après une étude globale menée par les Nations unies sur la relation entre la peine de mort et le taux d’homicides, les recherches n’ont pas permis d’établir la preuve scientifique que les exécutions ont un effet plus dissuasif que la réclusion à perpétuité.

Amnesty International s’oppose à la peine de mort dans toutes les affaires et en toutes circonstances, quelles que soient la nature et les circonstances du crime commis, ou la méthode d’exécution utilisée par l’État, et indépendamment de l’innocence ou de la culpabilité de son auteur. La peine capitale viole le droit à la vie tel que reconnu par la Déclaration universelle des droits de l’Homme et constitue le châtiment le plus cruel, le plus inhumain et le plus dégradant qui soit.

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