TURKMÉNISTAN : Le gouvernement ne doit pas chercher la vengeance, mais la justice

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DÉCLARATION PUBLIQUE

Amnesty International estime que toutes les mesures prises par le gouvernement du Turkménistan pour traduire en justice les responsables de la tentative d’assassinat dont a été victime hier (lundi 25 novembre 2002) le président Saparmourad Niazov doivent respecter strictement le droit international relatif aux droits humains.

« C’est justement dans les périodes de tension accrue que les gouvernements doivent veiller à ce que toutes les mesures prises soient conformes au droit international relatif aux droits humains. Nous craignons tout particulièrement que la réaction du gouvernement à cette tentative d’assassinat ne se traduise par une nouvelle vague de répression contre l’opposition turkmène », a déclaré Amnesty International.

L’organisation a reçu des informations inquiétantes faisant état de nombreuses arrestations menées à la suite de cette tentative d’assassinat. Selon les chiffres officiels publiés aujourd’hui (mardi 25 novembre 2002), 16 personnes ont été arrêtées. Toutefois, des sources non officielles auraient signalé plus d’une centaine d’arrestations.
« Nous prions les autorités turkmènes de veiller à ce que toutes les personnes arrêtées puissent consulter un avocat dans les plus brefs délais et tout au long de l’enquête, et à ce qu’elles ne soient pas soumises à la torture ni aux mauvais traitements, conformément aux dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel le Turkménistan est partie. Tous les détenus devraient être inculpés d’une infraction prévue par la loi ou libérés », a ajouté l’organisation de défense des droits humains.

Amnesty International craint que beaucoup des personnes arrêtées n’aient été prises pour cible en raison de leurs liens familiaux avec des personnalités de l’opposition en exil, qui ont été désignées comme suspects par le président. Ainsi, au moins 18 proches de l’ancien vice-ministre de l’Agriculture, Saparmourad Iklymov, que le président Niazov a qualifié hier d’« organisateur direct de cet acte terroriste », auraient été arrêtés, et on reste sans nouvelles d’au moins une autre personne.

Dans cette affaire, le président a publiquement mis en cause un certain nombre de personnalités de l’opposition en exil, telles que Saparmourad Iklymov, Boris Chikhmouradov, ancien ministre des Affaires étrangères, Khoudaïberdy Orazov, ancien directeur de la banque centrale turkmène, et Nourmoukhamed Khanamov, ancien ambassadeur du Turkménistan en Turquie.

Complément d’information
Le Turkménistan, État d’Asie centrale, est devenu indépendant à la suite de l’éclatement de l’Union soviétique en 1991. Depuis, il est sous la domination du président Saparmourad Niazov, qui monopolise le pouvoir en cumulant les fonctions de chef de l’État et de chef du gouvernement. Le gouvernement ne tolère aucune opposition, limitant les libertés politiques et civiles et contrôlant strictement les médias.

Au cours de ces dernières années, les protestations contre le régime sont devenues plus vives. Plusieurs hauts fonctionnaires ont fui le pays cette année et l’année dernière, parmi lesquels Boris Chikhmouradov, Khoudaïberdy Orazov et Nourmoukhamed Khanamov.

Beaucoup d’autres ont été rétrogradés, destitués ou emprisonnés cette année au Turkménistan, dans ce qui est apparu comme une purge à caractère politique. Dans de nombreux cas, des militants de la société civile, des sympathisants avérés ou présumés de l’opposition et des membres de leurs familles ont été la cible de harcèlement et de menaces de la part des services de sécurité.

Par ailleurs, de nombreux membres et sympathisants de groupes d’opposition auraient interdiction de quitter le pays ou d’y entrer. Des diffusions clandestines massives de tracts antigouvernementaux ont été signalées en août à Achgabat et en octobre à Dachogouz, dans le nord du pays.

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