Communiqué de presse

Ukraine. Les autorités ne doivent pas renvoyer l’ancien Premier ministre tadjik au Tadjikistan car il risque d’y être torturé

Amnesty International a demandé aux autorités ukrainiennes de ne pas extrader l’ancien Premier ministre Abdoulmalik Abdoulodjanov au Tadjikistan car il risque d’y subir des tortures et d’autres graves violations des droits humains. Amnesty International exhorte en outre les autorités ukrainiennes à libérer immédiatement cet homme.

Abdoulmalik Abdoulodjanov a été arrêté à l’aéroport international de Borispol, en Ukraine, alors qu’il arrivait des États-Unis, le 5 février. Amnesty International pense que l’ancien Premier ministre risque, s’il est renvoyé au Tadjikistan, de faire l’objet d’un procès inéquitable et d’être torturé ou soumis à d’autres formes de mauvais traitements. L’organisation a demandé aux autorités ukrainiennes de refuser toute demande d’extradition émanant des autorités tadjikes concernant cette personne et de lui accorder l’accès à une procédure d’asile équitable et impartiale.

Abdoulmalik Abdoulodjanov a été Premier ministre du Tadjikistan en 1992-1993 pendant la guerre civile. C’est un responsable de l’opposition très connu. En 1997, il a été accusé, entre autres, d’avoir participé à des crimes organisés et à des actes de terrorisme, et plus particulièrement d’avoir soutenu les actions du colonel Makhmoud Khoudoïberdiev dans le nord du Tadjikistan en 1998, pendant la lutte pour le pouvoir qui résultait de la guerre civile. Abdoulmalik Abdoulodjanov rejette ces accusations et a obtenu l’asile politique des États-Unis en juin 1999.

À l’approche de l’élection présidentielle de novembre 2013, les autorités tadjikes ont renforcé la répression contre l’opposition, notamment par des opérations de harcèlement, des fermetures de sites internet ou d’organisations, et par des demandes d’extradition de membres de l’opposition.

La torture est très répandue au Tadjikistan et, en novembre 2012, le Comité des Nations unies contre la torture notait «  les allégations nombreuses, cohérentes [...] faisant état d’un recours routinier à la torture et aux mauvais traitements », principalement dans le but d’extorquer des « aveux » aux victimes. Parmi les méthodes de torture signalées, on peut citer l’électrocution, l’asphyxie, les coups, ou encore les brûlures provoquées par des cigarettes ou de l’eau bouillante. Certaines sources font également état de viols et de menaces de viol sur des détenus, hommes ou femmes, ainsi que de torture psychologique.

En tant qu’État partie à la Convention relative au statut des réfugiés, à la Convention des Nations unies contre la torture et à la Convention européenne des droits de l’Homme, l’Ukraine a l’obligation de ne pas renvoyer des personnes dans un pays où elles risqueraient d’être victimes de torture ou d’autres graves atteintes aux droits humains.

Amnesty International a souvent dû rappeler aux autorités ukrainiennes leur obligation de ne pas renvoyer une personne dans un pays où elle risquerait d’être victime de torture. L’organisation a également écrit aux autorités ukrainiennes au sujet d’un demandeur d’asile ouzbek qui risque d’être extradé vers l’Ouzbékistan.

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