Communiqué de presse

Le Mexique doit protéger les défenseurs des droits humains et les journalistes

Le Sénat fédéral du Mexique doit agir rapidement et adopter un projet de loi qui vise à protéger les défenseurs des droits humains et les journalistes, dans un contexte où prévalent les actes d’intimidation et les homicides, a déclaré Amnesty International vendredi 16 mars.

Il est alarmant de constater qu’au Mexique les journalistes sont agressés, enlevés et assassinés en raison de leur travail : au moins 60 d’entre eux auraient été tués au cours des 10 dernières années, dont au moins neuf en 2011.

De nombreux défenseurs des droits humains ont également été attaqués, enlevés et tués et sont en butte aux menaces et aux actes de violence.

Présentée cette semaine, la loi relative à la protection des défenseurs des droits humains et des journalistes a pour but de mettre en place un mécanisme visant à garantir la protection efficace de tous ceux qui sont la cible de menaces et de violences en raison de leur travail de journaliste ou de leurs activités en faveur des droits humains.

« Ce projet de loi crucial est le fruit d’une collaboration entre les législateurs mexicains, la société civile et ceux qui sont victimes de violence parce qu’ils s’efforcent d’informer le monde des répercussions en termes de droits humains de la violence qui règne au Mexique, a indiqué Javier Zúñiga, conseiller spécial à Amnesty International.

« Les sénateurs mexicains doivent promulguer cette loi aussi rapidement que possible afin de faire respecter la liberté d’expression et de protéger le travail essentiel mené par les journalistes et les défenseurs des droits humains au Mexique. »

Le projet de loi actuellement en cours d’examen fait écho à une mesure récente visant à juguler la recrudescence des attaques contre les médias et les journalistes, tandis que la situation en termes de sécurité ne cesse de se dégrader depuis quelques années au Mexique.

Le 13 mars, le Sénat mexicain a en effet adopté à l’unanimité une réforme constitutionnelle permettant aux autorités fédérales, notamment au procureur général de la République, d’enquêter sur les crimes visant entre autres des journalistes, qui affectent ou restreignent le droit à l’information et à la liberté d’expression, et d’engager des poursuites contre les auteurs présumés.

Jusqu’à présent, les autorités fédérales n’intervenaient pas pour enquêter sur les violences ciblant les journalistes, au motif que ces affaires ne relevaient pas de leur compétence mais de celle des 31 États du pays – qui n’amenaient pas les responsables à rendre des comptes. La réforme constitutionnelle confère aux autorités fédérales le pouvoir de diligenter des enquêtes et d’engager des poursuites pour ces crimes.

L’apathie dont ont fait preuve le gouvernement fédéral et les gouvernements des États a renforcé l’impunité. Les actes d’intimidation et l’insécurité ont amené certains médias à pratiquer l’autocensure, notamment les médias locaux dans les régions du Mexique les plus touchées par les violences entre bandes criminelles armées.

« Il n’y a plus aucune excuse pour laisser impunies ces attaques contre les journalistes et les défenseurs des droits humains. La majorité des Congrès des 31 États du Mexique doivent désormais ratifier la réforme pour qu’elle puisse entrer en vigueur. Le gouvernement fédéral doit user de ces nouveaux pouvoirs pour enquêter pleinement sur les attaques ciblant les journalistes et les défenseurs des droits humains, a déclaré Javier Zúñiga.

« Les autorités mexicaines doivent profiter de cette réforme pour garantir que des enquêtes impartiales et efficaces seront menées sur les cas de harcèlement de défenseurs des droits humains, affaires qui sont pour la plupart demeurées impunies par le passé. La réforme constitutionnelle et le projet de loi relatif à un mécanisme de protection, s’ils sont pleinement mis en œuvre, permettront d’améliorer la sécurité des journalistes et des défenseurs des droits humains. »

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