La novlangue iranienne

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a suscité des vagues de rires lors du discours qu’il a tenu à l’université de Columbia (USA), le 24 septembre dernier, en affirmant qu’en Iran, "il n’y a pas d’homosexuels".
Il veut sans doute dire "Il n’y a plus d’homosexuels", ou plutôt "Nous faisons tout pour exterminer les homosexuels".
Parmi les 200 personnes exécutées cette année-ci en Iran (généralement pendues au coin de la rue), il y avait des homosexuels. D’ailleurs, pourquoi le code pénal iranien prévoit-il la peine de mort pour les homosexuels, s’il n’y en a pas dans ce pays ? Au cas où ?

L’Iran est un des derniers pays a encore pratiquer la peine de mort (1), et aussi un des principaux alliés de la grande faucheuse. Rien que le 5 septembre dernier, 21 personnes ont été exécutées en une journée... C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de manifester le 10 octobre, journée internationale contre la peine de mort, devant l’ambassade d’Iran à Bruxelles (rendez-vous devant l’Auditoire Janson de l’ULB, Avenue Roosevelt à 11 heures).
Nous aurions pu aussi aller manifester devant l’ambassade de Pologne ce jour-là, d’ailleurs. Car le président polonais n’a pas l’air d’avoir compris, qu’en Europe, la peine de mort, c’est fini, basta, on n’en parlera plus. Son obstination (l’approche des élections n’est même pas une bonne explication, puisque apparement la majorité des Polonais sont hostiles à la peine capitale) a fait que l’Union européenne, toujours liée par la règle de l’unanimité, n’a pas pu choisir le 10 octobre comme journée européenne contre la peine de mort. Le Conseil de l’Europe, par contre, ne connaît pas les mêmes règles de fonctionnement, et c’est donc à la majorité que cette date symbolique a été choisie.

Pourquoi s’obstiner, puisque en Europe, la peine de mort est abolie ? D’abord pour donner le bon exemple, et rappeler l’intolérance définitive des Européens à cette punition d’un autre âge. Ensuite, parce qu’on approche, pour la première fois peut-être, d’un moratoire aux Nations unies. Lors de sa 62e session en octobre 2007, l’Assemblée générale des Nations unies doit voter une résolution appelant à un moratoire universel sur les exécutions, premier pas vers une abolition de la peine de mort. À l’initiative, précisément, de l’Union européenne. Ça fait évidemment désordre quand un des membres de l’UE fait preuve d’une conviction contraire. C’est la raison pour laquelle nous avons écrit aux autorités polonaises.
En attendant, vous pouvez toujours signer la pétition lancée par la Coordination Mondiale pour l’abolition de la peine de mort, dont fait partie Amnesty International.

(1)

En 2006, la grande majorité des exécutions qui ont eu lieu dans le monde se sont déroulées dans une petite poignée de pays. Au cours de l’année 2006, 91 p. cent des exécutions recensées ont eu lieu dans six pays : Chine, États-Unis, Irak, Iran, Pakistan et Soudan. Le Koweït détient le plus fort taux d’exécution par habitant, suivi par l’Iran.
Sur la base des informations publiques disponibles, Amnesty International estime qu’au moins 1 010 personnes ont été exécutées en Chine en 2006, mais ce chiffre n’est vraisemblablement que la partie émergée de l’iceberg. Des sources crédibles laissent à penser qu’entre 7 500 et 8 000 personnes ont été exécutées durant l’année. Les statistiques officielles sur l’application de la peine capitale restant un secret d’État, le suivi et l’analyse s’avèrent problématiques.
L’Iran a exécuté 177 personnes, et le Pakistan 82. L’Irak et le Soudan ont procédé chacun à au moins 65 exécutions. Aux États-Unis, 53 condamnés à mort ont été tués dans 12 États.
À l’échelle mondiale, il est difficile de connaître le nombre total de condamnés à mort qui sont actuellement dans l’attente de leur exécution. À la fin de l’année 2006, ce nombre oscillait entre 19 185 et 24 646 personnes, sur la base d’informations provenant des groupes de défense des droits humains, des médias et des quelques données officielles disponibles.

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