Jeux Olympiques

"À vos marques ! Prêts ? Tirez !"

Sportivement parlant, les Jeux olympiques de Rio ont tenu toutes leurs promesses. Mais cette médaille a un sombre et douloureux revers. Focus sur une organisation dont les forces de sécurité tirent d’abord et interrogent (à peine) ensuite...

Avril 2015, dans l’une des plus grandes favelas de Rio de Janeiro. Eduardo, dix ans, est assis sur le pas de la porte de sa maison. Il attend avec impatience le retour de sa sœur pour jouer avec elle. Comme tous les soirs. Mais la routine prend brutalement fin. Une forte détonation. Une voix douloureuse qui demande de l’aide : « maman ! » La mère d’Eduardo, Terezinha, se précipite alors dehors et voit ce qu’aucune mère ne devrait jamais voir. Le corps sans vie d’Eduardo gît sur le sol. Des membres de la police militaire l’entourent. L’un d’eux dit qu’Eduardo est le fils d’un escroc et qu’il peut tuer Terezinha aussi facilement qu’il a tué son enfant. En quelques minutes, un attroupement s’est formé. Des personnes veillent à ce que les policiers ne placent pas une arme à feu près du corps afin de modifier la scène et de masquer le fait qu’ils ont tiré sur un enfant non armé. En novembre 2015, la police a affirmé que la balle avait été tirée dans un acte de légitime défense.

UNE VIOLENCE QUOTIDIENNE ET IMPUNIE

Cet assassinat, commis par des forces de sécurité en exercice en toute impunité, n’est malheureusement pas un fait isolé et frappe le plus souvent de jeunes hommes noirs de moins de 30 ans. Mais ce n’est pas tout : ces dernières années, Amnesty International a pu constater qu’au Brésil, à l’approche des grands évènements sportifs, le phénomène des homicides s’aggrave. En 2014, lors des mois précédant la Coupe du monde de football, au moins 580 personnes ont été tuées par la police rien que dans l’État de Rio de Janeiro. En préparation des Jeux olympiques, les homicides commis par la police à Rio pour la période d’avril à juin 2016 ont augmenté de 103 %, comparativement à la même période en 2015. Selon l’Institut pour la sécurité publique de l’État de Rio de Janeiro, la police de la ville a tué plus d’une personne par jour à cette période. Par ailleurs, quelque 65 000 policiers et 20 000 soldats ont été déployés pour assurer la sécurité lors des jeux, ce qui représente la plus vaste opération de maintien de l’ordre jamais organisée au Brésil.

UNE FORTE MOBILISATION, AUSSI EN BELGIQUE

À ce jour, aucun protocole clair pour contrôler l’utilisation de la force par la police et traduire les responsables en justice n’a été mis en place au Brésil. Afin de mettre fin à cette situation intolérable, Amnesty a lancé en juin 2016 une campagne à l’adresse du Comité de sécurité olympique brésilien. Dans ce cadre, une pétition a été remise au Comité international olympique à Lausanne le 15 septembre. Parmi les dizaines de milliers de signatures remises, 15 000 ont été récoltées par Amnesty Belgique. Début août, nous avons déposé devant l’ambassade du Brésil à Bruxelles vingt sacs mortuaires afin de dénoncer les homicides commis par la police dans le cadre des Jeux olympiques. Suite à cette action, nous avons pu rencontrer un ministre-conseiller, qui nous a écoutés avec attention et intérêt et a soutenu que cette mobilisation était de nature à donner de l’espoir aux Brésiliens qui militent dans leur pays. Nous avons également rencontré le Comité olympique et interfédéral belge, qui s’est engagé à soutenir notre campagne en relayant notre pétition.

Début juillet, Amnesty International a lancé une application, « Cross- fire », laquelle permet aux personnes vivant à Rio de signaler les cas de violence par arme à feu. En un mois, 756 fusillades ont ainsi été signalées, pour un bilan de 51 morts. L’application a déjà été téléchargée plus de 35 000 fois

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