Histoires réelles d’esclaves en Mauritanie

La fuite de M’Barek (17 ans), la mort de Taher (14 ans), le bannissement de Saleck, ou encore M’Barka et S’Haba, deux mères esclaves privées de leurs enfants...

 La fuite de M’Barek Ould Bilal Ould Braïkat

Avril 2001. Le jeune M’Barek, âgé de 17 ans, fuit sa condition d’esclave à Kaédi. Avec ses trois frères, sa soeur et sa mère, M’Barek travaillait pour quatre frères, éleveurs nomades. Le jeune homme n’avait reçu aucune éducation et aurait travaillé toute sa jeune vie pour ses "propriétaires". Il voulait fuir pour échapper aux injures permanentes et au travail écrasant plus qu’aux mauvais traitements (bien que parfois battu à coups de bâton). Mal nourri (un peu de mil cuit et de lait, une fois par jour), privé de contact avec l’extérieur, M’Barek finit par s’échapper, fait appel à SOS Esclaves qui l’accompagne chez le gouverneur de Kaédi pour obtenir la libération de sa famille et punir les "maîtres". L’enquête, pourtant promise, n’a jamais eu lieu...

 La mort de Taher Ould Sidna

Le jeune garçon, 14 ans, serait mort après avoir été enlevé en août 1999 dans sa ville natale de Kaédi, par l’homme qui avait tenu son père (décédé depuis lors) en esclavage. L’enquête a été bâclée, et le "maître" a fini sa carrière en tant que haut fonctionnaire du gouvernement

 Le bannissement de Saleck

Saleck Vall Ould Baba, victime d’un bannissement et de violences graves suite à sa victoire lors d’élections législatives... Faisant partie d’un groupe de Haratine appartenant à la même tribu que le chef de son village (qui tenait autrefois sa famille en esclavage), Saleck remporte les élections contre ce dernier. Pour d’obscurs arguments juridiques, il est d’abord privé d’accès au puits du village puis banni. Refusant de se soumettre, Saleck et d’autres Haratine subiront des violences répétées. Les esclaves ne vont pas nous dicter leur loi ont déclaré les partisans du chef du village. Le combat de Saleck et des siens a débouché sur la restitution de leurs biens mais personne n’a fait l’objet de poursuites pénales pour les agressions et le harcèlement...

 M’Barka et S’Haba, femmes esclaves privées de leurs enfants

Ici, il ne s’agit pas de violences physiques, mais d’un grave déni de justice : M’Barka Mint Bilal et S’Haba Mint Bilal, deux soeurs qui avaient fui l’esclavage (respectivement en 1979 et 1984) avaient dû laisser leurs jeunes enfants avec leur grand-mère, toujours asservie et qui décèdera quelque temps plus tard. Voulant se voir restituer leurs enfants, les deux soeurs obtiennent une audience auprès du gouverneur de Brakna. A l’audience, elles revoient enfin leurs enfants (14 et 17 ans) mais le "propriétaire" affirme être ...le père. Alors qu’aucun mariage n’a jamais été célébré, et que les deux femmes nient avoir eu le moindre contact sexuel avec le "maître", le tribunal a confié la garde au "propriétaire". Les enfants vivent désormais avec lui, apparemment en état de servitude. Les deux soeurs ont eu beaucoup de peine à se faire entendre lors de l’audience, puisque ce sont des... femmes.
La Cour d’Appel, saisie dès 1996, ne s’est jamais prononcée.

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