Guerre en Ukraine et droits humains

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, beaucoup d’informations circulent à ce sujet. On te propose donc de faire le point sur la guerre en Ukraine et son impact sur les droits humains.

L’Ukraine, c’est où exactement déjà ?

L’Ukraine est un pays d’Europe de l’Est et le deuxième plus grand pays européen après la Russie en superficie (en excluant pour chaque pays les parties de leur territoire situées en dehors de l’Europe, sinon le Kazakhstan, la Turquie, le Danemark et la France se classeraient avant l’Ukraine).

Elle est 20 fois plus grande que la Belgique et a des frontières avec sept pays : la Russie à l’est, la Biélorussie au nord, la Pologne, la Slovaquie, la Roumanie, et la Hongrie à l’ouest et la Moldavie au sud-ouest. Au sud, elle est bordée par la mer d’Azov et la mer Noire.

Elle fait partie du continent européen, mais pas de l’Union européenne qui ne compte que 27 États membres.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie

Dans la nuit du 24 février 2022, l’armée russe a lancé, sous les ordres du président russe Vladimir Poutine, une opération militaire d’invasion de l’Ukraine. Elle a bombardé les principales villes du pays et a fait entrer en Ukraine ses troupes militaires parquées au nord au Bélarus, à l’est et au sud par la mer noire et la Crimée. À l’heure actuelle, les combats et les bombardements se poursuivent dans plusieurs régions de l’Ukraine.

Pourquoi la Russie a envahi l’Ukraine ?

Il y a 100 ans, la Russie et d’autres pays comme l’Ukraine formaient un très grand territoire qui s’appelait l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques).

En 1991, ce vaste territoire s’est divisé en plusieurs pays dont notamment la Russie et l’Ukraine.

L’Ukraine faisait donc partie de l’URSS jusqu’en 1991, mais elle a acquis son indépendance il y a maintenant 31 ans. La Russie a, toutefois, toujours refusé de la reconnaître.

En 2014, le Louhansk et le Donetsk, deux provinces d’Ukraine très russophones de la région du Donbass, ont déclaré leur indépendance sous l’impulsion de forces pro-russes. L’Ukraine n’a pas reconnu leur indépendance. Des affrontements entre l’armée ukrainienne et l’armée russe ont alors commencé dans cette région. Malgré des accords de paix signés en 2014 et 2015 qui garantissaient une forme d’autonomie aux territoires du Louhansk et du Donetsk, les affrontements se sont poursuivis pendant huit ans.

Quand il a ordonné à l’armée russe d’envahir l’Ukraine en février dernier, Vladimir Poutine a justifié sa décision en disant qu’il voulait « dénazifier  » toute l’Ukraine et la « démilitariser ». Ces arguments semblent absurdes et infondés.

L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe est absolument injustifiable sur la base des raisons avancées par Vladimir Poutine. C’est un acte grave d’agression et un crime de droit international.

Aujourd’hui, Vladimir Poutine semble vouloir s’approprier ce territoire afin d’être plus puissant face aux pays de l’Europe. De plus, l’Ukraine souhaitait rejoindre l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord), une alliance militaire (dont le siège se trouve à Bruxelles) rassemblant 30 pays qui sont des alliés pour maintenir la paix et se défendre, ce que ne veut pas Vladimir Poutine. Ce dernier veut absolument empêcher cela, car il estime que sa sécurité et sa puissance seraient affaiblies si l’Ukraine rejoignait l’OTAN.

La Russie viole de nombreuses règles du droit international humanitaire et des droits humains

Quand des pays sont en guerre, ils doivent respecter un certain nombre de règles, ce que l’on appelle le droit international humanitaire, afin notamment de protéger la population civile, les personnes déplacées, emprisonnées, blessées, malades, de permettre l’acheminement rapide et sans entrave de l’aide humanitaire et de respecter la liberté de circulation du personnel humanitaire.

Dans le cadre de la guerre contre l’Ukraine, la Russie a déjà violé un grand nombre de ces règles et est en train de commettre des crimes de droit international.

Amnesty International a récolté des preuves d’utilisation par la Russie d’armes interdites (comme des bombes à sous-munitions) ou qui frappent sans discrimination (comme des missiles balistiques) et ont déjà tué de nombreuses personnes civiles. Elle recueille également des informations sur les attaques aveugles commises contre des zones et infrastructures civiles, comme des hôpitaux et des écoles, qui sont susceptibles de constituer des crimes de guerre.

Le Amnesty Lab, le service de vérification des preuves d’Amnesty, analyse des centaines d’images (notamment des images satellites) et de vidéos pour fournir des éléments de preuves de violations du droit international humanitaire et du droit international des droits humains, dans le cadre de ce conflit.

La Cour pénale internationale vient également d’ouvrir une enquête sur la situation en Ukraine et commence à recueillir des preuves sur les crimes commis dans le cadre de ce conflit.

Cette récolte de preuves est essentiel afin de permettre de poursuivre toutes les personnes impliquées dans ces crimes et qu’elles soient amenées à rendre des comptes.

La protection des personnes civiles est une priorité absolue en Ukraine

Les menaces qui pèsent sur l’Ukraine à la suite de son invasion par la Russie sont multiples : la vie et la sécurité des personnes civiles sont en danger, les moyens de subsistance et les infrastructures sont attaqués, de graves pénuries alimentaires sont à prévoir et les déplacements de la population sont massifs.

On compte déjà plusieurs milliers de personnes mortes et blessées parmi la population ukrainienne et la destruction de plusieurs infrastructures civiles. Les personnes déplacées internes et les personnes ayant fui le pays se comptent par centaines de milliers et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estime à au moins cinq millions, le nombre de personnes qui risquent de quitter l’Ukraine en raison de la guerre.

Dans son histoire récente, l’Ukraine a connu de nombreux conflits impliquant les troupes russes dans le Donbass (région de l’est de l’Ukraine) et lors de l’annexion illégale par la Russie de la Crimée (péninsule située entre la mer Noire et la mer d’Azov). Ces épisodes ont déjà considérablement déchiré des communautés et des vies, les forces militaires ayant piétiné les droits de la population civile en toute impunité. Le niveau de vie des Ukrainiens et Ukrainiennes a dramatiquement chuté depuis 2014 et leurs droits sociaux économiques ne sont plus respectés.

Amnesty International se mobilise pour recenser et dénoncer les atteintes aux droits humains de la population civile et rappeler que la protection des personnes civiles est une priorité absolue.

L’armée russe collectionne les violations des droits humains

Si on remonte dans le temps, on s’aperçoit que l’armée russe collectionne les violations du droit international humanitaire et des droits humains dans le cadre des conflits armés dans lesquels elle est impliquée. Elle est habituée des violations graves des lois du droit international humanitaire et relatif aux droits humains, en ne cherchant pas à protéger les populations civiles lors des conflits, et en procédant même parfois à des attaques ciblant délibérément des personnes civiles et des biens à caractère civil.

En Tchétchénie, les autorités russes ont délibérément et systématiquement usé de la torture et des mauvais traitements contre des défenseur·e·s des droits humains, journalistes, opposant·e·s et le tout dans une impunité générale.

Dans la région du Donbass, à l’est de l’Ukraine, en 2014 et 2015, au plus fort du conflit armé dans cette région où les forces séparatistes pro-russes s’opposaient aux forces ukrainiennes, tous les camps ont bafoué le droit international humanitaire. Des armes explosives imprécises ont notamment été utilisées dans des zones à forte densité de population, et utilisé dans des maisons. Plus d’un million de personnes ont fui les combats et des milliers de personnes sont mortes.

En Syrie, entre septembre et novembre 2015, Amnesty International a documenté une série de frappes aériennes russes menée dans des zones résidentielles à Homs, Idlib et Alep, qui a causé la mort d’au moins 200 personnes civiles. En 2020, Amnesty International a signalé que l’aviation russe ciblait des écoles et des hôpitaux en Syrie, qui étaient parfois inscrits sur la liste des sites protégés établie par l’Organisation des Nations unies.

Les violations, par la Russie, du droit international humanitaire et relatif aux droits humains ne sont donc pas nouvelles. Amnesty International n’a cessé de se mobiliser pour les dénoncer et faire en sorte qu’elles ne soient pas impunies et elle continue de le faire aujourd’hui, dans le cadre de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Une protection temporaire pour les personnes qui fuient la guerre en Ukraine

Le 3 mars, le Conseil de l’Union européenne a décidé d’activer la Directive de protection temporaire pour la population ukrainienne en fuite, cela signifie que les Ukrainiens et Ukrainiennes qui fuient l’Ukraine et cherchent refuge dans l’Union européenne pourront se voir accorder une protection immédiate dans tous les pays de l’Union européenne. Cette protection temporaire va leur permettre d’obtenir un permis de séjour, d’être en mesure de travailler, de bénéficier d’un logement adapté, et d’un accès à l’aide sociale, à l’assistance médicale et à l’éducation.

C’est une bonne nouvelle que la population ukrainienne en fuite puisse bénéficier d’une telle protection. Toutefois, Amnesty International ainsi que de nombreuses autres organisations appellent les États membres de l’Union européenne à étendre cette protection à toutes les personnes qui fuient le conflit en Ukraine et de ne pas la réserver qu’aux personnes de nationalité ukrainienne fuyant l’Ukraine.

Alors que cette mesure de protection existe depuis 2001, c’est la première fois qu’elle est « activée » c’est-à-dire qu’elle va s’appliquer à des personnes qui fuient un conflit. C’est donc une avancée, mais Amnesty International regrette qu’elle n’ait pas été activée plus tôt dans le cadre d’autres conflits comme en Afghanistan, en Syrie, ou en Libye.

De plus, Amnesty International est préoccupée par les cas de profilage racial qui sont signalés et qui empêchent certaines personnes de quitter ou de traverser l’Ukraine vers l’Europe en raison de leur origine. Toutes les personnes qui fuient la guerre en Ukraine doivent pouvoir trouver un abri et bénéficier d’un passage sûr et légal vers d’autres pays sans discrimination. Ce filtrage discriminatoire est contraire au respect du droit international.

Informe-toi bien face à la désinformation au sujet de cette guerre

En parallèle de la guerre sur le terrain, une véritable guerre de l’information a été lancée, notamment sur les réseaux sociaux.

De nombreuses images et vidéos sont manipulées, truquées, et décontextualisées. Les «  fake news » se multiplient de tous les côtés et sont massivement partagées, sous le coup de l’émotion ou pour pallier le manque d’informations.

Si tu veux en savoir plus sur ce conflit, veille donc à t’informer auprès de sources d’information fiables et à vérifier les informations que tu consultes et partages afin de ne pas te faire piéger par de fausses informations et d’éviter de piéger tes proches à ton tour.

Tu peux par exemple suivre Hugo Décrypte (hugodecrypte) sur Instagram, TikTok, Twitch et YouTube. Hugo Travers est un journaliste franco-britannique qui s’est donné comme mission de rendre l’actualité accessible à tout le monde. Il offre des résumés précis et vérifiés.

Tu peux aussi consulter les informations diffusées par la RTBF et des journaux belges comme Le Soir ou La Libre sur leurs sites web et leurs réseaux sociaux. Le journal français Le Monde produit aussi beaucoup d’informations fiables et approfondies sur la guerre en Ukraine sur son site et ses réseaux sociaux (notamment sur son compte TikTok). Sa rubrique Les décodeurs est particulièrement intéressante car elle a pour objectif de vérifier de manière précise des faits liés à l’actualité, et de communiquer à ce sujet de manière simple et précise. L’équipe des Décodeurs vérifie notamment les rumeurs qui circulent en ligne et a permis de déconstruire de nombreuses fausses informations qui circulent depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Tu peux également consulter les informations diffusées par Conspiracy Watch sur son site web et ses réseaux sociaux. Cet observatoire du conspirationnisme et des théories du complot, traque les fausses informations et les théories du complot de manière générale et en particulier actuellement sur la guerre en Ukraine.

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