« Etrangers dans notre pays » :Les populations indigènes du Brésil

Depuis de nombreuses années, Amnesty International réunit des informations et mène des campagnes sur les violations des droits humains dont sont victimes les populations indigènes du Brésil, leurs chefs et ceux qui les défendent. En 2005, les Indiens continuent à être victimes d’attaques, de massacres, et de toutes sortes de violences et de discriminations, souvent commis en toute impunité. Les gouvernements qui se sont succédé ne se sont pas acquittés de leur obligation de reconnaître pleinement et définitivement les droits des Indiens à la terre, obligation qui leur incombe devant la communauté internationale et en vertu de la constitution du pays. Un sujet de préoccupation est le fait que des voix de plus en plus nombreuses appellent à un retour en arrière sur un grand nombre d’avancées réalisées par les Indiens depuis la mise en œuvre de la constitution brésilienne de 1988.

Les frustrations des Indiens du Brésil se sont manifestées récemment par l’occupation du quartier général pour l’Amazone de la FUNAI, Fundação Nacional do Indio, Fondation nationale indienne, en janvier 2005 à Manaus.

Amnesty International définit plusieurs domaines de préoccupation, dans lesquels l’inaction des autorités expose les Indiens à des violations de leurs droits humains. Le fait que souvent leur droit à la propriété de la terre n’est pas garanti par l’Etat , par la démarcation et la ratification, processus très lent dans le meilleur des cas , a contribué à la poursuite des attaques contre les Indiens et a aggravé la misère économique et sociale dont sont victimes de nombreuses communautés. Dans les zones où le besoin d’apporter aux Indiens et à leurs terres la protection de l’Etat fédéral, les autorités n’ont pris aucune mesure en dépit des avertissements qui leur ont été adressés par des commissions sénatoriales ou par l’Organisation des Etats Américains, comme par exemple dans les cas des Cinta Larga en Rôndonia et des Xukuru dans l’Etat de Pernambouc. L’impunité dont ont bénéficié ceux qui se sont par le passé livrés à des attaques et à des massacres est à la base des violences actuelles .

Pendant des dizaines d’années, les Indiens ont été chassés de leurs terres par la violence exercée par ceux qui cherchaient à s’approprier celles-ci. Cette violence se poursuit aujourd’hui, alimentée par divers intérêts qui sont en compétition et au nombre desquels figurent les entreprises et les prospecteurs, qui cherchent à exploiter les ressources naturelles, les éleveurs de bétail, les propriétaires terriens qui, illégalement ou en toute bonne foi ont acquis des titres de propriété sur les terres des indigènes, les compagnies forestières, et l’armée qui, au nom de la sécurité, cherche à réduire et limiter les territoires indiens dans les régions frontalières. Toutes ces parties intéressées disposent souvent d’importantes capacités de pression économique et politique qu’elles peuvent utiliser afin de retarder ou d’interrompre la résolution des conflits agraires.

Les dirigeants indigènes qui mènent campagne pour accélérer les transferts de propriété terrienne ont reçu des menaces de mort, ont été victimes d’attaques et d’assassinats ; ils n’ont guère reçu de protection de la part de l’Etat et leur droit à des recours efficaces n’a pas été respecté. Pendant la longue période qui s’écoule avant qu’une réponse soit donnée à leurs revendications, les Indiens sont privés de la ressource qui est essentielle à la réalisation de leurs droits économiques, sociaux et culturels : la terre.

Agissez avec Amnesty International, écrivez la lettre suivante au Président Lula :

Exmo. Presidente de República

Federativa do Brasil

Luiz Inácio Lula da Silva

Gabinete do Presidente

Palácio do Planalto

70150-900 - Brasília - DF

Brasil

Exmo. Presidente Luiz Inácio Lula da Silva :

No dia 11 de janeiro de 2003, Marcos Verón, cacique Guarani-Kaiowá de 72 anos, foi espancado até a morte quando tentava reocupar pacificamente a terra de seus ancestrais, Takuara, no Mato Grosso do Sul. Seus assassinos não foram levados à justiça.
Pedimos a Vossa Excelência, que não permita que sua morte se torne mais uma estatística. É preciso acabar com os assassinatos e a violência contra líderes indígenas da mesma forma que é preciso acabar com a impunidade que os perpetuam. Além disso, pedimos que o governo brasileiro cumpra suas obrigações constitucionais e internacionais para com os Guarani-Kaiowá e todos os povos indígenas, garantindo a demarcação e homologação rápida e pacífica das terras que lhes pertencem. Este é um passo imprescindível para a construção de segurança e paz a longo prazo, para os povos indígenas do Brasil e para pôr fim ao temor sofrido por eles ainda hoje, depois de tantos anos de violência.

Texte de la lettre en français

Monsieur le Président de la République,
Le 11 janvier 2003, Marcos Verón, cacique guarani-kaiowá âgé de soixante-douze ans, a été battu à mort alors qu’il tentait pacifiquement de se réinstaller sur les terres ancestrales takuara, dans l’État du Mato Grosso do Sul. Ses meurtriers n’ont pas été traduits en justice.
Nous vous demandons instamment de ne pas permettre que cette mort reste une simple donnée statistique. Les meurtres et la violence à l’égard des dirigeants indigènes doivent cesser, tout comme doit cesser l’impunité qui les perpétue. De plus, je vous demande de veiller à ce que le gouvernement brésilien respecte ses obligations nationales et internationales envers les Guarani-Kaiowá et tous les autres membres de communautés indigènes en procédant de manière pacifique et dans les meilleurs délais à la délimitation et à l’homologation de leurs territoires. Cette étape est essentielle pour établir à long terme la sécurité et la paix pour les populations indigènes du Brésil et pour mettre fin à la peur dans laquelle elles continuent de vivre après tant d’années de violence.

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