2.Dix problèmes de droits humains en Chine

La peine de mort

La Chine exécute chaque année davantage de condamnés que tous les autres pays réunis. Sur la base des informations rendues publiques, Amnesty International a estimé qu’au moins 1010 personnes avaient été exécutées et 2790 condamnées à mort en 2006. Cependant, ces chiffres sont certainement bien en dessous de la réalité. Dernièrement, un juriste chinois a estimé le nombre d’exécutions à environ 8000 par an. Les condamnés sont exécutés d’une balle dans la nuque ou, de plus en plus souvent, par injection létale. Beaucoup des crimes passibles de la peine de mort en Chine – quelque 68 au total – sont des crimes non violents, comme la fraude fiscale, la contrebande et le proxénétisme. En savoir plus

La « rééducation par le travail »

Il s’agit d’une forme de détention infligée sans inculpation ni procès, pour une période pouvant aller jusqu’à quatre ans, et souvent dans des conditions difficiles. La police chinoise l’utilise quand elle estime que l’infraction commise n’est pas suffisamment grave pour relever du droit pénal. La « rééducation par le travail »est souvent utilisée contre des petits délinquants, des détracteurs du gouvernement ou des adeptes de croyances interdites. Prenant pour prétexte les Jeux olympiques, la police de Pékin a étendu le champ d’application de cet type de détention afin de « nettoyer »la ville à l’approche de cet événement.

Le harcèlement des défenseurs des droits humains

Les activités de la société civile se sont développées et renforcées ces dernières années, mais les militants qui contestent des mesures jugées politiquement sensibles ou qui tentent de rallier d’autres personnes à leur cause continuent d’être harcelés. Certains sont emprisonnés, souvent sur des accusations très vagues de « subversion »ou de « divulgation de secrets d’État », tandis que d’autres, prisonniers dans leur propre maison, sont étroitement surveillés par la police. Parmi eux figurent des avocats, des journalistes, des militants du VIH/sida, des défenseurs des droits des travailleurs, des villageois protestant contre la saisie de leurs terres, et des proches de personnes tuées ou mutilées lors de la répression du mouvement prodémocratique de 1989. Il semble que le harcèlement des militants s’intensifie à l’approche des Jeux olympiques. En savoir plus

La répression sur Internet et la liberté des médias

Des centaines de sites Internet sont bloqués ou interdits en Chine. Les résultats des recherches sont filtrés, et de nombreux sites sont censurés, notamment ceux qui contiennent des expressions comme « liberté », « droits de l’homme », « Tibet »ou « Amnesty International ». Des internautes ont été emprisonnés à l’issue de procès inéquitables, souvent sur des accusations très vagues telles de « subversion »ou de « divulgation de secrets d’État ». En Chine, près de 30 journalistes et 50 utilisateurs d’Internet sont derrière les barreaux. Des organisations œuvrant pour la liberté des médias ont qualifié le pays de « premier geôlier de journalistes au monde ». Les journalistes chinois sont confrontés à d’importantes restrictions et à une forte censure, et ceux qui enquêtent sur des sujets jugés politiquement sensibles risquent d’être licenciés, menacés, harcelés ou arrêtés. En savoir plus

Les procès inéquitables

Le système judiciaire chinois est loin de répondre aux normes internationales relatives à l’équité des procès et n’offre pas suffisamment de garanties pour protéger les droits des suspects et des accusés. On peut notamment déplorer l’impossibilité de bénéficier rapidement des services d’un avocat, l’usage persistant de la torture et des mauvais traitements par la police pour obtenir des « aveux », l’utilisation à titre de preuves d’informations arrachées sous la torture, et l’ingérence des milieux politiques dans le système judiciaire. Par ailleurs, l’utilisation persistante de la « rééducation par le travail », qui permet d’emprisonner quelqu’un pendant une période pouvant aller jusqu’à quatre ans sur simple décision de la police, constitue une violation des normes internationales, et notamment du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), que la Chine a signé et qu’elle a déclaré avoir l’intention de ratifier très prochainement.

Les persécutions liées aux croyances

Le gouvernement chinois continue de réprimer les pratiques religieuses non autorisées. Des membres d’églises catholiques non officielles ou d’églises « domestiques »(lieux de prière installés chez des particuliers) protestantes sont régulièrement arrêtés, en violation de leurs droits fondamentaux. Au rang des groupes menacés, on trouve aussi les musulmans de la région autonome ouïghoure du Xinjiang, en particulier ceux que les autorités considèrent comme des extrémistes religieux, ainsi que les membres du mouvement spirituel Fa Lun Gong, qualifié d’organisation hérétique par les autorités et interdit en 1999. Depuis, des milliers de pratiquants du Fa Lun Gong ont été emprisonnés, souvent dans des centres de « rééducation par le travail », mais aussi dans des prisons et des hôpitaux psychiatriques.

La torture

En recul apparent dans certaines zones urbaines, la torture et les mauvais traitements restent toutefois courants en Chine et continuent d’être signalés dans diverses institutions publiques, comme les postes de police, les centres de « rééducation par le travail »et les prisons. Parmi les méthodes couramment utilisées figurent les décharges électriques, la suspension par les bras, les coups de pied, les passages à tabac et la privation de sommeil ou de nourriture. Ces pratiques sont favorisées par les rares contacts des détenus avec le monde extérieur et l’absence de procédures efficaces en matière d’enquête et de traitement des plaintes. Les personnes détenues en raison de leurs opinions politiques, de leurs activités en faveur des droits humains ou de leurs croyances religieuses ou spirituelles sont particulièrement exposées à la torture en détention, en particulier si elles refusent d’abjurer leurs convictions ou d’y renoncer.

Les manifestations de 1989 sur la place Tiananmen

Si beaucoup des manifestants de la place Tiananmen ont maintenant été libérés, plusieurs dizaines d’entre eux se trouveraient toujours derrière les barreaux dix-huit ans après la répression du mouvement prodémocratique de 1989. Le gouvernement chinois continue d’ignorer les appels en faveur d’une enquête exhaustive, indépendante et impartiale sur l’intervention des forces de sécurité, qui avait fait des centaines de morts et de blessés le 4 juin 1989 sur la place Tiananmen et aux alentours. Les restrictions imposées par les autorités aux proches des victimes ont été quelque peu assouplies en juin 2007 afin de leur permettre de porter plus librement le deuil de leurs morts, mais ces familles et les autres personnes qui se battent pour la justice continuent d’être limitées dans leurs activités, et sont notamment surveillées et harcelées par la police. Toute analyse publique des événements du 4 juin 1989 reste interdite dans les journaux, sur les sites Internet et dans les autres médias.

Les violations des droits des travailleurs

La Fédération nationale des syndicats chinois (FNSC), organisme officiel, ne fait souvent rien pour protéger les intérêts de ses membres, et les syndicats indépendants demeurent interdits en Chine. La faiblesse ou le non-versement des salaires, les licenciements massifs, les mauvaises conditions de travail et la corruption des cadres ont entraîné une vague de conflits sociaux, auxquels les autorités ont souvent répondu par des manœuvres d’intimidation voire, dans certains cas, par des arrestations et des condamnations à de longues peines d’emprisonnement. Par rapport aux résidents urbains, les travailleurs migrants de l’intérieur, qui quittent la campagne pour aller travailler en ville, sont toujours victimes d’une discrimination généralisée concernant l’accès à l’emploi, aux soins médicaux et à l’école pour leurs enfants.

Le Xinjiang et le Tibet

La population principalement musulmane de la région autonome ouïghoure du Xinjiang est soumise à une répression sévère. Les autorités chinoises utilisent le prétexte de la lutte contre l’extrémisme religieux pour fermer des mosquées, interdire certains livres et emprisonner des « terroristes, séparatistes et extrémistes religieux »présumés à l’issue de procès inéquitables. Au Tibet, la liberté d’expression, de religion et d’association demeure sévèrement limitée, et des dizaines de prisonniers d’opinion, dont des moines et des nonnes bouddhistes, se trouvent toujours derrière les barreaux.

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