Les travailleurs en Chine dans les média chinois

Dans la mesure que de plus en plus de personnes en Chine et d’ailleurs prennent conscience de la crise à laquelle font face les travailleurs en Chine, une question se pose : comment faire en sorte que les connaissances existantes dans la matière soient traduites en actions dans le but d’améliorer la situation actuelle ?

Le contrôle sur les média en Chine :
Infanticide, contraception et avortement

Il est extrêment difficile d’arriver à une vraie compréhension de la situation réelle concernant les travailleurs en Chine en s’appuyant sur les média chinois.
Comme tout le monde le sait, la Chine continue à être une dictature avec un seul parti politique. En ce qui concerne les autocraties traditionnelles, le but de la censure sur les ouvrages littéraires et sur la presse, est de trouver et de punir les éventuels responsables d’un fait.
Ceci peut être comparé à une sorte d’infanticide.
Par ailleurs, sous une dictature communiste la censure littéraire et celle de la presse sont des mesures préventives lesquelles peuvent être comparées, à son tour, à la contraception. Le gouvernement communiste possède ses propres organisations de censure (dont font partie les départements de propagande à différents niveaux) et emploie des instruments de dictature contre ceux qui ont été déclarés coupables d’avoir publié des opinions contre-révolutionnaires (plus récemment cette inculpation a été modifié en "incitation à la subversion du pouvoir de l’État").
D’autant plus que le gouvernement exerce également le contrôle directe sur l’ensemble des maisons d’édition et les agences médiatiques, et place des personnes de confiance du Parti à la tête de ces organisations pour que ces personnes surveillent leurs activités.

Ainsi, le régime a mis en place une double assurance pour lui-même. Dans ces circonstances, des nouvelles ou des articles qui pourront êtres susceptibles de déplaire au Parti n’ont réellement aucune chance d’atteindre le public. Le peu d’information qui peut passer par les mailles du système de contrôle ne justifiera ni une arrestation ni un emprisonnement.
Habituellement, la discipline du Parti et les sanctions administratives sont appliquées pour gérer ce type de problèmes.
L’invention de l’Internet a posé un sérieux défi aux méthodes de prévention utilisées par la censure. Pour faire face a ce défi, le gouvernement chinois a mis en place le plus important réseau de filtrage des informations sur Internet au monde. D’un côté le système exerce une fonction"contraceptive" (préventive) en filtrant les sites Web qui contiennent des mots "sensibles". Et d’autre côté le système pratique une fonction "d’avortement" (contrôle des destructions) en effaçant des mots et des textes "dangereux" aussitôt qu’il les a détecté.
Malgré toutes ces mesures, l’Internet a élargi le champ de dissémination de nouvelles et d’opinions qui sont désapprouvés par le gouvernement.
Une fois qu’une nouvelle ou un article est publié sur Internet, le gouvernement est forcé de trouver une raison justifiées pour punir l’auteur. Mais, puisqu’il ne peut pas justifier l’application d’une punition pour chaque nouvelle ou article qu’il désapprouve, au bout de compte, le gouvernement est obligé de tolérer un grand nombre d’articles et d’opinions qu’il n’approuve pas, ainsi qu’un grand nombre de journalistes et d’écrivains qu’il déteste. Le tollé de l’opinion publique apparut sur Internet après la mort en détention de Sun Zhigang, qui a finalement abouti à l’abolition du système de détention administrative, est un excellent exemple de l’énorme impact qu’exerce Internet.
Même si le gouvernement chinois a mis en place une solide protection à l’encontre des informations provenant de l’étranger sur Internet et brouille les émissions étrangères, son succès dans le domaine reste limité.

La "réforme en route" et le partage des difficultés.

Il sera juste de dire que presque tout le monde avait bénéficié des réformes économiques qui ont lieu pendant "la lune de miel" qui a précédé 1989, mais depuis la situation a radicalement changé.
Les réformes post-1989 ont généré des énormes divergences d’intérêts qui ont fait que de nombreux travailleurs, en particulier, ceux des entreprises d’État sont devenus le bouc émissaire de la réforme, puisque ces mêmes entreprises ont réduit leurs effectifs dans le but d’augmenter leur efficacité ou tout simplement pour pouvoir survivre.
Les médias officiels (y compris des magazines, les ouvrages destinés au grand public et les séries télévisées) commencent à réaliser des reportages et des séries qui montrent la situation difficile à laquelle font face les travailleurs licenciés, mais en fin du compte ces reportages et séries glorifient les efforts et la préoccupation aimante du Parti et du gouvernement et leur souci de remédier à ces problèmes.

Quelques années auparavant, un essai qui s’est adressé aux problèmes sociaux liés à la période des réformes, a été publié en Chine. Il s’intitule "Partager les difficultés". Cet essai raconte l’histoire d’une entreprise d’État au seuil de la faillite. Il raconte également l’appauvrissement des gens ordinaires, la collusion du pouvoir dans le milieu des nouveaux riches, les différentes violations de la loi et de la discipline, ainsi que la corruption qui secoue la bureaucratie.
Cet essai décrit aussi la victimisation des gens ordinaires qui ont offensé le Parti communiste. Pourtant l’idée principale de l’essai est de dire que les masses populaires en difficulté et les représentants communistes doivent partager sur un pied d’égalité les problèmes. L’auteur souligne que lorsqu’on introduit des réformes, il devient inévitable que les intérêts personnels de certains en sont entravés, mais qu’à la fin, on est tous sur le même bateau et qu’on devrait faire preuve de nos meilleures capacités de compréhension mutuelle, de communication, d’harmonie et de pardon. Être dirigeant implique également des responsabilités et la population lésée a besoin de partager les difficultés avec le pouvoir. Un des personnages de l’essai qui représentent le gouvernement, résume ainsi sa philosophie professionnelle : "En tant que représentant légal du gouvernement, on doit accorder un soin particulier, afin d’éviter des concessions lorsque les masses provoquent des troubles. Cependant si on doit faire des concessions, on doit les faire à un moment choisi du sorte que les masses ne prennent pas l’habitude de provoquer des troubles sous un prétexte quelconque."
De nombreux articles et de reportages de journaux traitent des thèmes à savoir comment les travailleurs licenciés pourront surmonter les difficultés et acquérir l’expérience nécessaire pour réussir dans un nouveau domaine professionnel. Dans ce type de texte, les travailleurs licenciés sont cités ainsi : "Nous devons dépasser la culture de dépendance et nous ne devons plus dépendre de l’État qui s’occupait de nous tout au long de notre vie.
Nous devons nous prendre en charge nous-mêmes. Les travailleurs chinois sont les bâtisseurs de la nation et en tant que tels, ils se doivent de développer un esprit de responsabilité et d’autosuffisance."
Vous pouvez vous imaginez la dérision cachée derrière ces propos.

Le problème même des travailleurs en Chine.

Les média officiels en Chine donnent très rarement des nouvelles des actions de résistance menées par les travailleurs.
Il faut, donc, se tourner vers les média étrangers et vers les sites-web chinois pour avoir des informations sur les actions de résistance des travailleurs chinois.
À la première vue, les demandes des travailleurs chinois sont très modestes. Tout ce qu’ils demandent ce sont des salaires suffisants, des allocations de chômage, des paiements de salaires avec arriérés etc. de toute évidence, le gouvernement chinois fait tous les efforts en vue de trouver des solutions à ces problèmes accompagnés de discussions permanentes à propos des besoins des laissés pour compte et de la mise en place d’un système de sécurité sociale. Mais la vérité est que le problème des travailleurs chinois est de loin plus sérieux et plus complexe.
Prenons, par exemple, les problèmes liés au chômage. Dans une économie de marché il est inévitable que certaines activités économiques ne progressent pas et que certains travailleurs perdent leur travail. En tant que pays en voie de développement, la Chine manque de ressources nécessaires pour assurer un système de sécurité sociale, chose qui est de règle en Occident.
Mais le problème de ne réside pas là-dedans.
Les travailleurs chinois sont totalement conscients que dans une entreprise privée, le directeur a le droit de licencier. Mais si une usine appartient à l’État, le directeur et l’ouvrier sont tous les deux les propriétaires légitimes. En autres termes, personne n’en est le propriétaire. Dans les deux cas, nous pouvons nous poser la question suivante : de quel droit dispose le directeur pour pouvoir licencier l’ouvrier ? Un pays socialiste est une unique et grande entreprise.
Crée par le peuple dans son entité et fondée sur un partenariat commun dans un pays socialiste, les différences entre les directeurs d’usine et les ouvriers, ainsi qu’entre le chef d’État et les citoyens ordinaires, sont simplement des différences liées aux divisions du travail.
Dans la mesure où l’ouvrier ne commet pas de graves erreurs, ce ne sont ni le directeur de l’usine, ni le Premier ministre qui aura le droit de cesser le paiement des salaires ou de le licencier. Nous sommes entièrement d’accord avec le fait que l’économie chinoise a besoin de réformes et que ces réformes ont leur prix. Le point crucial du problème est de savoir qui en paiera le prix. Et plus précisément, qui sera le premier à en payer le prix. Dans la mesure où le vieux système a été mis en place unilatéralement par le Parti communiste, le prix des réformes devrait être payé d’abord par ce même parti. Le Parti communiste devrait porter la responsabilité et démissionner. Ou accepter la mise en place d’un système de vérification et d’ajustement, ainsi que d’une supervision et d’un contrôle exercés par le peuple.
Au lieu de cela le parti a mis le poids des effets désastreux de ces politiques antérieures sur le dos du peuple qui normalement ne devrait pas en porter la responsabilité.
En plus, le Parti a profité des réformes pour accumuler des avantages par des moyens illégaux et par détournements des biens de l’État lesquels ont été acquis après des années de dur labeur par les travailleurs chinois.
Il est inévitable que dans cette situation-là, les gens se sentent trahis et résistent. Ce qui provoque une répression brutale de la part du régime communiste.

Y a t il quelque chose de plus injuste ?

Un essai publié sur Internet précise que le gouvernement montre une inquiétude pour les "grands désavantagés". Ceci est censé détourner l’attention du peuple et ainsi le gouvernement peut continuer à esquiver la responsabilité qui lui encourt. Le fait est que les personnes pensionnées et les personnes licenciées ont perdu leur situation non à cause d’une faute qu’ils ont commise ou à cause d’autres raisons justifiées. Ils sont devenus indigents à cause du fait que le gouvernement a détruit la sécurité de leur travail. Dans le passé, le Parti communiste avait établi un système de revenus bas et obligeait les travailleurs à payer des contributions sociales élevées (y compris pour un fond destiné à la construction de logement).
Puisque le gouvernement a illégalement saisi ces biens, il devrait payer une compensation. À la place, il ose nous parler de son inquiétude !
Si les demandes des travailleurs restent modestes, c’est uniquement parce qu’ils craignent les représailles du gouvernement (en réalité, même les plus modestes des revendications provoquent de la répression).
De plus en plus de travailleurs prennent conscience des privations qu’ils doivent subir et que les soit disont réformes en Chine sont en réalité un mensonge éhonté et justifier par une dictature brutale.
De nombreuses personnes disent : "Nous ne pourrons rien y faire". Nombreux sont ceux qui disent que si 1989 était advenu un an plus tard, les travailleurs se seraient soulevés et le mouvement démocratique aurait eu un autre sort.
Ceci est l’essence du problème des travailleurs en Chine.

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