Interview avec Han Dong Fang

« Si les travailleurs chinois avaient droit à la parole, ce serait profitable aux travailleurs du monde entier »

Bruxelles, lundi 28 juin (la CISL en ligne) Alors que la Chine est au cœur des préoccupations mondiales en raison notamment des délocalisations dont elle bénéficie, Han Dong Fang(*), célèbre militant pour les droits des travailleurs basé à Hong Kong, aborde la situation des travailleurs chinois, les possibilités de les défendre, l’impact des violations des droits fondamentaux en Chine sur la main-d’œuvre mondiale. Il revient aussi sur sa période de détention

La Chine est devenue membre de l’OMC en 2001. Qu’est-ce que cette admission a changé pour les travailleurs chinois ?

L’impact est moins évident pour les travailleurs chinois que pour ceux des pays occidentaux, où l’on voit clairement que cette admission a mené à des pertes d’emploi. La Chine produit à des coûts très bas et n’offre aucune possibilité aux travailleurs de s’organiser, raisons pour lesquelles elle attire les investissements. Son admission au sein de l’OMC n’a pas d’effet négatif direct sur les travailleurs chinois, mais elle a accéléré la faillite d’entreprises d’Etat. Pendant tout ce processus, les travailleurs n’ont rien à dire, ils n’ont aucun pouvoir de négociation, même lorsque ces entreprises d’Etat ferment.

De nombreux salaires ne sont pas payés à temps en Chine. Pour quelle raison ?

Dans les entreprises d’Etat, les faillites, les retards de paiement des salaires sont dus principalement à une mauvaise gestion. Si les entreprises d’Etat ne font pas de profits, c’est à cause de la corruption, et non à cause du marché comme le disent les autorités ou les gestionnaires de ces entreprises. Ces gestionnaires sont engagés par des responsables des gouvernements locaux, mais la première chose à laquelle ils pensent est de faire du profit pour eux-mêmes et pour les responsables qui les ont désignés. C’est la raison pour laquelle les entreprises d’Etat meurent les unes après les autres alors que dans le même temps, leurs gestionnaires et les hauts fonctionnaires des autorités locales deviennent millionnaires. Les faillites sont directement provoquées par l’enrichissement personnel de ces personnes.

Le paiement des salaires subit-il moins de retard dans les entreprises privées ?

Les violations des droits des travailleurs sont un désastre partout en Chine. Un grand nombre d’entreprises d’Etat sont privatisées, les travailleurs perdent du même coup leur pension, leur sécurité sociale, etc. Le gouvernement a pour objectif de privatiser toutes les entreprises d’Etat, il pense que ça les rendra parfaites, ce qui n’est pas le cas. Nous sommes en présence d’un gouvernement communiste qui croit que les privatisations résoudront tous les problèmes ! Le fait que les travailleurs sont dépourvus de pouvoir de négociation rend ces privatisations encore pires.

Quelle est la situation des travailleurs dans les entreprises étrangères établies en Chine ?

Leurs profits sont plus importants que ceux des entreprises d’Etat car elles produisent essentiellement pour l’exportation. Le plus gros problème auquel sont confrontés les travailleurs de ces entreprises est celui de la longueur des journées de travail. Ils sont facilement exploitables car ils proviennent souvent de régions lointaines, ils n’ont pas de famille dans la ville où ils travaillent, leurs droits ne sont pas protégés de la même façon que ceux des travailleurs locaux. Ils craignent de protester, même lorsque leur employeur les contraint à travailler par exemple dix heures par jour, sept jours sur sept.

Les conditions de travail dans beaucoup d’usines à capitaux étrangers sont horribles. Par exemple, ces dernières années, de plus en plus de travailleurs de la bijouterie de la province de Guangdong (la région la plus prospère de Chine du Sud) ont contracté la silicose, une maladie incurable qui peut tuer une personne après quelques années. Très souvent, ces travailleurs ont contracté cette maladie professionnelle parce qu’il n’y a pas de système de ventilation dans leurs usines et parce qu’ils ne reçoivent pas de masque de protection (2). Lorsque la silicose est diagnostiquée par le contrôle médical de l’entreprise, l’employeur cache la vérité aux travailleurs, il les licencie en leur disant qu’ils souffrent d’une autre maladie, comme la tuberculose (ces deux maladies ont des symptômes similaires au début de leur développement). Lorsque les travailleurs demandent de l’aide des autorités ou des syndicats appartenant à l’Etat, ceux-ci essaient de ne pas se mêler du conflit au lieu de soutenir les travailleurs, car la prospérité d’une ville dépend du volume d’investissement étranger.

Quel est le salaire des travailleurs ?

Dans la région de Shenzhen, le salaire minimum est d’environ 490 yuans (environ 50 euros) par mois. Ce salaire correspond à une occupation de 8 heures par jour, 5,5 jours par semaine, mais beaucoup d’entreprises qui contraignent leurs employés à travailler 10 heures par jour, 7 jours sur 7, paient à peine plus que ce salaire minimum. Dans les régions plus reculées de la Chine, par exemple au Nord-Ouest, ce salaire minimum est moindre, parfois la moitié de celui d’une zone comme Shenzhen.

Des entreprises sont-elles créées dans ces régions reculées ?

Il n’y en a pas encore beaucoup car les moyens de transport ne sont pas bons. Le gouvernement essaie de promouvoir l’investissement dans ces régions et certains investisseurs, notamment de Hong Kong, les explorent pour y développer du business. Ca crée un risque de délocalisation à l’intérieur même de la Chine, et non seulement des pays occidentaux vers la Chine : des travailleurs de la province du Guangdong perdent leur emploi car leurs entreprises sont parties dans le Nord ou le Nord-Ouest où elles peuvent produire pour moins cher. Comme les travailleurs n’ont aucun pouvoir de négociation, le capital peut aller où il veut.

Devrait-on décourager les investissements étrangers en Chine ?

Nous ne sommes pas contre des déplacements d’investissements à l’intérieur de la Chine, ni contre les investissements étrangers car cela crée des opportunités d’emploi. Les investisseurs cherchent toujours une main-d’œuvre moins chère, mais en Chine, ils trouvent des travailleurs dépourvus de dignité car ils n’ont aucun pouvoir de négociation. C’est ce qui rend la main-d’œuvre si bon marché. S’ils avaient la possibilité de négocier avec les investisseurs, ils obtiendraient un niveau décent de salaires. Ce serait profitable au monde entier car l’accession de la Chine au sein de l’OMC a eu des conséquences négatives pour les travailleurs de nombreux autres pays, qui sont confrontés à la concurrence d’une gigantesque main-d’oeuvre chinoise bon marché puisque dépourvue de possibilité de négocier. Les aider en ce sens est notre façon d’apporter notre solidarité au mouvement syndical international. Si les travailleurs chinois avaient le droit de se défendre, leur vie s’en trouverait améliorée, et il y aurait plus d’équilibre vis-à-vis du reste de la main-d’œuvre mondiale.

Notre lutte pour que les travailleurs chinois puissent s’organiser n’est pas une lutte contre les investissements étrangers. Nous savons que ça ne recréera pas les emplois perdus dans les pays occidentaux, mais il existe d’autres manières de contribuer à la solidarité syndicale internationale. Notre manière est d’augmenter le pouvoir de la main-d’œuvre chinoise. Ca permet d’améliorer la qualité de vie de travailleurs dépourvus jusqu’ici de dignité.

Mais si nous laissons les choses se dérouler en Chine de la façon dont l’OMC le souhaite, cela va mener à des salaires encore plus bas, à une réduction de la sécurité sociale, des pensions, des soins de santé. Si on laisse l’OMC promouvoir en Chine de meilleures opportunités de business sans développement sur le plan social, ça pourrait amener à terme à une société sans plans de pension, sans soins de santé. Que deviendrait un pays de 1,4 milliards d’habitants dont une grande majorité n’aurait pas accès aux soins de santé ? Ce serait dangereux pour les autres pays également, car une épidémie comme le Sars ne s’arrête pas aux frontières de la Chine ! C’est pour ce genre de raisons que nous affirmons que si l’OMCne tient pas mieux compte des préoccupations sociales, elle adopte une attitude à court terme qui est très irresponsable.

Vous animez une émission sur Radio Free Asia, une radio basée à Hong Kong, où les auditeurs peuvent s’exprimer en appelant un numéro de téléphone gratuit. Comment se déroule cette émission ?

C’est un numéro que le auditeurs peuvent appeler pour exprimer à l’antenne ce qu’ils vivent. Ca permet à des habitants de la Chine situés à des milliers de kilomètres l’un de l’autre de comprendre qu’ils ne sont pas les seuls à vivre tel ou tel type d’exploitation, que ce problème est partagé par toute la main-d’œuvre chinoise. Le but principal est de donner une chance aux auditeurs de s’exprimer, de temps à autre je leur donne un conseil s’ils le demandent, mais le principe est de les laisser parler le plus possible. J’essaie de mener la conversation pour amener les auditeurs à comprendre qu’ils doivent se rassembler, car l’existence de lois ne suffit pas à les protéger.

Ces émissions mènent-elles à des améliorations concrètes ?

Lorsque l’émission est terminée, si les personnes qui se sont confiées le désirent, nous pouvons les aider par des conseils juridiques. Le China Labour Bulletin (1) peut aussi les mettre en contact avec un bon avocat d’une autre ville que la leur. Il vaut mieux que cet avocat ne soit pas de la même région parce qu’un avocat a besoin d’une licence qui est renouvelée chaque année par les autorités locales. Si un avocat défend un travailleur exploité par une entreprise publique, il met les autorités locales en difficulté et risque fort de ne plus recevoir sa licence l’année suivante. Idem si l’employeur est une entreprise privée, car les patrons du privé ont généralement de bonnes connections avec les autorités locales, qui accuseront alors l’avocat de nuire au développement économique de la région.

Par exemple, le China Labour Bulletin a offert une assistance juridique à six des dix travailleurs accusés de « destruction intentionnelle de biens » lors de deux grèves qui impliquaient des milliers de travailleurs dans les usines Xing Xiong et Xing Ang détenues par l’entreprise taiwanaise Stella International, respectivement les 21 et 23 avril 2004. Des heures de travail excessives, des bas salaires, des retards fréquents dans le paiement des salaires et la piètre qualité des repas fournis par les cantines des usines avaient mené à ces protestations. Les peines prononcées à l’encontre des travailleurs, qui allaient jusqu’à trois ans et demi, ont finalement été réduites à neuf mois et suspendues pour un an par la cour d’appel le 31 décembre 2004. Trois travailleurs mineurs ont aussi été libérés et leur peine de prison a été annulée (3).

Les autorités locales de différentes régions ne se communiquent pas les noms des avocats qui défendent les travailleurs ?

Non. Elles sont toutes des pièces d’un système mais elles ne collaborent pas. C’est pour ça que la Chine va si mal, que le système s’effondre. Elles sont toutes d’accord pour interdire la liberté d’association, mais n’iront pas jusqu’à coopérer ensemble via des actions très pratiques comme se communiquer les noms de ces avocats.

Comment des travailleurs si pauvres peuvent-ils payer les services et le transport d’un avocat ?

C’est difficile, mais c’est leur seule chance de se défendre. Le China Labour Bulletin leur suggère de partager les frais entre tous les travailleurs d’une usine. Ca permet de faire valoir ses droits et de reconstruire une solidarité entre travailleurs.

Ont-ils une chance de gagner une affaire en Justice ?

Souvent, les travailleurs qui vont en Justice mènent en même temps des actions de protestation dans les rues car ils pensent que ça accélèrera le règlement de leur cas. Le China Labour Bulletin ne leur conseille pas de manifester, de bloquer les rues. Nous nous limitons à les conseiller sur le plan juridique.

Il est difficile d’estimer leurs chances de victoire devant un tribunal. Si vous attaquez une entreprise d’Etat, c’est comme si vous attaquiez les autorités locales, et en général le juge rejettera la plainte. Vous pouvez ensuite aller en appel auprès d’une cour plus élevée qui, souvent, rejettera la plainte elle aussi. Nous continuons toutefois à conseiller aux travailleurs d’aller en Justice : même s’ils n’obtiendront sans doute rien dans l’immédiat par cette voie. Mais si de plus en plus de travailleurs venant de plus en plus d’usines agissent en Justice, la pression augmentera sur les tribunaux et nous espérons qu’à terme, cette pression les obligera à prendre en compte les plaintes des travailleurs.

Le gouvernement chinois n’essaie pas d’interdire votre émission sur Radio Free Asia ?

Il ne peut pas : il sait qu’il y a énormément de travailleurs dans des situations désespérées qui n’ont aucun autre endroit public où s’exprimer. Entre 20 et 30 millions de personnes réparties dans toute la Chine écoutent nos émissions. Ceux qui appellent le numéro gratuit peuvent le faire d’une cabine téléphonique publique s’ils le veulent. Notre bureau est situé à Hong Kong, qui bénéficie toujours du principe « un pays, deux systèmes ». Si le gouvernement nous interdisait d’émettre, il s’exposerait à une réaction très négative de la communauté internationale. Je crois aussi que le gouvernement chinois nous déteste moins que celui de Hong Kong car nous conseillons aux travailleurs d’engager des actions légales plutôt que de descendre dans la rue.

De nombreuses grèves ont lieu chaque année en Chine. Certaines sont réprimées, d’autre pas. Certains critères permettent-ils d’évaluer à l’avance un risque plus élevé de répression ?

On ne peut prédire si une grève sera réprimée ou non : il n’existe pas, au sein du système, une idée précise de la façon de procéder en cas de grève. Nous continuons à conseiller aux travailleurs de se limiter aux actions légales mais, parfois, ils ont plus d’expérience que nous, ils savent que s’ils bloquent les rues pendant un jour ou deux, ils gênent les autorités locales et auront plus de chances d’obtenir une réponse de ces autorités. Ceci montre que le régime réagit d’une très mauvaise façon, en donnant l’impression aux gens qu’ils n’obtiendront ce qu’ils souhaitent qu’en bloquant les rues, et pas en utilisant la voie légale. C’est pour ça que de plus en plus de travailleurs protestent via des grèves, des actions dans la rue.

Peut-il exister une collaboration entre Radio Free Asia et la seule fédération syndicale tolérée (et contrôlée) par le régime chinois, l’ACFTU (4) ?

L’ACFTU a deux attitudes en cas de protestation des travailleurs : ne rien faire ou aider le gouvernement à gérer la situation, parfois en envoyant ses propres gens parmi les travailleurs pour identifier les meneurs, rapporter leurs noms à la police afin de les arrêter.

Par ailleurs, beaucoup de syndicats membres de l’ACFTU au niveau des entreprises ont disparu, surtout depuis les vagues de privatisation des entreprises d’Etat. Leurs représentants se retrouvent alors sans emploi, comme tous les autres travailleurs. Certains obtiennent un autre emploi grâce à leurs fonctions au sein de l’ACFTU.

Le gouvernement chinois a beaucoup de politiques très critiquables : répressions au Tibet, absence de droits des travailleurs, mauvaise gestion des privatisations, etc. Existe-t-il une chance de voir ce gouvernement évoluer dans un sens meilleur ?

Je ne le pense pas. C’est un gouvernement qui détruit, pas un gouvernement qui construit. La seule chose qu’il construit, c’est son pouvoir, son armée. Il croit que son pouvoir ne peut être garanti que par ses militaires. A la longue, cette théorie ne fonctionnera pas car la seule façon pour ce régime d’être stable est de mieux développer l’économie. La plus grande faiblesse du Parti communiste est qu’il ne sait pas comment gérer une économie, une société, un développement durable. Je ne dis pas que ces dirigeants doivent nécessairement s’en aller, mais ils doivent à tout le moins apprendre vite.

Comment avez-vous tenu le coup lors de votre emprisonnement après les événements de la Place Tienanmen ? Avez-vous subi des violences physiques ?

Je n’ai pas été frappé, mais ils m’ont délibérément placé dans une cellule où j’allais contracter la tuberculose. Dans un premier temps, je me suis remémoré les héros communistes qui nous avaient été présentées en modèle à l’école, des héros qui avaient parfois donné leur vie pour que nous « vivions plus heureux ». En entendant les enseignants nous raconter tout ça, je regrettais parfois de ne pas avoir l’occasion d’être un héros moi aussi... et quelque part, lors des premiers jours de mon emprisonnement, je me faisais la réflexion que je cela pourrait finalement m’arriver, que j’allais réaliser mon rêve d’enfance de lutter contre un gouvernement tout puissant !

Ceci dit, en dehors de cette vision « romantique » de l’emprisonnement, il faut souligner la pression énorme que l’on ressent. On ne sait vraiment pas ce qui va se passer l’heure suivante, je m’attendais à être exécuté à tout moment. Je m’étais rendu à la police car je préférais mourir dignement que les laisser me capturer. Puis, après un ou deux mois, j’ai compris qu’ils n’allaient pas m’assassiner. J’ai envisagé une très longue peine de prison, et dès lors ma priorité a été de préserver ma santé autant que possible. Je pensais que je serais condamné à une peine de 20 ans, que je serais alors transféré dans une prison où je pourrais lire, écrire, ...

Le soutien international m’a aidé à tenir le coup. Sans la pression de la CISL, des syndicats nationaux, de l’OIT, des diplomates et des organisations de défense des droits humains, je pourrais être mort à l’heure actuelle, d’autant que ma santé était très mauvaise en prison. J’ai heureusement reçu l’aide de l’affiliée américaine de la CISL, l’AFL-CIO, pour être soigné à ma sortie de prison.

Etiez-vous au courant du soutien international durant cette détention ?

Je n’en étais pas certain, mais je me doutais qu’il y avait ce soutien car avant le 4 juin 1989, il y avait beaucoup d’attention internationale autour de la place Tienanmen. C’était un soutien très très important pour moi, dans cette cellule, de savoir que des pressions internationales essayaient d’obtenir ma libération. Chaque jour, je ne voyais que les murs de ma cellule, il n’y avait qu’une toute petite fenêtre à travers laquelle je ne pouvais rien voir, même pas une feuille d’arbre qui pousse. Sans cet espoir lié aux pressions de la communauté internationale, il est très facile de s’effondrer.

Mon expérience en prison me pousse à exhorter les syndicats internationaux, les organisations de défense de droits humains à continuer leurs campagnes pour la libération de prisonniers, à écrire au gouvernement chinois pour lui faire savoir leurs préoccupations.

Ceci dit, les travailleurs chinois ne doivent pas compter sur le seul soutien de la communauté internationale. Nous devons nous organiser de façon interne pour créer des points de relais sur lesquels la pression internationale peut s’appuyer.

Propos recueillis par Samuel Grumiau.

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