Colombie : les droits humains doivent être une priorité pour les candidats de la campagne électorale 29 avril 2010

Amnesty International a exhorté les candidats à l’élection présidentielle de Colombie à faire des droits humains une priorité de première importance pour le scrutin du 30 mai.

Le candidat indépendant Antanas Mockus et l’ancien ministre de la Défense Juan Manuel Santos font partie des principaux candidats en lice pour succéder au président Álvaro Uribe.

« Il est choquant que, dans un pays où les droits humains sont régulièrement bafoués par les différentes parties au conflit armé qui sévit depuis 45 ans, cette question n’ait pas eu la priorité qu’elle méritait », a déclaré Susan Lee, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.

Soucieux de placer les droits humains au premier rang des préoccupations lors de ce scrutin, les participants à la campagne nationale et internationale pour le droit de défendre les droits humains et les membres de l’organisation Medios para la Paz, deux organisations de la société civile, ont invité les candidats à la vice-présidence à prendre part à un débat sur les droits humains qui se tiendra le 5 mai à Bogotá, en Colombie.

Amnesty International a d’autre part condamné le fait qu’aucune des parties – qu’il s’agisse de groupes de guérilla, de paramilitaires ou des forces de sécurité – n’a protégé les civils des conséquences du conflit sur le plan des droits humains, ni respecté leur droit de ne pas se laisser entraîner dans les hostilités.

Le gouvernement actuel du président Álvaro Uribe a été critiqué pour son « refus obstiné et absurde de reconnaître l’existence d’un conflit armé » et sa persistance à nier que « la Colombie continue de souffrir de graves problèmes dans le domaine des droits humains et de l’humanitaire ».

« Chaque année, des centaines de milliers de civils sont forcés de quitter leur foyer en raison du conflit ; de nombreux autres sont menacés, enlevés, tués ou victimes de disparition forcée, » a déclaré Susan Lee.

« La situation des populations indigènes, des Afro-Colombiens et des communautés de petits fermiers, ainsi que celle des défenseurs des droits humains, sont particulièrement précaires. Nous avons besoin de savoir le plus rapidement possible ce que le nouveau président pense faire pour y remédier. »

Malgré quelques avancées dans certaines enquêtes judiciaires fortement médiatisées sur des atteintes aux droits humains, l’impunité demeure la règle et la plupart des auteurs présumés n’ont jamais été identifiés, et encore moins jugés et condamnés.

« La triste vérité est que la grande majorité des auteurs d’atteintes aux droits humains continuent à échapper à la justice, tandis que beaucoup de personnes qui se sont impliquées dans des enquêtes importantes où l’on a constaté quelques avancées – avocats, procureurs, juges, témoins – sont régulièrement menacées ou tuées. »

« Le nouveau gouvernement doit savoir clairement ce qu’il va faire pour que les victimes et leurs familles obtiennent la justice qu’elles méritent. »

« Nous espérons que tous les candidats déclareront sans ambiguïté que, s’ils sont élus, ils auront la volonté politique de mettre fin à ces décennies d’atteintes aux droits humains et de surmonter l’obstacle endémique et honteux de l’impunité, grâce auquel ces violences se poursuivent encore à ce jour », a déclaré Susan Lee.

Si aucun des candidats n’obtient plus de 50 % des suffrages lors du scrutin de mai, un second tour aura lieu en juin. Le nouveau gouvernement entrera en fonction en août.

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