Impunité en Colombie : Human Rights Watch tire la sonnette d’alarme

Human Rights Watch (HRW) a tiré jeudi la sonnette d’alarme concernant l’obstruction des enquêtes menées en Colombie sur les crimes des paramilitaires, dénonçant l’attitude du gouvernement d’Alvaro Uribe, qui pourrait perpétuer "le pouvoir des mafias".

"Si le gouvernement d’Uribe continue sur ce chemin, il est probable que les énormes efforts des tribunaux et procureurs colombiens pour enquêter sur les complices des paramilitaires n’arrivent pas à casser le pouvoir des mafias", dénonce l’organisation de défense des droits de l’Homme dans un rapport de quelque 150 pages sur les crimes des paramilitaires en Colombie présenté jeudi à Bogota.

Auparavant, l’ONG énumère une liste d’attitudes jugées "inquiétantes" du gouvernement : attaques contre la Cour suprême et ses membres, opposition à des réformes du Congrès destinées à éliminer l’influence sur les élus des paramilitaires, soutien à des réformes constitutionnelles qui élimineraient la compétence de la Cour suprême pour des affaires impliquant politiques et paramilitaires.

"Les progrès réalisés pourraient se perdre et, en fait, il n’est pas impossible que cela soit déjà en cours", écrit HRW.

Les groupes paramilitaires sont apparus en Colombie pour défendre les terres contre les guérillas des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc - marxiste) ou de l’Armée de libération nationale (ELN - guévariste).
Les groupes d’extrême droite seraient responsables de 13.000 assassinats commis entre 1996 et 2004, selon la Commission colombienne de juristes.

Le gouvernement d’Alvaro Uribe, élu en 2002, se félicite d’avoir obtenu la démobilisation de plus de 30.000 de leurs combattants. Ses opposants l’accusent de chercher à bloquer les enquêtes démontrant les liens entre ces groupes, l’armée et la classe politique, en particulier 60 parlementaires de la coalition gouvernementale.

HRW recommande dans son rapport que la Cour pénale internationale puisse superviser les enquêtes sur les crimes des paramilitaires.

L’ONG demande également aux élus américains de ne pas ratifier de traité de libre échange avec la Colombie (TLC) tant que des "résultats concrets et constants" de ces enquêtes n’ont pas été constatés.

(Source : Agence AFP-16 octobre 2008)

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