Crise humanitaire à Gaza : point de passage de Rafah

Beaucoup de changements au cours du mois écoulé. Depuis la prise de contrôle de la Bande de Gaza par le Hamas, et le resserrement des frontières qui s’en est suivi, la question des points de passage de Gaza est devenue encore plus cruciale. Une action soutenue est nécessaire pour tenter de prévenir une détérioration encore plus importante de la situation humanitaire dans la bande de Gaza.

Le 21 mai dernier il était signalé que le mandat de la mission européenne d’assistance aux frontières serait prolongé d’un an, permettant la poursuite du monitoring européen au point de passage de Rafah.
Cependant le 15 juin, après la prise de contrôle de Gaza , le Hamas a annoncé son intention de prendre le contrôle du point de passage de Rafah. Les membres du Hamas ont remplacé les membres de la garde présidentielle du président Abbas, qui avaient collaboré précédemment avec la mission européenne pour mettre en œuvre « L‘Accord sur les mouvements et accès ». Les membres du Hamas ont également remplacé les membres de la garde présidentielle à tous les points de passages de biens ( qui sont tous entre Israël et la Bande de Gaza.)
Il n’est pas sûr qu’Israël ou l’UE acceptent la situation nouvelle et travaillent en coordination avec le Hamas pour ouvrir le point de passage de Rafah. Cela ne semble pas être le cas jusqu’à présent , Israël ayant annoncé que les points de passage resteraient fermés jusqu’à nouvel ordre. Depuis cette annonce, il n’y a eu qu’un nombre limité d’ouvertures des points de passage et ce de manière sporadique et limitée. Il n’est pas sûr non plus que le Hamas accepte que des membres de la garde présidentielle retournent aux points de passage.
Le seul point de passage pour les personnes entre Gaza et le monde extérieur – Rafah – n’a pas été ouvert depuis le 9 juin 2007 , avec de rares exceptions pour de petits groupes de Palestiniens qui étaient bloqués en Egypte et à qui on a permis de regagner leur domicile. Le principal point de passage pour les biens reliant Gaza au monde extérieur, le point de passage de Karni, a été fermé le 12 juin 2007 : il a été réouvert le 28 juin de manière limitée pour une « période d’essai », et cela reste incertain pour le futur.
Les Palestiniens de Gaza sont totalement piégés, incapables de quitter Gaza. Cela comprend aussi bien des centaines de personnes malades ou blessées qui nécessitent une assistance médicale de l’étranger. Et aussi quelques centaines de personnes ( y compris des enfants) qui, craignant des attaques de représailles, se sont réfugiées au point de passage d’Erez depuis la cessation des combats entre factions, et ce dans des conditions de vie épouvantables, et toujours dans la peur. ( Une attaque de représailles par des militants du Hamas contre des militants du Fatah et des forces de sécurité a causé la mort d’un membre des forces de sécurité et en a blessé 17 autres le 18 juin 20007 à Erez.)
Malgré cela, la majorité de ceux qui se sont réfugiés à Erez n’ont pas pu se rendre en Cisjordanie. L’armée israélienne ne permet pas aux habitants de Gaza de se rendre en Cisjordanie. (Il ne leur est pas permis de transiter par Israël via Erez, mais de plus il ne leur est pas permis d’entrer en Cisjordanie venant de quelque autre origine). Il est interdit aux habitants de Gaza qui veulent fuir les violences et rejoindre des parents en Cisjordanie de le faire.
Pendant ce temps, plusieurs milliers de Palestiniens sont bloqués en Egypte ( au point de passage de Rafah et des villes du Nord Sinaï). Beaucoup sont des malades ayant reçu des soins au Caire. Selon Rula Khalafawi, porte-parole de UNRWA au Caire, un millier sont bloqués à Rafah, sans possibilité de trouver de logements dans des villes égyptiennes proches. Selon Rula Khalafawi, « ils ont peur de quitter la frontière, au cas où celle-ci s’ouvrirait, et de plus n’ont pas les moyens de payer un hotel. Ils sont livrés à eux-mêmes dans le désert ».
Une Palestinienne, qui avait reçu un traitement pour son cancer en Egypte, est morte le 1er juillet 2007 à Rafah, après que son état se soit détérioré soudainement. Elle attendait avec des milliers d’autres pour pouvoir rentrer à Gaza.
Durant l’été 2006, le resserrement de Rafah a entraîné la mort de 4 personnes ( une dame âgée, une jeune femme, un enfant et un bébé) qui attendaient pour rentrer à Gaza.
De plus, avec la limitation des opérations à Karni, l’état de l’économie – déjà dévastée – ne peut qu’empirer. Les autorités israéliennes ont fait allusion à la possibilité d’utiliser deux plus petits points de passage – Sufa et Kerem Shalom - pour fournir les denrées de base, plutôt que de rouvrir Karni.
Le directeur d’Oxfam International, Jeremy Hobbs, déclarait récemment que la fermeture de Karni causerait un désastre pour la santé, si cela empêchait les compagnies de fournir l’équipement pour traiter l’eau ainsi que des médicaments. D’autres organisations humanitaires lancent aussi un cri d’alarme . Il est crucial que le point de Karni soit complètement opérationnel sur une base permanente et fiable.
Les restrictions aux mouvements des personnes et des biens ne font que s’amplifier et et l’impact sur les conditions socio-économique des 1,5 millions d’habitants est désastreux.
Le but de cette action est de rappeler aux autorités israéliennes et à la communauté internationale que les droits fondamentaux de la population des territoires occupés ne doivent pas être sacrifiés ou tenus en otages de considérations politiques.

Préoccupations d’AI.
AI continue à se préoccuper de l’immense impact social et économique des restrictions de fermetures des points de passage . Cela dénie aux Palestiniens le droit de faire les pas décisifs leur permettant d’atteindre un standard décent de vie en construisant une économie viable. Le port ainsi que l’aéroport de Gaza restent fermés. Les discussions sur les convois de bus et camions n’ont fait aucun progrès en ce qui concerne le passage des personnes et des biens entre les deux régions. La situation socio-économique est désastreuse, sépare des familles et ruine l’éducation et l’emploi ;
Ai continue à se préoccuper de l’impact humanitaire de ces fermetures, notamment les problèmes de santé.
Les fermetures et les délais d’attente affectent les palestiniens nécessitant des soins médicaux en-dehors de Gaza. Les conséquences sont particulièrement sévères suite aux récents heurts entre Fatah et Hamas, qui ont blessé des centaines de personnes et ont miné la capacité des hopitaux de Gaza de faire face à un tel afflux. Dèjà avant ces heurts, les hopitaux manquaient d’équipements et de formation qui leur auraient permis de faire face aux demandes. De plus certains hopitaux ont été endommagés au cours des récents combats. C’est la population civile qui est le plus affectée par cette situation, particulièrement les plus pauvres et les plus faibles, qui constituent la majorité de la population.
De plus, beaucoup d’anciens membres des forces de sécurité du Fatah courent le risque d’attaques de représailles de la part de militants du Hamas. Il devrait leur être permis de quitter Gaza.
Toutes les parties concernées – principalement les autorités israéliennes mais aussi l’Autorité palestinienne et les autorités égyptiennes – ont le devoir de prendre les mesures nécessaires pour s’assurer que la population de la bande de Gaza puisse jouir de son droit de vivre un standard décent de santé physique et mentale, et qu’elle ne soit pas soumise à quelque forme que ce soit de punition collective pour faire pression sur les leaders du Hamas.

Liens utiles : voir document joint au bas de cet article.

Recommandations d’AI.

Ai demande aux autorités israéliennes :
 de rencontrer leurs obligations au regard du droit humanitaire et de la législation internationale relative aux droits humains en levant les restrictions inutiles, disproportionnées et arbitraires mises aux mouvements des personnes et des biens vers et en-dehors de Gaza, notamment :
 de s’assurer que quelque soit l’arrangement pris pour le passage des personnes et des biens, cela soit fait dans le respect des droits humains de la population palestinienne.
 De mettre fin à la fermeture des points de passage pour les Palestiniens et pour les biens vers et en-dehors de la bande de Gaza, de lever toutes les restrictions aux mouvements des personnes et des biens qui constituent une punition collective, de faire tous les efforts qui permettraient une vie aussi normale que possible pour les Palestiniens de la bande de Gaza, et dans le reste des territoires occupés.
 De permettre la liberté de mouvement des palestiniens à l’intérieur des territoires occupés, notamment entre la bande de Gaza et la Cisjordanie.
 De s’assurer qu’aucune restriction des mouvements des Palestiniens et des biens ne soit imposés à moins que cela ne soit dû à une menace pour la sécurité, qu’elle ne soit pas discriminatoire, que l’impact soit proportionné et pour une durée limitée.
 De s’assurer que si des restrictions sont prises, elles ne fassent pas obstacle à la liberté de mouvement, ou ne violent le droit à un standard adéquat de vie, comprenant l’alimentation, le logement et l’habillement. Ces restrictions ne doivent pas non plus violer les droits humains fondamentaux des Palestiniens, comme le droit au travail , à l’éducation et au plus haut standard possible de santé .

AI demande aussi

 aux autorités égyptiennes et à l’autorité palestinienne et au gouvernement d’urgence de rencontrer leurs obligations en vertu de la législation internationale relative aux droits humains et de travailler de manière constructive pour enlever tous les obstacles et prévoir des arrangements facilitant le passage des personnes et des biens vers et en-dehors de la bande de Gaza, en conformité avec cette législation internationale ;
 Au leader du Hamas, de travailler de manière constructive pour lever tous les obstacles et prendrer les arrangements nécessaires pour le passage des personnes et des biens vers et en-dehors de la bande de Gaza .


Exemple de lettre à adresser aux autorités :

AUTORITES ISRAELIENNES :

Your Excellency or
Dear (Prime) Minister or
Dear Mr …

I write you to urge you

 To meet your obligations under international humanitarian and human rights law, including by lifting the unnecessary, disproportionate and arbitrary restrictions currently placed on the movement of Palestinians and of goods in and out of the Gaza Strip. Notably :
 To ensure that whatever arrangement is made for passage of people and of goods in and out of the Gaza Strip it should be one that respects the human rights of the Palestinian population.
 To end the prolonged closures of the crossings for Palestinians and for merchandise in and out of the Gaza strip, lift all restrictions on the movement of persons and goods which constitute collective punishment and to make every effort to enable as normal a life as possible for the Palestinians in the Gaza Strip, as well as in the rest of the Occupied Palestinian Territories.
 To allow freedom of movement for Palestininans within the OPT, notably between the West Bank and Gaza Strip.
 To ensure that no restrictions on the movement of Palestinians and goods are imposed unless they relate to a specific security threat, are non-discriminatory and proportionate in impact, and are of limited duration.
 To ensure that if restrictions are imposed they do not obstruct freedom of movement, or violate the right to an adequate standard of living - including adequate food, clothing and housing. Restrictions also must not violate other human rights of Palestinians’, including their right to work, to education and to the highest attainable standard of health.

Yours faithfully.


AUTORITES EGYPTIENNES ET AUTORITE PALESTINIENNE et GOUVERNEMENT D’URGENCE

Your Excellency or
Dear (Prime) Minister or

I write you to urge you to meet your obligations under international human rights law and work constructively to remove all obstacles and effect an arrangement for the passage of persons and goods into and out of the Gaza Strip in line with such law.

Yours faithfully.


HAMAS
Dear Mr,

I write you to urge you to work constructively to remove all obstacles and effect an arrangement for the passage of persons and goods into and out of the Gaza Strip

Yours faithfully.

Adresses : voir le document joint en bas de cet article ("Autorités")

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit